L’embolisation (du Grec « embolos » : ce qui occlus, et de « embollein » : entrer dedans, insérer), est une intervention médicale qui consiste à boucher volontairement un vaisseau sanguin.
Elle est réalisée à l'unité d'embolisation par des équipes de radiologues interventionnels particulièrement expérimentés dans le cathétérisme super sélectif et l’embolisation.
Par une simple piqûre dans l’artère fémorale, qui est la « porte d’entrée » classique, le radiologue introduit de fins tuyaux (cathéters) qu’il fait progresser jusqu’à la région du corps qui est visée.
Dans ce cathéter, il peut ensuite injecter du matériel d’occlusion et réaliser ce qu’on appelle une embolisation.
Elle peut être réalisée quand les vaisseaux sont anormaux (anévrysmes, fistules artério-veineuses, malformations vasculaires), quand ils sont responsables d’une hémorragie interne (l’embolisation peut être réalisée en urgence), ou même en conjonction avec une injection ciblée de chimiothérapie pour certains cas de cancers (on appelle cela une « chimioembolisation »).
On peut « viser » spécifiquement un vaisseau dans une partie précise du corps, depuis le cerveau jusqu’aux pieds, car théoriquement tous les vaisseaux sont accessibles, à quelques exceptions près.
L’utérus est un organe particulier, essentiellement composé de muscle.
Des parties de ce muscle peuvent se dérégler et grandir sous forme de petits nodules, progressivement, au point de former des masses : les fibromes.
Les fibromes sont rarement uniques ; il y en a généralement plusieurs, de tailles différentes.
Les artères de l’utérus sont distribuées dans la paroi sous forme d’un réseau richement connecté, comme les rues d’une ville par exemple.
Quand un fibrome se développe, il repousse ce réseau autour de lui, et ne dispose pour vivre que d’un réseau périphérique (un « ring ») duquel partent des artères vers le centre du fibrome.
Cette richesse de la vascularisation rend la chirurgie des fibromes particulièrement hémorragique et implique un risque d’hystérectomie (enlèvement total de l’utérus) en urgence.
Lors de l’embolisation, le radiologue injecte des microbilles (faites en matière synthétique, sans toxicité pour l’organisme), directement dans les artères de l’utérus, ce qui bloque toute circulation sanguine.
Mais cet effet n’est que temporaire, le sang trouvant assez vite des voies de dérivation (des itinéraires « bis ») au sein du riche réseau utérin.
Pendant cette pause circulatoire, l’oxygène manque mais les cellules de l’utérus sont capables de continuer à fonctionner.
Les cellules des fibromes, par contre, en cas de manque d’oxygène, meurent.
Lorsque la circulation se rétablit, les fibromes sont déjà du tissu mort, qui va être « nettoyé » lentement par l’organisme (globules blancs).
Le blocage (temporaire) de la circulation va s’accompagner de douleurs du ventre qui sont le résultat logique du manque d’oxygène de l’utérus.
Ces douleurs sont contrôlées par l’équipe d’anesthésie, le plus généralement par une anesthésie épidurale, ou par des anti-douleurs intra-veineux, selon les cas.
Si une partie du fibrome est suffisamment proche de la cavité de l’utérus, de petits morceaux de tissu mort peuvent être éliminés progressivement, ce qui se traduit par des pertes vaginales.
Si le fibrome est de gros volume, il est recommandé de prévoir une chirurgie le même jour que l’embolisation, afin de minimiser les risques d’évènements indésirables (douleurs persistantes de longue durée, pertes vaginales, température et syndrome inflammatoire).
L’avantage essentiel de la chirurgie est qu’à ce moment, on ne doit plus craindre une hémorragie, la circulation étant temporairement bloquée grâce à l’embolisation.
Par la suite, l’embolisation fera disparaître les fibromes restants.
Il est important de noter que l’embolisation peut être au besoin répétée, en cas de récidive de fibromes (la récidive ne se déclare en général que plusieurs années plus tard, sauf si la ménopause intervient entre temps).
On peut donc aujourd’hui proposer aux femmes de conserver leur utérus, en couplant l’embolisation à la chirurgie ou en ayant recours à l’embolisation seule, en fonction des cas.
Cette approche représente une évolution majeure dans la prise en charge des fibromes utérins.
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