Les 16 et 17 mars derniers, s'est tenu le 25e congrès de l'Association Belge des Hôpitaux, qui marquait également le centenaire des premiers plans réalisés par Horta pour l'Hôpital Brugmann. En cent ans, les progrès de la médecine, les exigences économiques, le changement des mentalités et des rapports patients-soignants, l'évolution des diverses normes (sécurité, incendie,…) et celle de la population (vieillissement, pathologies…) ont amené de nouvelles exigences pour l'hôpital de demain.
Le choix de l'option de restauration ou celui de la construction d'un bâtiment neuf dépend de multiples facteurs. Plusieurs projets belges ont été présentés lors de ces journées, que nous vous rapporterons dans une prochaine édition.
Nous avons choisi de nous attarder ici sur un projet venu des Pays-Bas, qui nous a été présenté par Henny Van Laarhoven, directrice de projet de Orbis Medical Park, à Sittard-Geleen, dans le Limbourg hollandais. Ce programme, recouvrant les activités de neuf centres de soins et de l'hôpital général Maasland, vise à standardiser et rationaliser au maximum les différents activités -cliniques et policliniques-, tout en diminuant drastiquement le nombre de journées d'hospitalisation, au sein de bâtiments neufs dessinés en fonction de cette nouvelle organisation. L'actuel hôpital Maasland dispose de 567 lits, avec un temps d'hospitalisation moyen de 8,6 jours. Le but visé est d'atteindre le chiffre de 2 lits/1000 habitants.
Plusieurs solutions sont envisagées. Tout d'abord, les différentes activités –consultations, administration, hospitalisation – sont regroupées par domaine, et une nette distinction est faite entre les espaces destinés au personnel soignant (salles de réunion et autres espaces au sein du centre d'expertise), aux patients (salles d'attente, de consultations, chambres,…) et aux responsables de la logistique. Cette séparation se traduit aussi bien au niveau des plans du nouvel hôpital, qu'au niveau du trajet des informations (dossiers patients informatisés,…) et de l'accès à celles-ci. Les rôles de chacun sont nettement définis à l'avance, dans un projet prenant en compte l'ensemble des activités, elles-mêmes préalablement définies.
Moins d'hospitalisations, plus de consultations
Puisqu'il s'agit de diminuer les hospitalisations, pourquoi ne pas tenter de suivre le plus de patients en consultations? Tout l'espace dévolu à celles-ci (réparties au rez-de-chaussée et au premier étage) est conçu de manière rationnelle.
Les salles de consultations sont conçues sur un modèle standardisé, qui permet une plus grande flexibilité. Le patient se voit octroyer une "salle", et c'est le(s) médecin(s) qui vien(nen)t l'examiner dans cette salle. Dans la salle d'attente, après qu'il se soit fait enregistrer, le patient pourra se détendre, boire quelque chose ou encore compléter un formulaire (diagnostic virtuel) en prévision de la consultation. Un grand tableau d'affichage devrait les renseigner sur l'état d'avancement des consultations. Une grande attention est portée à la circulation des données (dossier informatisé…) qui doivent être consultables à partir de différents terminaux dans l'hôpital. De ce fait également, la sécurité de ces données et des locaux réservés au corps médical demandent des solutions efficaces (smartcards, biométrie). Le suivi par le médecin généraliste devrait s'améliorer grâce à l'informatisation des données.
Mme Van Laarhoven a également souligné l'importance de définir un programme de soins pour chaque type de patient, sorte de protocole (evidence based?) à suivre dans différents cas de figure. Le fait de supprimer les bureaux personnels permettra d'économiser de l'espace. La construction de l'hôpital Maasland devrait être achevée en 2008. Entre-temps, divers essais sont réalisés pour mettre à l'épreuve - et à l'échelle- ces solutions (bureaux, front office…).
Une chambre à soi
Dans les aires réservées aux hospitalisations, l'espace entre les chambres (individuelles, avec sanitaire dans chacune d'elles) accueille des divans, une petite cuisine permettant aux visiteurs des personnes hospitalisées de se restaurer. A l'extrémité du couloir, un espace revalidation est prévu, avec vue sur le grand atrium qui permet un éclairage naturel.
Un autre point important pour le bon fonctionnement de cet "hôpital de demain" est la logistique: application de la politique "just in time" pour la gestion des stocks, protocole Internet reliant l'hôpital aux pharmacies de la ville, structures de rangement sur roulettes plutôt qu'armoires, et introduction de véhicules automatiques - automatic guided vehicles (agvs) - pour les transports de matériel. Ces machines se dirigent grâce à la radiocommunication et la navigation laser. On y charge les marchandises, la vaisselle, le linge,… et elles ne repartent jamais à vide. Un signal prévient les équipes concernées de l'arrivée de la machine et de son chargement. Tous ces déplacements exigent bien sûr un planning très bien réglé.
L'Orbis Medical Park est situé en dehors du centre urbain. Outre le bâtiment de l'hôpital, un ensemble de centres de soins y est prévu, afin d'assurer une continuité de soins maximale: centre de revalidation, centre de santé mentale… formant ce que les concepteurs ont appelé un "boulevard des soins". Il resterait encore de nombreuses choses à dire au sujet de cet "hôpital du 21è siècle"; nous vous invitons à consulter le site www.orbisconcern.nl qui suit l'avancement et le développement du projet, en attendant l'ouverture de l'hôpital prévue pour 2008. Sans doute risque-t-il d'inspirer d'autre projets. Bien que certains concepts "evidence based" pourraient susciter quelque résistance de par chez nous. Question de culture?
Auteur : Nathalie Degand
Source : Le Journal du Médecin
(n°
1745 du 31/03/2006) - ©Lejournaldumedecin.com