Le docteur Annie Drowart a exercé la pneumologie pendant onze ans à l’hôpital Erasme. Depuis 1997, elle travaille à l’hôpital Brugmann où elle est devenue chef de clinique de l’Unité de soins continus et palliatifs (Papyrus). Dans sa vie privée, elle est mariée et maman de deux filles.
En entamant sa première année d’études de médecine, Annie Drowart avait l’intention de devenir vétérinaire. «Mais très rapidement, j’ai réalisé que je ne me voyais pas accoucher des vaches et que les canaris ou les poissons rouges risquaient de ne pas me passionner très longtemps. J’ai donc poursuivi des études de médecine. Je n’ai jamais regretté mon choix car j’ai bien trouvé ma place dans ma profession.» C’est pendant les stages que la vocation de pneumologue s’est fait sentir. «Parmi les différentes disciplines de la médecine interne, je trouvais que la pneumologie permettait de faire à la fois des examens techniques et des démarches diagnostiques intéressantes. Le professeur Yernault, qui était à l’époque le chef de service du département de pneumologie à Erasme, m’a donné l’envie de faire la pneumologie.» Pendant sa spécialisation, le Dr Drowart a également fait de la recherche dans le cadre de la Fondation Erasme. Reconnue pneumologue le 1er avril 1992, elle passait sa thèse en novembre 1993, laquelle concernait l’étude des réactions immunitaires humorales induites par les antigènes du complexe 85 de M. Bovis BCG dans la tuberculose et la lèpre. Au fil des ans, elle s’est spécialisée dans le cancer bronchique et la tuberculose, un choix lui permettant de garder un équilibre: «le cancer bronchique a un pronostic très sombre à partir du moment où le patient n’est plus opérable - environ 75% des patients au moment du diagnostic - et l’espérance de vie du patient est souvent inférieure à un an. Par contre, les patients atteints de tuberculose guérissent pratiquement toujours».
L’arrivée à Brugman
En 1989, Annie Drowart commençait à travailler dans le cadre de l’oncologie thoracique. Dès le début de son activité, la spécialiste s’est donc intéressée aux soins palliatifs, même si, à l’époque, on ne parlait pas encore de soins palliatifs. «Déjà, dans ma formation comme post-graduée, j’avais un tropisme pour l’oncologie. Dès ce moment, je me suis intéressée à la douleur des patients et à leur fin de vie. J’ai toujours pratiqué des soins continus et palliatifs: en effet, la continuité des soins pour le patient entre le moment de son diagnostic et celui de son décès m’a toujours semblée essentielle.» Le 1er novembre 1997, le Dr Drowart venait travailler en tant que pneumologue à l’hôpital Brugmann, tout en gardant une activité à Erasme. «Arrivée à Brugmann, le Pr Noseda, qui est mon chef de service en ce qui concerne la pneumologie, connaissait mon intérêt pour les soins palliatifs. C’est ainsi qu’il m’a demandé de m’occuper plus spécifiquement de la douleur et de la fin de vie des patients présentant une affection respiratoire telle que la BPCO ou le cancer bronchique.» En 2003, afin d’officialiser sa formation, la spécialiste a entamé un DES1 en soins continus et palliatifs qu’elle a terminé en 2005. Sous la direction du Pr Van Vooren, elle a défendu un mémoire intitulé La BPCO, une histoire de soins continus. «Une unité de soins palliatifs et continus devait s’ouvrir à l’Hôpital Brugmann. Vu ma bonne connaissance de l’institution, ma formation en cours et mon parcours universitaire, les professeurs Casimir et Desir m’on proposé de m’occuper de ce nouveau service.» C’est ainsi que, depuis octobre 2004, le Dr Drowart est chef de clinique de l’Unité de soins continus et palliatifs (Papyrus) de l’hôpital Brugmann. Cette unité permet d’offrir une approche pluridisciplinaire en vue d’accompagner les patients et leurs familles faisant face aux conséquences d’une maladie grave évoluant, à plus ou moins brève échéance, vers la fin de la vie. Papyrus comprend une unité résidentielle de soins continus (8 lits sur le site Horta) et une équipe mobile qui se déplace sur les trois sites de l’institution (Victor Horta, Paul Brien et Reine Astrid). Au sein de l’unité, des médecins, infirmières, psychologues, travailleur social, ergothérapeute, kinésithérapeute mènent à bien ce travail d’accompagnement et offrent des soins adaptés aux besoins spécifiques des personnes atteintes d’une maladie grave. Aujourd’hui, le travail de la spécialiste se répartit en un mi-temps consacré à la pneumologie, plus spécifiquement en oncologie thoracique et en tuberculose. Elle consacre un deuxième mi-temps à son unité de soins palliatifs et continus où elle assure la gestion du service, supervise l’unité fixe de huit lits et participe à l’activité de l’équipe mobile tout en la coordonnant.
La vie de famille
Le mari du Dr Drowart est licencié en lettres et en journalisme. Deux filles âgées de 7 et 12 ans complètent la vie de famille. Ces deux enfants sont le résultat d’un choix que la pneumologue a été amenée à faire en cours de carrière. «Au début de ma formation, il n’y avait pas encore beaucoup de femmes en milieu universitaire qui occupaient un poste d’adjoint ou de chef de clinique. A Erasme, en pneumologie, j’ai été la première résidente à être nommée. Pour une femme, il n’est pas toujours facile de trouver sa place dans un monde d’hommes fait par des hommes. La femme doit souvent travailler plus et mieux pour aspirer à un poste égal. A un moment donné, j’ai fait clairement le choix d’avoir des enfants et de ne pas continuer à faire de la recherche en milieu universitaire, car il était impossible de concilier les deux. Je ne regrette pas ce choix.» Annie Drowart est certainement bien placée pour attirer l’attention sur les difficultés que rencontrent les femmes médecins lorsqu’elles souhaitent fonder une famille. «Au niveau des institutions, le fait de vouloir avoir des enfants peut encore être mal ressenti. Cela pose problème. Pourtant, le fait d’avoir des enfants est un droit. Lorsqu’une infirmière est enceinte, elle est écartée. Je ne dis pas qu’il faut en arriver là en ce qui concerne les femmes médecins, mais un aménagement est nécessaire, car le temps de la grossesse est une période oùl’on est plus fatiguée, plus fragile et où le travail s’avère parfois beaucoup plus lourd à assumer.»
Lourdeur administrative et manque de temps
Dans son travail, la pneumologue constate que les familles des patients sont nettement plus présentes et demandent davantage de renseignements. «Au début de ma formation, le médecin était sur un piédestal. Les choses ont changé et c’est une belle avancée. Il y a un droit du patient qui est tout à fait légitime. Malheureusement, nous manquons de temps: avoir un échange avec la famille d’un parent malade demande parfois de lui consacrer une heure de notre temps. Il est très difficile de trouver ce temps. Quand on dit qu’il y a pléthore de médecins, je me demande bien où. Dans les institutions hospitalières, on engage de plus en plus de généralistes car il manque de spécialistes pour faire le travail.» Dans le même sens, Annie Drowart déplore la charge administrative de plus en plus lourde, laquelle grève le travail et empêche de passer suffisamment de temps au chevet du patient. «Qu’il s’agisse des traitements, des médicaments, des hospitalisations, il nous faut tout justifier. C’est vraiment très lourd. Mais ce travail doit être réalisé dans l’intérêt du patient et de l’institution.»
Auteur : Colette Barbier
Source : Le Journal du Médecin
(n°
1809 du 26/01/2007) - ©Lejournaldumedecin.com