>>Affiner le dépistage échographique fœtal : une réelle nécessité !

EchographieRenforcement des critères dans le dépistage des malformations fœtales, multiplication des programmes de recherche, élargissement du statut des sages-femmes. Tels sont les objectifs principaux de la clinique d'obstétrique du CHU Brugmann, en passe de devenir l'une des plus importantes maternités de la capitale.

De retour de Londres, où il s'est spécialisé dans le traitement in utero de maladies fœtales, le Pr Jacques Jani dirige depuis quelques mois le service de gynécologie et obstétrique du CHU Brugmann. Une fonction qu'il partage avec le Pr Luc Baeyens, chef de service associé, spécialisé en gynécologie et en sénologie. En tandem et dans leur langue respective, les deux nouveaux chefs de service nous dévoilent leurs ambitions pour le département. Recruter de nouveaux gynécologues et améliorer la prise en charge des maladies du sein pour l'un, affiner le dépistage échographique des pathologies fœtales pour l'autre.

Jacques Jani, quelles sont vos priorités pour la clinique d'obstétrique?

Sur le plan psychologique comme sur le plan médical, les avantages d'un dépistage précoce des anomalies chromosomiques sont nombreux. Détecter une anomalie grave dès l'échographie du premier trimestre permet en effet, si les parents le souhaitent, de procéder très tôt à une interruption de grossesse.
Première étape: l'échographie. Une prise de sang est ensuite réalisée avec un matériel très performant permettant d'obtenir un résultat en 19 minutes seulement. Les données récoltées lors de ces deux examens sont ensuite directement encodées dans un logiciel qui calcule de manière très précise le risque que le bébé souffre d'une anomalie chromosomique. La patiente peut ainsi repartir le jour même avec les résultats de ses examens et, si le risque d'anomalie est élevé, décider que soit pratiquée d'emblée une biopsie du trophoblaste (prélèvement d'un échantillon de tissu placentaire), seul examen à permettre un diagnostic fiable à 100% à ce stade de la grossesse et dont le résultat peut être délivré endéans les 48 heures.
Provoquant une fausse-couche dans à peu près 1% des cas, cette intervention est assez lourde sur le plan psychologique. Jusqu'à ce qu'une nouvelle technique non invasive et sans danger pour le fœtus soit mise au point, il est impératif que les patientes à qui cet examen est conseillé soient sélectionnées le plus tôt possible sur base de critères médicaux précis.

Essentiel pour les patients, le développement de l'échographie du premier trimestre est également primordial en matière de recherche.

C'est exact. Durant cette première échographie, nous tentons, par exemple, d'évaluer le risque d'apparition au cours de la grossesse de maladies graves telles que la prééclampsie (maladie hypertensive pouvant mettre en jeu la vie du fœtus et de la maman). Arriver à prédire très tôt ce type de maladies pourra nous permettre dans le futur d'agir plus effi cacement pour les prévenir. Déterminer dès l'échographie du deuxième trimestre le risque d'un accouchement prématuré, cause très importante de décès et de handicaps chez le nourrisson, constitue également un enjeu de taille. Des sommes colossales ont déjà été investies dans la recherche de traitements préventifs. Or, ces derniers semblent n'être vraiment efficaces que s'ils sont pris suffisamment tôt au cours de la grossesse. Des projets tels que ceux-ci sont essentiels pour faire avancer la médecine, mais aussi pour inciter une nouvelle génération de gynécologues et d'obstétriciens à s'engager dans le métier. Mon objectif: confier des projets de recherche à tous les médecins du service.

Dans ce contexte, quel rôle entendez-vous donner aux sages-femmes?

Leur fonction sera multiple: préparation à la naissance, réalisation de consultations prénatales, d'échographies obstétricales, d'accouchements et de consultations postnatales, le tout, dans le cadre de grossesses normales. Il ne s'agit donc pas pour elles d'intervenir lorsqu'une anomalie ou une pathologie est décelée, mais bien de détecter ces éventuels problèmes et de les référer aux médecins spécialistes du service.
Les sages-femmes recevront elles aussi de nouvelles formations en matière de dépistage échographique. En élargissant ainsi le cadre de leur fonction, du temps sera libéré pour les médecins. Ces derniers pourront donc se concentrer davantage sur les grossesses à risque et sur les projets de recherche menés par le service.

:: Quelques chiffres ::
>Le CHUB accueille actuellement 2.400 à 2.500 accouchements par an. Avec l’accroissement de la natalité à Bruxelles et la fermeture de l'Hôpital Français et de la Clinique Saint-Étienne, ce chiffre pourrait grimper très vite jusqu'à 3.000 accouchements par an, activité qui fera de la clinique d'obstétrique l'une des plus grandes maternités de la capitale.
>Avec l'ouverture de la salle 41, dédiée au suivi post-partum, une dizaine de nouveaux lits sont récemment venus renforcer la capacité d'accueil du service. Un nombre qui devrait encore augmenter dans le futur. Les salles de naissances vont également être portées à 8 contre 4 actuellement.
:: Zoom sur les 3 grandes échographies obstétricales ::
Quand? Dans quels buts?

12 semaines
  • Déterminer le nombre d'embryon(s)
  • Établir précisément le terme
  • Dépister la plupart des anomalies majeures
  • Identifier un groupe à risque plus élevé de malformation de structure (cardiaque surtout) pour pouvoir planifier une échographie morphologique spécialisée dès la 16e semaine
  • Prédire le risque d'apparition de maladie de type prééclampsie sévère

Entre 20 et 22 semaines
  • Étudier la morphologie complète du fœtus en vue de détecter d'éventuelles anomalies
  • Évaluer la croissance et le bien-être du fœtus
  • Prédire le risque d'accouchement prématuré

Entre 32 et 34 semaines
  • Évaluer la croissance et le bien-être du fœtus
  • Contrôler sa position ainsi que celle du placenta
  • Détecter certaines anomalies d'apparition tardive

Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News (n° 12, septembre-novembre 2008)