Soigner les patients, c'est bien. Leur donner de surcroît les moyens de redevenir autonomes et les solutions qui leur permettront d'utiliser au mieux les possibilités de leur corps, c'est encore mieux! Une mission remplie par le département d'ergothérapie du CHU Brugmann.
Derrière une définition simple – technique visant à optimiser l'autonomie d'un patient par rapport à ses possibilités physiques et psychiques – l'ergothérapie recouvre une multitude de techniques qui rendent parfois la discipline difficile à cerner. Au CHU Brugmann, le département d'ergothérapie représente une trentaine de professionnels réunis dans une seule unité administrative mais répartis sur le terrain entre différents services (gériatrie, revalidation, médecine interne, chirurgie, psychiatrie, rhumatologie, soins palliatifs).
Des valeurs et des objectifs pour tronc commun
Pour rendre le patient autonome, l'ergothérapie utilise toujours un intermédiaire, objet ou activité pertinente. Pour remobiliser une articulation, par exemple, le patient sera amené à manipuler un objet de la vie quotidienne plutôt qu'à faire des exercices "abstraits". Dans ce cas, l'ergothérapie implique un suivi à long terme: "pour devenir autonome, il faut s'entraîner à faire certains gestes. Une seule séance ne suffit pas!", explique Martine De Baets, ergothérapeute en chef. Les ergothérapeutes sont aussi sollicités pour des évaluations. Il s'agit alors de juger, par une batterie de tests et une mise en situation, la capacité d'autonomie d'un patient pour déterminer la possibilité d'un retour au domicile ou le placement dans une institution à même de l'accueillir.
Des activités variées selon les services
L'ergothérapie comporte de nombreuses facettes. Particularité qui justifie la
plupart du temps une formation complémentaire pour le ou la thérapeute après
son arrivée dans un service. Très spécifique: l'ergothérapie pratiquée
en revalidation ou en gériatrie. Il
s'agit de permettre au patient
d'être aussi autonome que
possible en tenant compte
des limites imposées par la
maladie ou le traumatisme.
"Un travail qui peut aller
du réapprentissage de la
toilette à l'intégration de la
meilleure manière de se mouvoir avec une prothèse." La thérapie occupationnelle – recours à une activité pour aider le patient à retrouver son autonomie physique ou
sociale – est une autre facette du métier.
Au CHU Brugmann, des ateliers de peinture sur soie sont ainsi organisés pour
les patients en dialyse. Une activité qui
permet de diminuer les malaises et la
douleur, mais qui peut aussi aider les
patients à s'exprimer en présence du
thérapeute. L'ergothérapie joue enfin
un rôle de resocialisation lorsque la
technique utilisée est une pratique de
groupe, comme le théâtre ou l'expression corporelle.
Un seul département
Les ergothérapeutes du CHU Brugmann
disposent de leur propre département,
dirigé par Martine De Baets et chapeauté par la direction infirmière.
Une unité administrative qui
permet notamment
de répondre aux besoins
de patients dans les services où l'ergothérapie n'est pas proposée. "Un exemple: nous travaillons de temps en temps
dans le service des grossesses à haut
risque, où les patientes doivent parfois
rester couchées pendant de très longues
périodes. La thérapie occupationnelle
rend l'attente moins pénible, en proposant des activités tournées vers l'enfant,
comme la préparation de bavoirs."
Un métier à part entière
Parce qu'elle peut intervenir sur le terrain
des soins infirmiers – quand un ergothérapeute entraîne un patient à faire
sa toilette seul, par exemple – l'ergothérapie peut être source de difficultés.
Les infirmières doivent tenir compte de
cette toilette spéciale dans l'organisation
de leur travail, ce qui ne va pas de soi.
Ce type d'activités brouille également la
perception du rôle des ergothérapeutes:
s'ils font parfois des toilettes, pourquoi
n'aident-ils pas à les faire quand l'équipe
infirmière est débordée? Parce que ce
n'est pas du tout leur rôle et qu'ils n'interviennent dans la toilette qu'en vue
d'augmenter l'autonomie du patient. Un
autre problème qui se pose fréquemment aux ergothérapeutes est le manque d'information sur la valeur ajoutée de
leur activité. Quand il s'agit de faire de
la broderie ou de la poterie par exemple,
pourquoi un spécialiste de cette activité
ne ferait-il pas l'affaire? La réponse est
simple: "l'ergothérapeute est un thérapeute. Il va chercher à nouer un contact
avec le patient, à faciliter l'expression
de certaines émotions et à revaloriser
ses capacités. Le résultat technique ou
esthétique est très secondaire!"
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
13, décembre 2008-février 2009)