Pour les maladies dites « de société », il est souvent difficile d'amener les personnes vers les programmes de soins. Ceci concerne des situations aussi variées que la surcharge pondérale, la perte d’audition chez des personnes exposées au vacarme de lecteurs MP3, l’usage problématique de boissons alcoolisées, ou l’automédication en cas de difficultés à trouver le sommeil. La première raison, surtout à un stade précoce, est le sentiment de ne pas être concerné par le problème. Lorsque la situation s’aggrave, la personne est souvent incapable de bien mesurer ce qui lui arrive et reste fréquemment réticente à demander de l’aide, soit qu’elle ne se sente pas prête au changement, soit qu’elle ne soit pas informée des modalités de soins disponibles, soit qu’elle ait peur d’être en quelque sorte stigmatisée. Les problèmes d’addiction sont les prototypes d’affections de ce type, où la marge entre la sécurité et le danger est franchie sans que le sujet en prenne réellement conscience. La situation de la consommation d’alcool ou de cannabis est particulièrement éclairante dans ce domaine.
Une manière traditionnelle d’amener ces patients vers des structures de soins consiste à mettre en place des campagnes d’information au travers des médias et du corps médical. Bien qu’utiles, de telles mesures n’ont toutefois qu’un impact limité sur les sujets qui n’ont pas encore conscience d’avoir des difficultés.
Plus récemment, l’utilisation de moyens de communication modernes comme Internet est apparue comme une nouvelle et prometteuse manière d’aborder de tels problèmes. En particulier, elle a démontré son intérêt dans des domaines comme la consommation d’alcool ou de cannabis. Le principe est d’amener progressivement des sujets vers des processus de changement en leur donnant accès, à leur rythme, à de l’information évoluant vers une sensibilisation puis vers des modules de self-help les menant enfin, quand ils en font le choix, vers un contact direct avec un thérapeute. Il est aussi possible par ce moyen de mettre en place des forums de discussion, soit avec des équipes de soin, soit avec d’autres patients.
Le service de Psychiatrie et de Psychologie Médicale du CHU Brugmann a développé depuis des décennies une expertise reconnue dans le domaine des assuétudes. Des programmes spécifiques pour patients alcooliques et toxicomanes aux drogues dures existent de longue date. Plus récemment, nous avons mis en place des modules d’évaluation et de traitement dans le domaine du tabagisme et de la consommation de cannabis. Outre notre intérêt pour ces assuétudes « traditionnelles » mettant en jeu la prise de produits psychotropes, nous avons développé la Clinique du Jeu Pathologique Dostoïevski qui s’adresse, comme son nom l’indique, à des personnes ayant des problèmes liés aux jeux d’argent, mais aussi à des sujets, parfois très jeunes, présentant une cyberdépendance.
Nous franchissons maintenant une étape supplémentaire en mettant à la disposition des joueurs pathologiques et de leurs proches un site Internet complet et interactif leur donnant accès à des informations, mais aussi à un programme de self-help en ligne. Cette initiative est une première en Belgique. Le site et toutes ses fonctionnalités sont accessibles librement à toute personne intéressée, et cela sans qu’elle ait à divulguer son identité. Une première étape consiste à fournir des informations sur la problématique du jeu pathologique. A la fin de cette étape, il est proposé à la personne de tester sa situation personnelle au travers d'un questionnaire donnant lieu à un score de gravité. Le patient a ensuite accès à différents modules thérapeutiques qui lui permettent de découvrir toutes les interactions de sa pratique du jeu avec l’ensemble des composantes de sa vie. Une réflexion est ensuite induite sur la nécessité de changement et aide chaque patient de manière personnalisée à mettre en place les aspects concrets de ce changement. Le programme peut être poursuivi sans limite de temps et peut mener à une interaction directe avec un thérapeute, soit via Internet, soit en face-à-face. Le dispositif mis en place est également mis à disposition des familles et des soignants concernés par la problématique du jeu. Il est prévu que cet outil de traitement par Internet soit régulièrement amélioré et mis à jour et puisse trouver très prochainement des applications complémentaires comme la prise en charge de la cyberdépendance.
Cet outil a été développé de manière indépendante par le Laboratoire de Psychologie Médicale et d'Addictologie attaché à l'Université Libre de Bruxelles, en partenariat avec le CHU Brugmann et avec le soutien du FNRS et de la Loterie Nationale. Il est disponible en français et en néerlandais via l’adresse stopjeu.cliniquedujeu.be. Il comprend 6 parties abordant des thèmes spécifiques comme la motivation, la préparation au changement, le changement et la prévention des rechutes. Chaque thème est abordé sous forme d’exercices pratiques visant à faire travailler le joueur sans avoir recours directement à un thérapeute.
Lieu : Auditoire Pelc (bâtiment Ha, au coin des avenues Stiénon et Rommelaere), CHU Brugmann site
Horta
Date : Mercredi 06/06/2012 de 11h30 à
14h
Renseignements : Clinique du jeu pathologique Dostoïevski - Tél. 32 (0)2 477.27.16 - E-mail : cliniquedujeu@chu-brugmann.be