Depuis sa création en 2003, le SMUR du site Paul Brien s'est affirmé comme un acteur majeur de l'aide médicale d'urgence à Bruxelles. Rencontre avec Yves Maule, infirmier en chef et Olivier Vermylen, médecin coordinateur.
Dans le petit bâtiment préfabriqué qui sert de repaire aux "smuristes", Yves Maule, infirmier en chef du service des urgences et du service mobile d'urgence (SMUR) et le Dr Olivier Vermylen, coordinateur SMUR, justifient bien le terme de "binôme". Ce dernier s'applique aux équipes qui répondent aux appels du centre 100 de Bruxelles, pour des situations présumées d'urgence vitale. S'ils s'expriment chacun à leur tour, c'est d'une seule voix qu'ils parlent de ce service pas comme les autres, dont ils sont les pères fondateurs.
Un service encore jeune
Yves Maule et Olivier Vermylen étaient
déjà présents, sous l 'autorité du
Dr Staroukine, lorsque le CHU Brugmann
a été chargé d'initier une sixième fonction SMUR sur le territoire de Bruxelles
Capitale, et sur le site de Brien en particulier. Situé en zone urbaine densément
peuplée, il est aussi proche des grandes
voies de circulation. Dernier-né, il a pu utiliser l'expérience des autres SMUR pour
s'organiser d'emblée dans une structure
et des procédures très professionnelles.
Le personnel médical et infirmier, trié sur
le volet, s'est imposé la formation et la discipline nécessaires à la pratique de la
médecine pré-hospitalière. Le nombre
de missions effectuées par an a plus que doublé par rapport aux débuts. Le SMUR
est aujourd'hui au maximum de ses possibilités avec plus de 2.600 missions par
an et jusque 12 interventions par jour.
Le progrès comme une obsession
La qualité de la prise en charge reste la
grande priorité d'Yves Maule et Olivier
Vermylen. "Nous sommes tous les deux
très intéressés par l'évolution de la
médecine pré-hospitalière et donc très
attentifs aux nouvelles procédures et
aux améliorations techniques", explique
Yves Maule. "Nous participons aussi à plusieurs études d'efficacité sur des
sujets comme le massage cardiaque
automatique en continu et l'induction
rapide d'une hypothermie dans les cas
d'arrêt cardio-respiratoire récupéré."
Pour que cette exigence et ces compétences soient partagées par toute l'équipe,
chaque mission du SMUR fait l'objet
d'un rapport écrit médical et infirmier et,
si nécessaire, d'un débriefing complet en présence de l'équipe. "Cette procédure
vaut aussi pour les smuristes qui sont là depuis cinq ans. Ainsi toute l'équipe peut
apprendre à partir des erreurs commises, et tout le monde connaît les dernières instructions sur les prises en charge",
précise Yves Maule.
Instruments et techniques de pointe
"Les procédures de prise en charge évoluent et s'affinent", ajoute Olivier Vermeylen. "Depuis 2 ans, nous sommes par exemple en mesure de garantir quasi en permanence, 24 heures sur 24, un accès direct à la reperméabilisation coronaire en cas de menace d'infarctus myocardique de moins de 3 heures. Grâce à une collaboration serrée avec nos cardiologues, les Drs Castro et Tran, piliers du service de cardiologie invasive du CHU Brugmann, nous parvenons le plus souvent à empêcher l'infarctus de s'installer. De même, en cas d'accident vasculaire cérébral très récent, nous disposons d'un accès immédiat à la "stroke unit" où un traitement thrombolytique peut être envisagé, avec une guérison à la clé."
Un service pas comme les autres
Cette mise à niveau quotidienne fait suite, pour les médecins, à une période de formation de quelques semaines: "le nouvel arrivant (médecin ou infirmier) se contente d'abord d'accompagner pour regarder. Il est ensuite placé en première ligne, avec un smuriste expérimenté à ses côtés, prêt à le soutenir en cas de besoin. Ce n'est qu'après plusieurs missions dans ces conditions, et seulement s'il se sent à l'aise, qu'il sortira en binôme traditionnel". Cette phase s'accompagne évidemment d'une formation plus traditionnelle à la cartographie, aux instruments embarqués et aux particularités de la prise en charge pré-hospitalière (voir encadré). Pour les infirmier(e)s, il y a en plus une formation au pilotage du véhicule, puisque c'est le membre infirmier du binôme qui a toujours le volant. Soulignons encore que pour ces derniers, l'activité SMUR suppose une année de spécialisation SIAMU après le graduat en soins infirmiers, mais aussi une expérience de deux ans au moins de travail au service des Urgences. Les débuts peuvent être difficiles, puisqu'il faut se familiariser à la fois avec le véhicule, les gestes techniques, et des procédures très précises. Mais médecins et infirmiers qui font partie de l'équipe du SMUR partagent un même enthousiasme. C'est peut-être là que se trouve la recette de la réussite!
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
16, septembre-novembre 2009)