Berceau de la chirurgie cardiaque belge, le CHU Brugmann est
et a toujours été en première ligne en matière d'implantation
et de contrôle des défibrillateurs
cardiaques. Plus de détails avec
le Dr Thierry Verbeet, chef de
clinique au service de cardiologie du CHUB.
En 1989, le CHU Brugmann était l'un des premiers centres à réaliser des implantations de défibrillateurs en Belgique. Aujourd'hui, une centaine d'opérations de ce type y sont réalisées chaque année. Un chiffre qui devrait encore grimper dans les années à venir. Depuis le 1er juillet 2007, le remboursement par l'INAMI de l'implantation de ce type d'appareil a en effet été élargi à un plus grand nombre de patients.
En Belgique, environ 5.000 patients vivent actuellement avec un défibrillateur cardiaque implantable (DCi). Quel est le rôle de cet appareil ?
Dans des circonstances normales, le cœur se contracte et se relâche à un rythme régulier (60 à 90 contractions par minute) pour envoyer du sang riche en oxygène vers toutes les parties du corps. Il arrive toutefois que des contractions anarchiques, trop rapides ou trop lentes, empêchent le cœur d'assurer correctement sa fonction de pompe. Dans les cas les plus graves, ces phénomènes d'arythmie peuvent entraîner le décès du patient. En remplissant une fonction de stimulation par l’émission d’impulsions électriques de faible intensité lorsque le cœur bat trop lentement, le défibrillateur permet également de traiter les rythmes rapides par l'envoi de petits stimuli électriques (stimulation antitachycardie) ou par défibrillation (envoi d'un choc électrique plus important). Implanté sous la clavicule gauche et relié au cœur par une ou plusieurs sondes, cet appareil de 5 cm de diamètre environ surveille en permanence le rythme cardiaque du patient. Si le cœur s'arrête, les chances de survie dépendent en grande partie de la rapidité des équipes d'intervention à le faire redémarrer. Entièrement automatisé, le défibrillateur implantable est capable de le relancer en quelques secondes seulement… en tout lieu et à tout instant!
Comment se déroule l'implantation du défibrillateur et quel est le suivi du patient ?
Réalisée par un chirurgien cardiaque ou
un cardiologue, l'intervention consiste à
pratiquer une incision au niveau pectoral, à placer l'appareil et à introduire les
sondes à l'intérieur du cœur. Le chirurgien doit également provoquer artifciellement un trouble du rythme cardiaque
(arythmie) pour vérifer la capacité du
défibrillateur à rétablir des contractions
normales. Le patient peut généralement quitter l'hôpital le lendemain. Le bon
fonctionnement du défibrillateur doit
ensuite être contrôlé régulièrement par
un cardiologue (en général trois fois par
an). Les données enregistrées par l'appareil permettent également au spécialiste
de retracer l'historique de l'activité du
défibrillateur chez le patient et de régler les différents paramètres de la machine.
Il faut en effet savoir que la vitesse de
réaction du défibrillateur est telle qu'il est
possible que le patient ait présenté un ou
plusieurs épisodes d'arythmie entraînant
l'administration d'un choc électrique et
ce, à son insu. Les traitements complémentaires (comme les médicaments
anti-arythmiques) sont donc eux aussi
susceptibles d'être adaptés au cours de
ces visites de contrôle.
Sur quels critères implante-t-on un défibrillateur?
Très efficace, l'appareil est aussi très
coûteux: sondes comprises, son prix varie
entre 20.000 et 25.000 euros. Jusqu'il y a
peu, seuls les patients qui avaient survécu à un épisode d'arythmie cardiaque potentiellement mortel pouvaient bénéfcier de
cet appareil. Depuis un an, l'INAMI rembourse également l'implantation d'un
défibrillateur aux patients qui présentent
un risque majoré de mort subite, même s'ils ne souffrent pas encore d'arythmie.
Dans tous les cas, seuls les centres qui
ont signé une convention avec l'INAMI
peuvent bénéficier d'un remboursement
du matériel. Pour l’obtenir, il faut répondre à une série de normes (volume d'activité, nombre de cardiologues temps
plein…) et proposer des programmes de
soins spécifiques. Pionnier en la matière,
le CHU Brugmann a compté pendant
très longtemps le volume d'implantation de défbrillateurs le plus important à Bruxelles. Actuellement, une vingtaine
de centres spécialisés dans la prise en
charge des troubles du rythme cardiaque
sont agréés par l'INAMI.
Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News
(n°
11, juin-août 2008)