Le service de revalidation installé sur le site Reine Astrid à l’Hôpital Militaire est le regroupement d’une partie de l’activité hospitalière de revalidation cardio-pulmonaire du Centre de Réadaptation Heysel-Brugmann (gérée par le CPAS de Bruxelles), et de l’activité de revalidation locomotrice et "chronique" du site Magritte de Jette gérée par le CHU Brugmann. Découvrons cette activité en développement en compagnie du Dr Paul Dierckx, pneumologue, responsable du site Reine Astrid.
Jusqu'à fin décembre 2006, le CHU Brugmann ne comportait pas de service hospitalier spécialisé de revalidation cardio-pulmonaire. Les patients souffrant de pathologies cardio-pulmonaires sévères qui avaient besoin de traitements spécialisés prolongés en milieu hospitalier étaient dirigés vers le Centre de Réadaptation Heysel-Brugmann situé près de l’Atomium à Laeken. Le déménagement vers le site Reine Astrid de l’activité de Magritte a été l'occasion de transférer aussi la revalidation cardio-pulmonaire, et de disposer à Neder-Over-Heembeek d’un plateau hospitalier de 96 lits pour des patients nécessitant des soins hospitaliers spécialisés de moyen à long séjour.Le Centre Heysel-Brugmann devient, quant à lui, une maison de repos et une maison de repos et de soins, toujours gérée par le CPAS de Bruxelles.
Avant de rejoindre le site Reine Astrid, vous étiez responsable de la revalidation pulmonaire au Centre Heysel-Brugmann. Pourquoi est-ce un métier aux multiples facettes?
La revalidation vise en général des patients atteints d'insuffi sance respiratoire chronique obstructive ou restrictive quelle qu'en soit la cause (emphysème, séquelles de tuberculose, maladies neuro-respiratoires, complications de la réanimation ou d’interventions chirur-gicales lourdes…). Nous essayons de restaurer au mieux les fonctions respiratoires altérées, avec comme objectif une réinsertion des patients dans leur milieu familial et éventuellement professionnel. La revalidation comporte à la fois des activités de diagnostic et d’évaluation de la sévérité de la pathologie, le recours à des techniques de kinésithérapie respiratoire et de réentraînement à l’effort, l’éducation à la santé, et une attention particulière au contexte psycho-social et nutritionnel du patient. La revalidation cardio-respiratoire est une activité prin-cipalement ambulatoire. L’objectif du lit Sp cardio-pulmonaire est, bien entendu, d’y pratiquer la revalidation, mais aussi d’apporter aux patients des soins spé-cialisés de longue durée par une équipe pluridisciplinaire comportant des méde-cins spécialistes, des infirmières habituées aux patients cardio-pulmonaires et toute une équipe de paramédicaux (kinésithérapeutes, ergothérapeutes, logopède, psychologue, diététicien(ne) et assistants sociaux). Le secteur cardio-pulmonaire appelé "revalidation" est en quelque sorte un service de medium care dont la revalidation est un des as-pects de l’arsenal thérapeutique.
Quels étaient les liens du Centre Heysel-Brugmann avec le CHU Brugmann avant le déménagement sur le site Reine Astrid?
Tout au long de ma carrière au CPAS de Bruxelles, j'ai privilégié les synergies entre les hôpitaux aigus et les établissements de moyen séjour: les examens complémentaires et les actes techniques sophistiqués étaient référés au CHU Brugmann, ainsi que la moitié des transferts en urgence. J'ai aussi toujours souhaité que les médecins qui travaillent au Heysel puissent avoir une activité complémentaire dans un hôpital universitaire, pour conserver la possibilité de faire des actes techniques spécialisés et de garder un contact avec la médecine de diagnostic de pathologies aiguës ou rares.
Qu'attendez-vous de votre arrivée sur le site Reine Astrid?
L'avantage d'un secteur spécialisé isolé, qui n'est pas rattaché à un hôpital, est son autonomie. La plupart des hôpitaux qui transféraient des patients vers le Heysel savaient qu'en cas de nouvelle hospitalisation ou d'examens complexes, ces patients leur seraient renvoyés. Le site Reine Astrid faisant partie du CHU Brugmann, un certain nombre de patients pourraient avoir envie de rester pour la suite de leur prise en charge dans une des structures du CHU Brugmann. Cette perte de la "neutralité" est un petit risque, mais je suis vigilant non seulement pour que les volontés des patients soient respectées mais aussi pour éviter que les patients ne soient "détournés" de l’hôpital qui nous a fait confi ance en nous les adressant. Et les avantages sont nombreux: nous pourrons bénéficier de l'infrastructure, des compétences médicales et organisationnelles, mais aussi des possibilités de formation du CHU Brugmann. Le fait d'avoir un plateau unique (au deuxième étage de l’Hôpital Militaire) où l'ensemble du personnel travaillera de manière plus proche créera aussi une émulation positive, qui devrait être profitable à la qualité des soins et à la qualité de vie des patients et du personnel. Comme dans toute nouvelle activité, le facteur humain est déterminant. La motivation des membres du personnel sera fondamentale pour garantir la réussite du projet.
Quelle différence l'intégration sur le site de Neder-Over-Heembeek fait-elle dans le fonctionnement du service?
Du point de vue médical, l'objectif est de pouvoir prendre en charge, grâce à la proximité d'un hôpital aigu et des collaborations possibles, des pathologies un petit peu moins stables, plus lourdes, plus aiguës que celles que nous avions actuellement. Cette évolution devrait permettre de diminuer la durée de séjour des malades dans les secteurs hospitaliers aigus.
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
8, septembre-novembre 2007)