Selon la loi, le Comité d'éthique doit valider tout protocole d'étude concernant des êtres humains. Il a aussi une fonction d'aide aux équipes soignantes, qui peuvent se tourner vers lui lorsque la prise en charge d'un patient soulève des questions d'ordre moral, qui ne peuvent être résolues par des arguments médicaux.
La plupart des demandes adressées aux Comités d'éthique (CE) du CHU Brugmann et de l'HUDERF concernent des études cliniques. Leur avis positif est une condition sine qua non pour tester un médicament ou une technique sur des êtres humains.
Droit de veto
L'HUDERF reçoit en général 30à 40 demandes d'études par an, et le
CHU Brugmann entre 60 et 80. Chaque
demande est étudiée par le CE, puis une
réponse est apportée – soit un oui qui
permet le démarrage direct de l'étude,
soit une demande d'éclaircissements,
voire de modification de certains aspects
de l'étude. "Nous avons un jour reçu une demande pour une étude qui prévoyait
de faire deux biopsies du foie chez des
patients souffrant de cirrhose", raconte
le Dr Joseph Valsamis, président du
Comité d'éthique du CHU Brugmann.
"Pour nous, le risque d'hémorragie lié à cette procédure très invasive était trop élevé. Nous avons contacté la firme qui
a trouvé d'autres paramètres à contrôler à la place de la deuxième biopsie." Les firmes pharmaceutiques, confrontées au
veto du CE, sont en général de bonne
volonté et il n'y a, au final, qu'un, voire
deux refus définitifs par an pour des études.
L'équilibre entre risques et bénéfices
Les critères sur lesquels les CE se basent pour évaluer les études cliniques ne sont pas très compliqués à énoncer… en théorie. Le premier est celui de l'équilibre entre bénéfices et risques: une expérience étant par définition une exploration de l'inconnu, il y a forcément un danger pour le patient. Une étude ne sera conforme à l'éthique que si le bénéfice que l'on cherche à obtenir en menant l'expérience est suffisamment grand, et suffisamment proche, pour justifier ce risque. D'autres considérations entrent en jeu: la bénévolence (l'étude doit être réalisée pour le bien du patient ou du groupe auquel il appartient), la justice et la valeur scientifique de l'étude
Prise en charge spécifique
"À l'HUDERF, nous vérifions aussi que
les enfants vont être pris en charge de
manière spécifique", explique le Dr José Groswasser. "Des techniques développées dans le but de diminuer leur douleur ou leur peur existent, et elles doivent être utilisées autant que faire se peut."
Tous ces éléments sont pesés par le
comité de manière collégiale lors d'une
rencontre mensuelle. S'il y a beaucoup
de dossiers à examiner, ceux-ci peuvent être distribués à des rapporteurs qui en
feront une étude approfondie.
Demandes ad hoc et aide à la prise de décisions
Les études cliniques représentent la plus
grande partie du travail du CE, mais elles
n'occupent pas toujours la première
place des discussions qui se déroulent pendant les réunions. Les comités
peuvent être saisis par n'importe quel
membre du personnel pour répondre à des questions éthiques auxquelles
les équipes sur le terrain ont parfois du
mal à répondre. Ces questions peuvent
porter sur la méthodologie de la pratique
médicale, ou sur des cas particuliers.
Dans ce cas, la réponse du CE sera spécifique, mais pourra servir à déterminer
une ligne de conduite plus globale de
l'hôpital.
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
17, décembre 2009-février 2010)