Le CHU Brugmann accueille chaque année des «post-gradués» (PG), jeunes médecins en formation. Qui sont-ils? Quelles sont leurs tâches à l’hôpital? Pourquoi ont-ils choisi ce campus? Osiris News vous propose de faire leur connaissance.
«PG» ou «post-gradués» est le terme utilisé dans le réseau ULB pour désigner les jeunes médecins qui ont terminé le tronc commun de leurs études universitaires et poursuivent leur formation dans une discipline spécifique (chirurgie, neurologie, gériatrie…). Durant les trois à six ans que compte la spécialisation qu’ils ont choisie, ils sont amenés à travailler dans différents hôpitaux sous la supervision de médecins «seniors».
«Accueillir ces futures générations de médecins est l’une de nos missions de base en tant qu’hôpital universitaire», précise le Pr Pierre Smeesters, Chef du Département de Pédiatrie à l’HUDERF. «Les PG font partie intégrante de l’équipe! Ils jouent un rôle prépondérant dans la prise en charge des patients. Ce sont les chevilles ouvrières des salles cliniques. Leur travail est supervisé par les médecins du cadre (médecins résidents, chefs de clinique adjoints, chefs de clinique…) qui sont garants à la fois de la qualité de la formation du jeune médecin et de la pertinence des soins proposés aux patients.»
Un investissement
«Accompagner et former les PG implique bien sûr un investissement en temps et en énergie mais l’expérience est enrichissante pour tout le monde», souligne le Pr Smeesters. «C’est en effet l’occasion d’engager un dialogue entre les plus jeunes et les plus âgés. En tant que médecins-enseignants, nous sommes sans cesse amenés à justifier les actes que nous choisissons de poser, ce qui nous incite à évaluer et améliorer nos pratiques en permanence.»
«En formant ces jeunes médecins, nous investissons aussi dans le futur», ajoute le Pr Jani, Chef du Département de Gynécologie-obstétrique du CHU Brugmann. «À l’avenir, ils seront amenés à prendre le relai des membres du staff et des spécialistes actuels. Nous récolterons ce que nous avons semé. Plus nous investissons aujourd’hui, plus ils seront compétents, raison pour laquelle dispenser une formation de qualité est primordiale pour nous. C’est potentiellement aussi un atout pour l’hôpital: de jeunes médecins bien formés et satisfaits de l’hôpital qui les a accueillis seront plus enclins à rester ou revenir dans cet établissement.»
Quelles ont les craintes et les attentes des PG qui ont choisi les hôpitaux du campus Osiris pour continuer leur formation? Découvrez-le grâce à leurs témoignages!
Dr Marie Donck : « c’est en pratiquant sur le terrain qu'on apprend réellement »
Marie débute sa deuxième année de PG à la maternité du CHU Brugmann.
«À mes tout débuts, l’année passée, j’avais pas mal de craintes. J’avais peur de ne pas faire ce qu’il fallait, de ne pas savoir comment réagir, d’être jugée. J’avais l’impression de ne
pas savoir faire grand-chose. Mais les médecins seniors m’ont rapidement aidée à prendre confiance en moi. Ils ont fait preuve de patience et de disponibilité. Je me suis sentie très
bien encadrée.»
«J’avais notamment des appréhensions par rapport à ma toute première garde. Dans
d’autres hôpitaux, les PG sont un peu laissés à eux-mêmes dès le départ. On leur fait bien
comprendre qu’ils doivent désormais se débrouiller seuls. Ici, l’encadrement des PG est
optimal.»
«Il y a toujours un médecin résident sur place lors des gardes. En cas de souci, il peut
intervenir très rapidement. Lors de ma première nuit de garde, j’étais avec une autre PG
qui a pris le temps de me guider et de m’accompagner. C’était très rassurant.»
«En règle générale, les médecins superviseurs sont extrêmement disponibles. On peut les appeler à tout moment en cas de doute. À nous de trouver le bon équilibre entre autonomie
et savoir quand demander de l’aide.»
«Après un peu plus d’un an, j’ai déjà énormément appris. C’est en pratiquant sur le
terrain qu’on assimile réellement la matière. Et je continue de faire des progrès au quotidien.
Je me sens de plus en plus à l’aise. Quasiment comme à la maison!»
Dr Vivien Dütemeyer : « il règne ici un véritable esprit d'équipe »
Vivien est originaire d’Allemagne. Elle entame sa deuxième année de spécialisation en gynécologie-obstétrique à la maternité du CHU Brugmann. Cette spécialité requiert cinq années de formation au total.
«J’ai été agréablement surprise de l’accueil que l’on m’a réservé quand je suis
arrivée au CHU Brugmann. Le matin, tout le monde se fait la bise, des sages-femmes
aux médecins du cadre en passant par les PG. Un véritable choc culturel pour moi!»
«J’apprécie aussi le respect qui existe entre collègues sans qu’il n’y ait pour autant
de notion de hiérarchie. Le soir, nous essayons – si le travail le permet – de manger
tous ensemble en salle d’accouchement. Une autre anecdote: pour nous montrer comment installer la patiente lors d’un accouchement complexe (dystocie des épaules), l’un de nos chefs s’est même un jour mis à quatre pattes par terre! C’est
inimaginable en Allemagne…»
«Il règne aussi ici un véritable esprit d’équipe. Les différents staffs collaborent, dialoguent… Entre PG, on se serre les coudes: en obstétrique, on essaie par
exemple de se répartir les accouchements de manière équitable. Autant d’éléments qui aident à trouver sa place comme membre à part entière de l’équipe.»
«Par ailleurs, le Pr Jani m’a confié des projets de recherche dès mes
débuts dans le service. Je coordonne actuellement une vaste étude d’envergure
européenne qui vise à évaluer l’efficacité de l’aspirine en prévention de la
pré-éclampsie, une maladie qui survient durant la grossesse et peut entraîner
des complications sévères. J’ai également l’opportunité de mener deux autres
grosses études, l’une relative à l’effet préventif des statines sur la pré-éclampsie et l’autre sur l’utilisation de la progestérone pour empêcher l’accouchement
prématuré de jumeaux. Ces recherches sont passionnantes et ont le potentiel d’améliorer les pratiques. Je suis très honorée d’avoir reçu la confiance de l’équipe
de recherche!»
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
44, septembre-novembre 2016)