Depuis la mise en activité en 2003 d’une fonction SMUR et l’arrivée de nouveaux médecins, les activités de l’hôpital général connaissent une croissance rapide. Le réaménagement architectural du site Brien est désormais en marche. La pose de la première pierre d’une nouvelle aile Elie Lambotte, parallèlement à l’extension du bâtiment existant (aile Louis Seutin), dotera d’ici 2012 le complexe hospitalier d’infrastructures à la fois modernes, mieux adaptées aux exigences techniques et d’hébergement en matière de médecine critique (urgences, SMUR, Unité de soins intensifs), d’un nouveau quartier opératoire, ainsi que de nouvelles unités de soins. Extension et reconstruction qui se feront sans augmentation du nombre de lits.
«Quand on lance un chantier comme celui-ci, on participe à un grand objectif de cohésion sociale», a souligné Charles Picqué, venu poser la première pierre, vendredi 4 juin, des nouveaux bâtiments Elie Lambotte et Louis Seutin sur le seul site hospitalier sur le territoire de Schaerbeek, 7e commune du pays en densité de population. Et le Ministre-Président du gouvernement bruxellois de rappeler à cet égard que les infrastructures hospitalières publiques incarnent la solidarité et un lieu de vie et de recours important auxquels s’adressent la population locale et les laissés-pour-compte de notre société, et que par conséquent, l’hôpital public occupe une fonction et une place essentielles dans la Région. D’autant qu’en plus des phénomènes de précarisation propres à toutes les grandes villes, la région de Bruxelles-Capitale va elle-même connaître dans les années à venir un boom démographique important: selon les dernières prévisions, Bruxelles devrait compter près de 1,2 millions d’habitants dès 2018, ce qui représente un défi important. Ce nouvel hôpital Brien en est une réponse et anticipation rendue possible grâce à une collaboration entre différents niveaux de pouvoirs qui ont tous pris conscience de la nécessité de travailler ensemble: les institutions bruxelloises qui participent au financement du réseau IRIS, le Fédéral qui cofinance avec la Région les projets de rénovation ou de construction des hôpitaux, et les communes qui sont les actionnaires des hôpitaux publics.
Le budget global de cette restructuration est, à ce jour, estimé à près de 20 millions d'euros hors TVA et frais d’études. Somme qui a été dégagée du montant prévu pour le projet de construction de Brugmann/Huderf, dont 10% à charge de la CoCom (niveau régional) et le restant à charge de l'autorité fédérale. On notera que le projet s'inscrit dans un projet plus vaste de refonte générale du site puisque le CPAS de Schaerbeek y construit une nouvelle maison de repos et de soins et qu'un nouveau Poste avancé du Service Incendie et d'Aide médicale urgente sera fonctionnel pour renforcer la couverture de protection au Nord-Est de Bruxelles, ainsi que l’a souligné le ministre bruxellois francophone de la Santé, Benoît Cerexhe. Par ailleurs, le site Brien fait la part belle aux lits de gériatrie.
Modernisation et extension du pôle de médecine critique
Son extension et reconstruction marquent en tout cas l’aboutissement d’un effort très significatif. «On ne construit pas un nouvel hôpital comme on construit une maison, insiste Daniel Désir, directeur général médical du CHU Brugmann. C’est un cycle qui prend au minimum 5 ans, depuis les plans initiaux jusqu’au moment où on va enfin pouvoir couper le ruban, mais c’est indispensable parce qu’un hôpital, par définition, cela doit évoluer. Un de mes copains, chef de service, proposait de répondre au personnel se plaignant que leur hôpital est toujours en travaux, qu’il y en a qui ne sont pas en travaux et qui sont facilement visitables, par exemple à Kinshasa, mais ce n’est pas nécessairement un signe de bonne santé!».
Le futur complexe hospitalier ne comptera pas plus de lits pour autant. L’heure n’est plus aujourd’hui à augmenter la capacité en lits exploités sur le site. Par contre, les conditions d’exploitation devraient s’en trouver nettement améliorées car, avec le même parc de lits, il y aura plus d’espace pour la chirurgie ambulatoire et les consultations. «La fonction de l’hôpital ambulatoire va s’en trouver renforcée avec, en plus, une modernisation des soins intensifs (nouvelle USI de 12 lits), et un point très important dans un quartier populaire comme celui-ci, une modernisation des urgences, nous précise le Dr Daniel Désir. Ceci dit, on ne peut pas faire des miracles avec les mètres carrés qu’on a et c’est tout à fait insuffisant par rapport à une fréquentation des urgences qui a littéralement explosé. Pour Brugmann dans son ensemble, on est passé en dix ans de 40.000 à 55.000 passages par an et à peu près deux cinquièmes des passages aux urgences se font sur le site Brien: le nombre de sorties SMUR n’a cessé d’y augmenter depuis son agrément en 2003, comptabilisant près de 2.700 sorties l’an passé. Et comme on attend à Bruxelles une augmentation très significative de la population (+ 20 % sur une petite décennie), il est indispensable d’avoir des services de proximité car la desserte en transports publics n’est pas fameuse en attendant la construction dans les prochaines années d’une nouvelle ligne de métro Nord-Sud qui passera dans les parages».
Auteur : Thierry Goorden
Source : Le Journal du Médecin
(n°
2090 du 15/06/2010) - ©Lejournaldumedecin.com
Réaménagement architectural du site Brien : pose de la première pierre.