Quatre lits seulement, mais qui peuvent faire une vraie différence pour les personnes touchées par un accident vasculaire cérébral. La stroke unit ("unité des attaques" en français dans le texte) du CHU Brugmann existe depuis quatre ans, et elle a déclenché des changements en profondeur dans l'unité de revalidation où elle est installée.
L'accident vasculaire cérébral (AVC) frappe, selon les estimations, 24000 Belges chaque année, avec des conséquences dramatiques: la mort (7000 au bout d'un an), et le handicap (seuls 30% des survivants peuvent retourner un jour à leur occupation précédente). Le consensus parmi les spécialistes, suite à de nombreuses études, établit que la meilleure manière de prendre en charge les personnes victimes d'un AVC est la stroke unit. Celle de Brugmann, dirigée par le Dr Marie-Dominique Gazagnes, est en place depuis quatre ans; présentation.
Une prise en charge bien spécifique
Quatre lits sont disponibles dans l’unité
82, le dernier ayant été ajouté en août
2006. Les patients y sont admis en
urgence, ils sont équipés de monitorings
qui sont reliés à une centrale de surveillance pour l'électrocardiogramme,
la tension artérielle et la saturation en
oxygène. La mise au point (examens
radiologiques, cardiologiques et vasculaires)
y est faite dans les délais les
plus brefs: cinq jours ouvrables pour le
tout, alors que certains de ces examens
exigent un délai d'attente de plusieurs
mois lorsque l'on passe par une filière
normale. De même, le programme de
réadaptation multidisciplinaire démarre
dès que le patient en est capable.
L'hospitalisation en stroke unit dure 3,5
jours en moyenne, après quoi les patients
sont transférés directement dans l'unité
de revalidation traditionnelle.
Des résultats à la clé
Le premier objectif atteint de la Stroke
Unit, c'est l'arrivée rapide du patient
dans l'unité. Il faut en effet compter avec
un passage éventuel par les urgences
(prise de sang, radio du thorax, ECG). Le
service d’urgences dispose donc de la liste des neurologues de garde pour la
stroke unit, et des numéros de téléphone
auxquels ils sont joignables 24 heures
sur 24. Le médecin de garde-stroke est
contacté dès qu’un patient rentre dans
les critères d’admission (si le patient est
susceptible d’avoir fait un AVC ou un
accident ischémique transitoire dans les
72 h qui précèdent), et il se déplace si la
situation l’exige. La coopération est efficace: la durée moyenne d’attente entre
l’entrée à l’hôpital et l’entrée dans la
stroke unit est de quatre heures environ.
Grâce à cette bonne collaboration, le
service a pu commencer, en janvier
2004, à effectuer des thrombolyses intraveineuses.
Cette technique permet de
dissoudre le caillot qui empêche le sang
d'arriver jusqu'à une partie du cerveau.
Elle diminue, voire prévient complètement
les séquelles, à une condition: être effectuée dans les trois heures qui
suivent l'AVC. Chaque minute compte
donc.
Des effectifs adaptés
Pour les infirmières travaillant en revalidation, la mise en place de la stroke unit était une vraie révolution. La nouvelle activité était bien sûr attrayante, mais démarrer un travail plus spécifique dans une unité de soins comptant parmi les moins staffées du plateau hospitalier était un véritable défi . Parce qu'il y avait peu de références et encore moins de normes dans le domaine, la charge de travail à venir était difficilement quantifiable; et il fallait pourtant que les tâches déjà en place dans l'unité de revalidation neurologique coexistent avec celles, nouvelles, de la stroke unit. Des simulations d’horaires ont permis de cerner plus clairement les besoins de cette diversification de l’activité.
Une organisation améliorée
L'implantation d'une stroke unit dans
le service de revalidation a entraîné la
nécessité d'effectuer des transferts à
l'intérieur du service, entre stroke unit et
revalidation traditionnelle, rapidement
et sans risque d'erreur. Il a donc fallu
adapter à la stroke unit le dossier patient
informatisé qui existait en revalidation,
et qui avait été conçu par et pour les infirmières
de cette unité de soins. Ce dossier évite aux infirmières de devoir recopier
les données lorsque les patients passent
de la stroke unit à l'unité de revalidation.
Il permet de garder à portée de main
un grand nombre d'informations (RIM,
feuilles de soin…) et améliore la diffusion
des informations à tous les membres de
l'équipe, ainsi qu'au médecin traitant. Le
fruit d'une convergence de besoins entre
les médecins de l'unité et l'équipe infirmière…
Et la clé d'une bonne collaboration
de tous, pour combiner complexité
et efficacité.
Auteur : Stéphane Arts, adapté par Marion Garteiser
Source : Osiris News (n°
7, décembre 2006-février 2007)