Chef du service de médecine interne du CHU Brugmann depuis le 1er mars 2008, Jean-Jacques Body mène une carrière médicale hors normes: depuis 30 ans au service du patient et de la recherche scientifique, il se donne pour mission de dynamiser les 11 cliniques que compte son service... Un défi de taille, qu'il compte relever avec passion et humanisme.
"J'ai la chance de diriger un service – celui de médecine interne – qui
est vaste et qui me permet d'avoir
des contacts fort riches avec des spécialités très diverses. Cette variété et cette
complexité, c'est ce qui me plaît le plus."
Depuis qu'il est sorti de l'ULB en 1977,
Jean-Jacques Body n'a jamais choisi la
facilité. Des laboratoires à son cabinet de consultation, de l'ULB à son bureau de
chef de service, il a multiplié, au fil des
années, les fonctions et les cordes à son
arc. Spécialiste des maladies osseuses, il
a toujours aimé apprendre. "Au départ,
j'étais vraiment ce qu'on peut appeler
un scientifique... Ma passion pour le
domaine médical est venue plus progressivement." Un goût pour la recherche qu'il espère maintenant transmettre
aux plus jeunes.
Expert ès os
"L'un des points auxquels je vais m'atteler de façon constante, c'est cette lettre
U de CHU: le caractère universitaire de
Brugmann doit absolument être préservé
et développé. Il s'agit d'un hôpital public
où notre devoir est de soigner tout le monde, mais dans un esprit de médecine
universitaire." Que Jean-Jacques Body
accorde tant d'importance à la recherche
n'a rien d'incongru, puisqu'il possède un
doctorat en sciences médicales. "C'est
aux États-Unis que j'ai acquis mon expertise dans le domaine osseux, et plus particulièrement dans celui de l'ostéoporose
et du métabolisme phospho-calcique
chez les patients cancéreux." Après trois
ans de formation à l'Institut Bordet, il part
donc pour l'Amérique à l'âge de 28 ans.
"Tout s'est décidé durant ma deuxième
année à Bordet. Le Dr Borkowski et le
Pr Klastersky m'avaient fait comprendre qu'il fallait quitter la Belgique si je
voulais vraiment approfondir le sujet... À
l'époque, les médicaments utilisés actuellement pour traiter les métastases osseuses et l'ostéoporose n'existaient pas
encore: il s'agissait d'un domaine tout à fait nouveau!" Après deux ans passés
dans des laboratoires Outre-Atlantique,
il revient au pays pour terminer sa formation et effectuer son service militaire.
Il réintègre donc l'Institut Bordet, où il
occupera divers postes jusqu'à celui de
chef de la clinique de médecine interne...
Avant de rejoindre le CHU Brugmann.
Une vision globale
"Passer d'un hôpital à l'autre n'a pas été chose aisée. L'Institut Bordet est un hôpital très spécifique, puisque seuls les patients cancéreux y sont traités. Le CHU Brugmann se compose de bien plus de cliniques et de services." C'est en 2007 que Jean-Jacques Body décide de postuler pour la fonction de chef du service de médecine interne au CHUB. "Je sentais clairement que je pourrais mener ici des projets que je ne pouvais pas réaliser à Bordet." Afin de permettre au Pr Michel Fuss, toujours en fonction, de terminer en beauté et en douceur sa carrière, un poste de chef de service adjoint est créé en médecine interne. "Cette période transitoire m'a permis de voir comment le service fonctionnait et si ce poste me plaisait!" Après un an d'acclimatation, le voilà donc à la tête de 11 cliniques et de 85 médecins, et ce ne sont pas les défis qui manquent. "Il faut d'abord veiller à l'homogénéité d'un service d'une telle importance, en aidant les médecins de chaque clinique au niveau de l'organisation, du recrutement et de la formation des médecins spécialistes en formation et des internes. Ces derniers arrivent souvent ici avec un bagage théorique, mais sans guère de pratique. Il faut donc leur apprendre le raisonnement clinique, autrement dit leur faire comprendre qu'un malade n'est pas un organe X ou Y, mais un être humain à considérer dans sa globalité, avec un contexte social et familial."
Favoriser la communication
Gérer un tel service – l'un des plus importants du réseau IRIS (220 lits) – n'a donc rien d'une sinécure... D'autant que les 11 cliniques sont dispersées d'un point de vue géographique. "Je trouve qu'il y a trop peu de collaborations et de contacts entre elles, et qu'il n'y a pas toujours suffi samment d'échanges au sein même de chaque clinique, notamment entre le corps médical et le corps infirmier. C'est sans doute davantage lié à la taille de l'hôpital qu'à sa structure, mais il faut que tout le monde travaille ensemble dans le même but, c'est-à-dire pour le bien du malade." Une nécessité qui passe notamment par l'amélioration de la qualité des séminaires. "Je voudrais en faire des événements prestigieux, en invitant des orateurs de renom et en proposant des sujets qui intéressent un maximum de collaborateurs et de partenaires extérieurs. De telles initiatives peuvent déboucher sur des meilleures collaborations à l'intérieur de l'hôpital, sans parler de l'impact qu'elles pourraient avoir sur notre image de marque!" De la formation à l'harmonisation, de la recherche à la communication, Jean-Jacques Body ne manque pas d'idées pour rendre son service toujours plus performant... Avec le patient en point de mire.
Chef, Docteur et Professeur
Pour mener à bien toutes ces missions,
Jean-Jacques Body essaie d'être toujoursà l'écoute, afin de prendre les meilleures décisions possibles. À la question
de savoir quelles sont les compétences
requises pour être un bon chef de service,
il répond qu'"il faut exceller autant que
possible dans au moins un domaine, tout
en se montrant capable de comprendre
tous les autres." Le sens de l'organisation
et l'humanisme constituent également,
selon lui, deux qualités très importantes... Qu'il applique d'ailleurs aussi dans
le cadre des cours qu'il donne à l'ULB.
Le service de médecine interne avait
besoin d'un homme de transmission: il
l'a trouvé!
Auteur : Grégory Escouflaire
Source : Osiris News
(n°
12, septembre-novembre 2008)