Tablettes, programmes informatiques, caméra infrarouge: la technologie
s’invite à l’hôpital pour améliorer la prise en charge des patients.
Zoom sur les plus-values offertes par ces nouveaux outils.
Colette (prénom d’emprunt), 42 ans, a été victime
d’un accident vasculaire cérébral il y a quelques
mois. Suite à cet AVC, Colette est aphasique: elle a
conservé une bonne capacité de compréhension mais éprouve de grosses difficultés à s’exprimer. Pourtant,
grâce au logiciel MyTalk, Colette parvient aisément à indiquer si elle a mal quelque part, comment elle se
sent, où elle désire se rendre et ce qu’elle souhaite
manger. «My Talk est un logiciel de communication
pour tablettes informatiques», explique Diane Lecat,
logopède à la Stroke Unit (unité de revalidation neurologique
spécialisée dans la prise en charge des
AVC). «Nous y installons un maximum d’éléments
que le patient pourrait être amené à vouloir dire. Il
est possible de personnaliser les contenus à volonté:
photos de la famille, enregistrement de la voix du
patient… Ces tablettes sont beaucoup plus pratiques
que les encombrants carnets de communication que
nous utilisions auparavant. De plus, elles ont un côté ludique qui induit un regain d’intérêt du patient pour sa
rééducation.»
Des outils à utiliser avec discernement
Ces tablettes illustrent bien la manière dont les
nouvelles technologies peuvent faciliter la vie des
patients. «Mais il est indispensable de les utiliser
avec discernement!», insiste le Dr Marie-Dominique
Gazagnes, responsable de la Clinique neurovasculaire
et de la Stroke Unit. «Ces outils doivent être individualisés,
adaptés à chaque patient en fonction de son
déficit, de ses capacités résiduelles et de ses besoins
propres.»
Chaque semaine, les équipes de la Stroke Unit se
réunissent pour discuter des progrès réalisés par les
patients de l’unité. Lors de ces réunions, des aides
basées sur les nouvelles technologies peuvent être
suggérées. «Il est pour cela nécessaire d’évaluer avec
précision l’état du patient. Que pouvons-nous exploiter?
Comment? Avec quels outils l’équiper?»
Objectifs : communiquer et regagner son autonomie
«Dans un premier temps, ces outils permettent
de répondre aux besoins «primaires» du patient:
demander de l’aide, indiquer qu’il a faim ou soif…»,
explique Olivier Gillard, ergothérapeute à la Stroke
Unit. «Lorsque le patient a récupéré le maximum de
ses capacités, nous pouvons lui proposer des aides
supplémentaires, destinées à pallier son déficit sur le
long terme, comme les tablettes de communication.»
«Les nouvelles technologies peuvent constituer
une plus-value indéniable pour nos patients en termes
de possibilités de réadaptation et de récupération de
leur autonomie», conclut le Dr Gazagnes. «Mais le
choix de ces outils, la formation de nos patients à leur
utilisation et le suivi indispensable pour s’assurer que
les adaptations proposées sont adéquates et utiles
au quotidien, tout cela demande du temps, du professionnalisme
et la nécessité de travailler en équipe
pluridisciplinaire.»
Neurologie et revalidation neurologique.
Faciliter l'accès au traitement des joueurs excessifs via un programme online
La clinique du Jeu pathologique a élaboré un programme de self-help sur internet destiné à toute
personne désireuse de diminuer ou de mettre un
terme à sa pratique de jeux de hasard ou d’argent*.
Le joueur peut y créer un compte qui enregistrera son parcours et son évolution. Le
site lui fournit des informations sur
la problématique du jeu pathologique
et lui donne accès à un parcours
de six modules thérapeutiques
basés notamment sur les modèles
de l’entretien motivationnel et des
thérapies cognitivo-comportementales.
«La majorité des joueurs en difficulté avec leur pratique ludique n’ont pas recours à un traitement», constate Mélanie Saeremans, psychologue et coordinatrice de la Clinique du Jeu Pathologique. «Les barrières entravant la demande de soins sont nombreuses: honte, crainte d’être stigmatisé, sentiment de ne pas être concerné par le problème, éloignement géographique, coût financier… Le principal attrait d’un programme en ligne est l’absence du regard de l’autre, souvent considéré comme "jugeant".»
«De plus, un dispositif sur internet, qui privilégie l’écriture et les représentations des données personnelles du joueur sous forme de graphiques ou de schémas, peut aider le joueur à mieux prendre conscience de ses difficultés.»
«La disponibilité et la gratuité sont deux autres atouts majeurs de ce programme qui doit être considéré comme un adjuvant au traitement classique en face-à-face. Son objectif n’est en effet pas de se substituer à une interaction directe avec un thérapeute mais bien de faciliter l’accès au traitement des joueurs excessifs.»
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
40, septembre-novembre 2015)