Article de presse20/03/2017

>>Ces fringues qui nous tueraient le dos

Une enquête britannique accuse les pantalons moulants de provoquer des lombalgies. Pas question pour autant de jeter ses jeans skinny.

Cette enquête et ses conclusions laissent dubitative la Dr Samar Hatem, cheffe de clinique au CHU Brugmann et spécialiste en médecine physique et en réadaptation. « A côté de causes anatomiques bien définies comme des hernies discales, de l’arthrose ou d’une fracture de vertèbres, il existe effectivement un mal de dos fonctionnel. Sans cause anatomique claire, il est provoqué par une mauvaise posture répétée. Cela peut générer des douleurs d’ordre plutôt musculaire.» Concernant le lien entre vêtements et maux de dos, la grande majorité des études scientifiques porte sur les chaussures et les semelles, pointe la spécialiste. « A ma connaissance, il n’existe qu’une étude publiée en 2013 dans une revue mineure montrant que porter un pantalon serré, d’une taille de moins que la taille habituelle, génère des contraintes musculaires anormales du dos chez le sujet sain. On ne parle pas ici de personnes souffrant du dos, ni de la preuve d’une cause de douleur dorsale. »

En prime, souligne la Dr Hatem, l’affirmation de la BCA repose non pas sur une étude scientifique mais sur une enquête. Nuance importante lorsqu’on sait que, dans les pays développés, 80% de la population connaissent tôt ou tard un épisode de mal dorsal dans leur vie et que 20 % souffrent de douleurs chroniques. « Or, l’enquête britannique n’établit pas de lien de cause à effet entre la femme souffrant du dos et le port de vêtements moulants. Ce lien n’est pas à exclure, mais il faudrait le démontrer avec une étude scientifique. Celle-ci consisterait à regarder de plus près si les changements de posture et les contraintes musculaires induites par des vêtements, comme les jeans skinny, pourraient, à long terme, mener au mal de dos. Mais soyons clairs : une telle étude est quasi irréalisable. On devrait recruter des sujets sains appelés à porter des skinny non élastiques pendant au moins trois mois. Ensuite, on regarderait qui développerait une douleur du dos par rapport à un groupe contrôle interdit de skinny. Je vois mal comment serait financée une telle étude. » [...]

Source : Le Soir (17/03/2017)
Ressource : Dr Samar Hatem (médecine physique)

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