>>Les anticorps anti-toxine A ont-ils un effet protecteur ?

Les Prix Iris-Recherche 2007, d’une valeur totale de plus de 400.000 euros, financés par plusieurs laboratoires pharmaceutiques et des donateurs privés, récompensent sept projets. Présentation de deux travaux qui seront financés. Le Pr Georges Mascart (CHU Brugmann) et ses co-promoteurs (Olivier Vandenberg (CHU Saint-Pierre) et Jean Duchateau (CHU Brugmann) ont reçu 25.000 euros pour 2008 et 2009 pour un projet visant à évaluer prospectivement l’hypothèse selon laquelle des anticorps dirigés contre la toxine A de Clostridium difficile protègent le patient contre l’apparition et/ou les récidives d’une symptomatologie de Clostridium difficile Associated Disease. Sont également recherchés les facteurs cliniques de risque et le rôle relatif des différentes classes d’antibiotiques.

La maladie associée à Clostridium difficile ou Clostridium difficile Associated Disease (CDAD) peut être un problème majeur en particulier parmi la population âgée et souvent débilitée des services de gériatrie. La morbidité qui en découle entraîne aussi une prolongation de la durée du séjour hospitalier, des frais liés au traitement, aux précautions de contact ainsi qu’une substantielle mortalité. Le projet primé a pris corps entre 2001 et 2005, à une époque où l’incidence de CDAD dans le service de gériatrie du CHU Brugmann passe brutalement de 0,1 /1.000 jours d’hospitalisation à 1,61. En 2003 et 2004, l'infection prend un caractère épidémique et l'étude des souches réalisées sur le site Horta révèle que la majorité (88%) ont le ribotype O27 connu pour être à l'origine de fréquentes récidives et d'une symptomatologie sévère liée notamment à la production d’une quantité 20 fois plus importante de toxine. Ces données justifient pleinement pour des hôpitaux traitant une patientèle âgée, une stratégie de prévention par l'identification soit de facteurs protecteurs, soit de facteurs de risque. L'objectif final est aussi de guider le choix de l'antibiothérapie voire de faire profiter ces patients d’un traitement prophylactique basé sur une immunothérapie active ou passive.

Des anticorps protecteurs ?

L'étude à caractère prospectif, veut d'abord évaluer le rôle protecteur que pourraient avoir des anticorps dirigés contre la toxine A de Clostridium difficile contre la colonisation par Clostridium difficile et/ou l’apparition de diarrhées. Pour ce faire, 20 patients symptomatiques seront appariés pour l’âge, le sexe et l’index de co-morbidité à 60 patients asymptomatiques. Une recherche de Clostridium difficile et de toxine A et/ou B dans les selles ainsi qu’un dosage d’anticorps sériques anti toxine A seront effectués deux fois par semaine. Un deuxième aspect découlant du premier, sera de vérifier sur une durée de 24 mois si un taux élevé d'anticorps consécutif à un premier épisode de CDAD, diminue le risque de récidives chez 60 patients ayant développé une CDAD. Sur base d’un taux de récidive attendu de 30%, 20 patients récidivistes seront comparés à 40 patients non récidivistes. Une analyse des facteurs cliniques de risques de développer une CDAD sera également effectuée avec en corollaire le rôle relatif des différentes classes d’antibiotiques. En filigrane, cette étude devrait permettre de mieux identifier les patients à risque de CDAD de manière à prévenir l’apparition de la maladie, notamment par une politique d’antibiothérapie adaptée, voire par une immunothérapie passive à étudier ultérieurement.

Auteur : Dr C. B.
Source : Le Journal du Médecin (n° 1913 du 22/04/2008) - ©Lejournaldumedecin.com

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