Une femme sur trois présentera une fracture ostéoporotique (fracture de fragilité) durant sa vie. En Belgique, on évalue à près de 700.000 le nombre de patients touchés par l'ostéoporose, un nombre qui augmentera encore au cours des prochaines années en raison du vieillissement de la population. La survenue d'une fracture ostéoporotique augmente de 2 à 3 fois le risque de survenue d'une nouvelle fracture, avec un risque de mortalité accru et une altération considérable de la qualité de vie, ainsi que des coûts substantiels pour le système de santé. Le CHU Brugmann a débuté une étude épidémiologique en 2017, l'étude FRISBEE, qui aboutit aujourd'hui sur le développement d'un outil d'évaluation de prédiction du risque de « fracture imminente ». Un modèle unique au monde !
Des études récentes ont montré que le risque de fracture récurrente est maximal pendant les 2 premières années après une fracture de fragilité. Il diminue progressivement par la suite, mais il restera toujours plus élevé qu'avant la première fracture. La prévention des fractures récurrentes est donc une première étape évidente dans le développement d'une approche systématique de la prévention des fractures de fragilité.
Au CHU Brugmann, une vaste étude épidémiologique a débuté en 2007, l'étude FRISBEE (Fracture Risk Brussels Epidemiological Enquiry). Entre 2008 et 2013, 3.560 femmes ménopausées ont été incluses dans la cohorte. Elles ont bénéficié d'une ostéodensitométrie (mesure de la masse osseuse) et d'une collecte de leurs facteurs de risque fracturaire lors de leur inclusion dans l'étude. Leur état de santé est évalué chaque année par le biais d'entretiens téléphoniques et les fractures sont recensées et validées par les différents protocoles radiologiques. Une étude de cette ampleur est actuellement unique en son genre au niveau européen.
En utilisant les données de cette cohorte, l'équipe FRISBEE a développé le premier outil (au monde) de prédiction du risque de « fracture imminente », c'est-à-dire dans les deux années après une fracture. Ce modèle a été publié dans le « Journal of Bone and Mineral Research » (revue scientifique n°1 dans le domaine des maladies osseuses). Parallèlement, le premier modèle européen aisément utilisable (et le deuxième modèle publié au monde) de prédiction du risque de fractures de fragilité à 5 ans a également été élaboré et vient d'être publié dans le « Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism » (revue n°1 dans le domaine de l'endocrinologie clinique). Ces outils incluent les facteurs de risque qui ont un impact significatif sur le risque de fracture.
« Ces outils d'évaluation du risque fracturaire peuvent accroître les possibilités d'identifier les patients à haut risque de fractures et d'entamer un traitement au moment opportun. Ces outils permettent aussi de sélectionner les patients qui ont le plus besoin d'une intervention immédiate avec un traitement d'efficacité rapide, afin de réduire au minimum l'impact des fractures ostéoporotiques qui sont source de mortalité, de perte d'indépendance et de souffrances chroniques souvent extrêmement invalidantes. De plus, cette sélection aidera à éviter de traiter inutilement des patientes dont le risque de fracture est faible », précise le Professeur Jean-Jacques Body, coordinateur de l'étude FRISBEE.
L'étude FRISBEE est soutenue par le CHU Brugmann, iris-Recherche et la Fondation Brugmann.