En avril 2009, le Dr Éliane Damis, ex-responsable de la néonatologie intensive à la clinique Edith Cavell, prendra les rênes pédiatriques du secteur néonatal et de la maternité du CHU Brugmann. Un tournant qu'elle considère comme une évolution naturelle… et un nouveau défi à relever.
Pédiatre diplômée de l'ULB, Éliane Damis a passé 25 ans comme responsable du service de néonatologie intensive à la clinique Edith Cavell à Uccle. À 55 ans, elle se prépare à amorcer un tournant de taille dans sa carrière en devenant responsable du secteur néonatal au CHU Brugmann: autre hôpital, autres patients, autre service... "En août 2008, j'ai été contactée par le Dr Anne Johansson, chef de clinique en néonatologie intensive à l'HUDERF, qui m'a fait savoir que la maternité du CHU Brugmann, en pleine croissance, avait besoin de quelqu'un pour diriger le service du côté pédiatrique."
La situation unique de Brugmann
Le fait que le site Horta bénéficie d'une organisation unique au niveau de la néonatologie non intensive a pesé dans la balance. Il regroupe en effet sur un même plateau l'unité de néonatologie du CHU Brugmann, qui prend en charge les problèmes légers des nouveau-nés, et l'unité des soins intensifs néonatals (NIC) de l'HUDERF, laquelle accueille notamment les prématurés sévères et les nouveau-nés nécessitant des soins lourds (malformations congénitales, cardiopathies…). Grâce à une passerelle, véritable "cordon ombilical" reliant les deux structures hospitalières, les uns et les autres travaillent en toute continuité pour une meilleure efficacité et un maintien optimal de la relation mère-enfant, primordiale dans les premiers jours de vie. "Je suis engagée en tant que responsable de la néonatologie non intensive. Néanmoins, nous allons constituer une équipe de pédiatres avec la néonatologie intensive de l'HUDERF. Par ailleurs, les jeunes pédiatres, post-gradués ou résidents dont je vais assurer en partie la formation vont travailler au niveau des deux sites. Cette continuité entre les soins intensifs et non intensifs est importante car elle permet d'assurer rapidement le transfert des nouveau-nés d'un service à l'autre."
Un agrandissement nécessaire
Ce n'est un secret pour personne: avec la fermeture au printemps 2008 de la maternité de l'Hôpital Français, faisant suite à celle de la maternité de la clinique Saint-Étienne, la charge des autres maternités de la région bruxelloise s'est rapidement alourdie. En 2007, le CHU Brugmann a assuré 2.200 accouchements. En 2008, le nombre d'accouchements atteignait les 2.800. "Je souhaite agrandir l'unité de néonatologie non intensive pour aller vers un accueil conjoint de la maman et de son bébé et vers des espaces de repos pour les parents, bref vers une structure plus humaine, ce qui n'est pas possible dans un espace trop étriqué." Suite à cette demande, une ébauche de projet a déjà été réalisée. "Ce projet prévoit une unité néonatale capable d'accueillir 15 nouveau-nés. Des zones parents- bébés sont prévues pour accueillir ceux qui doivent rester plusieurs jours sous surveillance. Cinq chambres mère-bébé sont également prévues. Elles seront particulièrement utiles pour accueillir les nouveau-nés récemment sortis de la maternité qui doivent être réhospitalisés, par exemple pour un problème d'allaitement ou de mauvaise prise de poids."
Un espace de communication et de lien
Le quotidien du Dr Damis est depuis
longtemps rythmé par le contact avec les
parents. "La patientèle du CHU Brugmann
est différente de celle de Cavell, même
si, contrairement à ce que l'on a souvent
dit, à Cavell, les gens viennent aussi de
tous les milieux. La population du CHU
Brugmann est peut-être encore plus
diversifiée mais cela ne me pose pas
de problème, au contraire. Dès que j'ai
réussi à gagner la confiance des parents,
qui sont parfois très exigeants, les
contacts deviennent plus faciles. Même
si nous tentons de rapprocher parents et
enfants, une hospitalisation est toujours
vécue comme une séparation, un stress.
C'est en accueillant les parents, en les
faisant participer aux soins du bébé que
nous parvenons à calmer leur angoisse
et à leur rendre confiance", ajoute Éliane
Damis. "Ce contact est aussi essentiel
pour le bébé qui semble souvent plus éveillé, plus actif lorsque ses parents
sont là." C'est pourquoi le Dr Damis
accorde une place importante à l'architecture, dont dépend selon elle la qualité
des relations parents-enfants-soignants.
Et de conclure: "lorsque les parents ne se
sentent pas à leur place dans un service
de néonatologie, c'est simplement parce
qu'ils n'en ont pas suffisamment."
Auteur : Julie Luong
Source : Osiris News
(n°
14, mars-mai 2009)