>>Le SMUR huile le moteur de Brien

Yves Maule, infirmier chef des urgencesInauguré en février 2003, le SMUR (Service Médical d’Urgences) du site Paul Brien de Schaerbeek (CHU-Brugmann), connaît un succès fulgurant. Effet secondaire positif : il a aussi contribué à la redynamisation de plusieurs services connexes. Yves Maule, infirmier chef des urgences, fait le point sur ce beau projet mis en place avec la collaboration du Dr. Staroukine.

Pourquoi ce projet ? S’agissait-il de mieux couvrir le territoire ?

La couverture géographique des SMUR est définie par les instances fédérales sur proposition de la Région. Il y a quelques années, nous nous sommes rendu compte que le Nord de Bruxelles était mal desservi par l’aide médicale d’urgence : il n’y avait pas assez d’ambulances ni d’équipes médicales disponibles sur ce territoire. Notre objectif était de pallier ce manque, puisqu’il fallait alors parfois une demi-heure pour qu’une équipe médicalisée arrive sur place lors d’un appel 100. En cas de crise cardiaque, il est recommandé d’agir dans les 7 minutes,… le délai d’arrivée était donc très préoccupant ! Lorsque le CHU-Brugmann a intégré le site Brien, il s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un projet capital ! Nous avons donc fait appel aux pouvoirs publics pour créer ce SMUR et obtenir la reconnaissance nécessaire à sa mise en service.

Comment ce service fonctionne-il ?

L’équipe du SMUR Brien est composée de 13 infirmiers et d’une dizaine de médecins, qui travaillent également au service des urgences quand ils ne sont pas en mission. Quand une équipe est appelée, elle comprend un infirmier et un médecin urgentiste ainsi que le matériel nécessaire à la stabilisation des fonctions vitales du patient, tel qu’un défibrillateur, un respirateur, des moyens de contention, etc. Précisons que le SMUR du CHU ne possède pas d’ambulance, mais bien un véhicule rapide amené en renfort d’une ambulance du service 100 qui a besoin d’une assistance médicale pour stabiliser un patient avant de le transporter vers un centre hospitalier.

Vous fonctionnez donc à partir du 100 ?

Oui, nous ne pouvons intervenir que sur réquisition du préposé du service 100 de Bruxelles ou de Louvain. Concrètement, le malade appelle le numéro 100 où un pompier, situé à la Caserne de l’Héliport, juge de la gravité du problème, avant d’envoyer un véhicule d’urgence. Une fois arrivés sur place, nous stabilisons les constantes vitales du patient et nous l’orientons vers l’établissement hospitalier adéquat, en fonction de son problème.

Les patients ne sont donc pas automatiquement acheminés vers Brien?

Non, 50 % seulement des patients qui nous ont appelés sont amenés à Brien. Dans le cas particulier où un patient a déjà un dossier dans un autre hôpital ou s’il doit bénéficier d’un matériel spécifique, il sera orienté vers un autre établissement, pour autant que celui-ci soit agréé par le 100. Autrement dit, cet hôpital doit disposer d’une infrastructure définie par arrêté royal pour le fonctionnement de son service d’urgences et être conventionné avec le service 100. Il y a 19 hôpitaux agréés en région bruxelloise. Les autres hôpitaux leur sont interdits afin de garantir une qualité de prise en charge standardisée.

Les SMUR sont-ils organisés de manière à ne pas se faire concurrence?

Nous n’intervenons que sur réquisition de la Centrale 100 de Bruxelles qui décide d’envoyer le SMUR le plus proche du lieu de la demande. Il n’y a donc aucune concurrence : nous travaillons pour que le patient soit desservi le plus rapidement possible. Il y a actuellement 7 SMUR à Bruxelles (93 en Belgique), mais nous couvrons potentiellement 350.000 habitants, soit un tiers de la population bruxelloise, répartie dans les communes de Schaerbeek, Evere, Saint-Josse, une petite partie de Woluwé et de Bruxelles 1000! Et si le besoin s’en fait sentir, nous pouvons étendre notre secteur pour venir en renfort aux communes du Brabant flamand limitrophes de Bruxelles, si le SMUR de Louvain est débordé.

Combien de sorties enregistrez-vous par jour?

Il y a en moyenne 9 sorties par jour, effectuées pour l’instant avec un seul véhicule. Nous sommes saturés ! Nous avons demandé une seconde équipe, mais il faut que les budgets suivent évidemment. Les chiffres parlent d’eux- mêmes : la première année, nous avons effectué 1.124 missions et l’annéedernière plus de 2.000, ce qui représente 50 % en plus. Nous poursuivons d’ailleurs sur cette lancée. En termes de taille, nous nous classons comme 3e ou 4e SMUR de Belgique.

Après deux ans de fonctionnement, quel bilan tirez-vous du lancement du SMUR de Brien ?

Nous avons atteint notre objectif, c’est-à-dire rendre service à la population. Notre temps d’intervention a été ramené de 15 minutes à 3-4 minutes ! De plus, nos coûts de fonctionnement sont équilibrés, ce qui est plutôt rare pour les SMUR, qui sont généralement déficitaires. C’est en effet extrêmement difficile de conserver une rentabilité avec une équipe qui ne sort que trois fois par jour, mais comme nous en sommes à neuf sorties, le problème ne se pose pas ! Il s’agit donc d’un projet voué à la réussite.

Le SMUR couvre potentiellement 350.000 habitants, soit un tiers de la population bruxelloise:: Une belle image de marque :: Outre ce service essentiel rendu à la population du Nord de Bruxelles, le SMUR Paul Brien contribue également à porter haut l'image de marque de l'hôpital de Schaerbeek.

>Le SMUR attire de nouveaux patients qui ne se seraient jamais présentés à Brien dans d’autres circonstances, confirme Yves Maule. Nous avons effectué une étude et sur 500 patients ramenés par le SMUR, 75 % sont restés sur le site. Ces patients sont souvent sujets à des pathologies aiguës et après être passés une première fois par le service des urgences, ils sont généralement satisfaits des soins prodigués, ce qui les incite à reprendre rendez-vous à Brien.
>La création du SMUR a également dopé le service des urgences qui est en pleine croissance depuis. Ceci, sans que nous ayons effectué de rénovation de locaux! Car il n’est pas rare qu’un service d’urgences qui vient d’être rénové reçoive plus de patients, curieux de constater les changements. Mais ici, le nombre de patients a surtout augmenté grâce à la qualité de nos médecins et de nos infirmiers.
>Enfin, les retombées se sont également fait sentir au niveau de l’unité des soins intensifs, qui est passée de 6 à 9 lits, pour faire face à la demande. Sans compter sur la mise en place d’une plus grande synergie avec les autres sites du CHU, vers lesquels les patients qui ont par exemple besoin d’être pris en charge suite à un AVC, sont acheminés.

Auteur : Sandra Evrard
Source : Osiris News (n° 2, septembre-novembre 2005)