>>Anita Clemens: une femme d'expérience et de conviction

Anita ClemensDepuis ses débuts comme infirmière en 1971, Anita Clemens n’a cessé de gravir les échelons. Aujourd’hui à la tête du département infirmier et paramédical du CHU Brugmann, cette femme de conviction a embrassé tous les aspects de la gestion hospitalière. À force de travail et de persévérance, elle a acquis de ce métier une vision globale particulièrement précieuse.

Malgré ses 37 ans de carrière, Anita Clemens n'a rien perdu de la passion et du dynamisme des débuts: du service des soins intensifs à la direction technique, elle a couvert tout le spectre des métiers de l’institution. "Ces expériences m'ont permis de pratiquer sans cesse l’ouverture, autrement dit de bien comprendre l’ensemble des difficultés que peut rencontrer chacun des départements de l’hôpital."

Opérations multiples

Une fois son diplôme d’infirmière graduée en poche (I.N.E.A., 1971), elle est rapidement engagée au quartier opératoire du service de chirurgie du CHU Brugmann. Elle y reste cinq ans et en garde de très bons souvenirs. "J’ai notamment participé à la première transplantation cardiaque réalisée en Belgique (1973), par l’équipe du Pr Georges Primo… C’était impressionnant!" De 1976 à 1979, elle choisit de travailler la nuit aux soins intensifs pour des raisons familiales. C’est alors qu’elle décide de suivre des cours de pédagogie et obtient le Certificat d'aptitude à l'enseignement (CERIA). Pendant quatre ans, de 1979 à 1983, elle est chargée de la formation du personnel, avant d’obtenir le poste d’adjointe à la direction du département infirmier (1983-89), où elle est en charge de dossiers très variés: implantation du Résumé Infirmier Minimum, évaluation de la qualité des soins et des charges de travail… "J'ai pu toucher à toutes les facettes de la profession!" En 1990, elle réoriente encore une fois sa carrière et devient infirmière en chef du service de chirurgie générale. "J’ai toujours eu un tropisme chirurgical", avoue-t-elle. "J'aime la nature imprévisible de cette activité!"

Le sens de l’organisation

Dans les années 90, le CHU Brugmann connaît d’importants changements structurels: c’est la naissance transitoire des unités de gestion (disparues en 2003). "En 1993, j’ai été appelée à m’occuper de l’unité qui regroupait la chirurgie, la maternité et l’ensemble des consultations." Elle remplira cette fonction pendant six ans, tout en remplaçant à chaque absence la directrice du département infirmier. Mais en 2000, notre "super-infirmière" qui, entre temps, a décroché une licence en sciences hospitalières et un certificat universitaire en management médical à l'Ecole de Santé Publique de l'ULB, estime qu’il est temps de changer un peu d’air. Elle intègre alors la direction technique comme adjointe à mi-temps puis à temps plein et participe activement à la création de la Cellule de Programmation et d'Organisation (CPO).

Retour au bercail

Après huit ans consacrés à gérer les dossiers organisationnels de l’hôpital, Anita Clemens accepte en juin 2008 de reprendre pour de bon la direction du département infirmier et paramédical. "L’un des défis à relever consiste à valoriser davantage la profession infirmière en interne. Il faut que les infirmières comprennent qu’elles travaillent avec les médecins, et non pas pour eux ou contre eux!" C’est d’autant plus difficile que le CHU Brugmann, à l’instar des autres hôpitaux bruxellois, manque cruellement de personnel. "Un phénomène qui s’explique sans doute par les barèmes pratiqués, et la nécessité du bilinguisme… Une telle situation nous oblige à recourir à l’intérim, ce qui pose des problèmes au niveau de la distribution du travail et des responsabilités qui en découlent: les infirmières intérimaires sont moins motivées et peuvent imposer leur horaire. C’est dès lors plus difficile pour nos propres équipes de travailler dans de bonnes conditions… D’autant que les soins hospitaliers demandent une présence continue, 24h/24!"

Un paysage complexe

Avec ses 960 équivalents temps plein, le département infirmier et paramédical du CHU Brugmann est parmi les plus peuplés de la capitale. Autant dire que sa gestion demande de fameuses compétences, qu’elles soient professionnelles ou simplement humaines."Le respect mutuel est important", insiste Anita Clemens… L’infirmière idéale se doit d’être "compétente, autonome, créative et assertive", dans un cadre de travail qui ne cesse de changer. "Il faut faire face entre autres au vieillissement de la population et à la diversité culturelle liéeà la fois aux différents métiers de l'institution et au contexte multiculturel dans lequel travaille le personnel soignant. L’approche de la maladie, de la mort et de la souffrance peut être très différente d'un patient à l'autre." Gérer toutes ces difficultés en assurant la qualité des soins et encadrer au mieux le personnel pour qu’il se sente valorisé et reconnu, telle est l’ambition d’Anita Clemens. Un travail passionnant auquel elle s’attelle en toute connaissance de cause, avec la sagesse que lui confère sa grande expérience.

:: CV express ::
>1971 Diplôme d’infirmière graduée hospitalière (I.N.E.A. - Bruxelles).
>1971-76 Infirmière au quartier opératoire du service de chirurgie du CHUB.
>1981-83 Chargée de l'information et de la formation du personnel soignant.
>1983-89 Adjointe à la direction des soins infirmiers du CHUB et de l'HUDERF.
>1984 Licence en sciences hospitalières (Ecole de Santé Publique - ULB).
>1990-93 Infirmière chef de service en chirurgie générale.
>1997 Certificat universitaire en management médical (Ecole de Santé Publique - ULB).
>2000 Adjointe à la direction technique pour la programmation de la reconstruction.
>2002 Création de la Cellule de Programmation et d’Organisation (CPO), dont elle deviendra la coordinatrice en 2003.
>2004 Diplôme universitaire en management international des institutions de soins (Université D. Diderot – Paris 7).

Auteur : Grégory Escouflaire
Source : Osiris News (n° 13, décembre 2008-février 2009)