Ouverte depuis quelques mois, la Consultation du voyage du CHU Brugmann a déjà acquis une certaine notoriété. En quatre mois, près de 180 patients sont venus exposer leurs projets de voyage au Dr Caroline Theunissen, jeune interniste à la tête de cette consultation. Une discipline qui repose avant tout sur la prévention.
Les cliniques du voyage sont nées de l'obligation d'être vacciné contre la fièvre jaune pour entrer dans toute une série de pays. Le vaccin doit en effet être administré dans un centre agréé par l'Organisation Mondiale de la Santé et répondant à un certain nombre de conditions (voir encadré). L'interniste ou le pédiatre, seuls médecins autorisés à administrer ce vaccin, doivent avoir suivi une formation en médecine du voyage et, de préférence, en maladies tropicales.
Après ses quatre années de médecine interne
générale, le Dr Theunissen a complété sa formation au sein de la clinique des maladies
infectieuses et tropicales de l'hôpital Erasme.
C'est là qu'elle a pris goût à la médecine du
voyage. La jeune femme a ensuite suivi une
formation complémentaire de deux mois en
médecine tropicale à Anvers. Pour assurer
les consultations du lundi et du vendredi
après-midi au CHU Brugmann, l'interniste est
assistée par un pool de quatre infirmières.
Minimiser les risques
Répondant à une demande croissante, la
médecine du voyage est de plus en plus
nécessaire. En 2007, 800 millions de voyageurs ont arpenté la planète. En quête d'exotisme et de découverte, les habitants des
pays industrialisés sont toujours plus nombreux à se rendre dans des régions en voie
de développement, plus à risque sur le plan
sanitaire. Un contexte qui rend indispensables les soins médicaux et les conseils de
prévention donnés aux voyageurs.
Comme l'explique le Dr Theunissen, la prévention est au cœur de la médecine du
voyage. Une prévention centrée sur certaines
maladies évitables par la vaccination, comme
la fièvre jaune ou la fièvre typhoïde, et sur la malaria et la diarrhée du voyageur.
"L'essentiel de notre travail consiste à informer les patients des précautions à prendre pour diminuer les risques sanitaires liés au séjour programmé." Et
il ne s'agit pas d'une mince affaire: les
conseils et recommandations du médecin du voyage dépendent du lieu précis
où se rend son patient, mais également
du type de voyage prévu. "En Thaïlande,
par exemple, les risques de contracter
la malaria sont nettement plus élevés
dans le Nord que dans le Sud du pays.
De plus, ces risques varient si le voyageur suit un circuit touristique ou s'il
sort des sentiers battus." Autre difficulté: "les données relatives aux maladies tropicales ne sont jamais figées". Constitué d'une dizaine de médecins, un groupe
d'experts belges spécialisés en médecine du voyage organise tous les deux
ans un séminaire afin de tenir leurs collègues informés des dernières nouveautés. Une fois par an, ces derniers sont également conviés par le président du
groupe d'étude à découvrir les changements et nouvelles recommandations établis pour la médecine du voyage en
Belgique.
Le Docteur Theunissen est aussi très attentive à assurer une bonne communication, épistolaire et téléphonique, avec les médecins de famille des patients, auxquels elle ne se substitue nullement: la surveillance du calendrier vaccinal reste l'une des tâches de base du médecin généraliste.
L'après séjour
Si la prévention est un aspect primordial de la discipline, il arrive que le Dr Theunissen soit aussi sollicitée au retour d'un séjour. "De fortes fièvres, des problèmes respiratoires et des troubles dermatologiques sont les symptômes les plus fréquemment observés chez les voyageurs qui se rendent dans un pays étranger", précise la jeune femme. Son rôle consiste alors à prendre en compte tous les éléments du voyage susceptibles d'être à l'origine de l'infection (la destination et la durée du séjour, le type de voyage, l'état vaccinal du voyageur, la prise ou non d'anti-malariques...) et diriger le patient soit vers un traitement adapté soit vers un collègue spécialiste de la pathologie contractée.
Auteur : Audrey Binet
Source : Osiris News
(n°
10, mars-mai 2008)