>>Médecine physique et réadaptation : une nouvelle clinique au CHU Brugmann

Septembre 2010, la Clinique de médecine physique et de réadaptation fait ses premiers pas. À l'origine du projet: les Drs Agnieszka Gierasimowicz-Fontana et Samar Hatem. Un duo qui parie sur l'avenir. Rencontre.

Dr Gierasimowicz et Dr HatemMédecine physique"Qui n'ose rien, n'a rien!" Cette maxime résume bien le projet lancé en septembre 2010 au sein du CHU Brugmann: la création d'une Clinique de médecine physique et de réadaptation. Les objectifs que se donnent les Drs Gierasimowicz-Fontana et Hatem? La coordination de l'activité clinique de revalidation et le développement d'une activité de recherche et d'enseignement… Tout un programme!
Un travail de longue haleine mais également un pari sur l'avenir.

Des femmes de convictions

Le Dr Gierasimowicz-Fontana défend son projet – sous l'œil complice de sa collègue – avec la ferveur de quelqu'un qui croit en ce qu'il entreprend. Dès ses premiers mots, son accent trahit ses pérégrinations dans divers pays d'Europe. Après des études de médecine en Pologne, elle quitte son pays natal pour l'Italie. Là, elle se spécialise en médecine physique et de réadaptation à Padoue, puis travaille pendant 10 ans à Venise.
En 2005, son mari et elle déménagent. Destination: Bruxelles et sa grisaille. La spécialiste y trouve une place au CHU Brugmann. "Lorsque j'ai commencé au CHU, j'ai travaillé dans différentes cliniques mais sans avoir de poste défini", nous explique-t-elle. "C'est le problème de la médecine physique. Il s'agit d'une discipline encore méconnue. On nous demande souvent: vous faites de la médecine physique, qu'est-ce que c'est? Vous n'êtes pas neurologue, vous n'êtes pas rhumatologue, vous n'êtes pas orthopédiste… Qu'est-ce que vous faites?" Le sourire du Dr Hatem nous confirme que cette situation a déjà été maintes fois vécue. Elles croient pourtant fermement que leur discipline est une spécialité à part entière. Conviction à l'origine de leur projet commun.

Retrouver son autonomie

La médecine physique et de réadaptation prend toute son ampleur dans le cadre hospitalier. La revalidation est un domaine très vaste qui complète le traitement de nombreuses pathologies, qu'elles soient d'ordre neurologique, rhumatologique, orthopédique… "En prenant en charge les aspects mécaniques de la maladie, la revalidation permet d'atteindre un état fonctionnel satisfaisant pour le patient et son entourage", explique le Dr Hatem.
Concrètement, il peut s'agir par exemple d'aider un patient à remarcher ou à contrôler sa vessie suite à un problème neurologique. Exercices, éducation, réeducation… La revalidation met de nombreux moyens en œuvre pour permettre à un patient de récupérer un maximum d'autonomie. La prise en charge est très souvent multidisciplinaire.

Médecine physiqueLa collaboration au cœur de la revalidation

La revalidation nécessite l'intervention de différents types de thérapeute. Une équipe pluridisciplinaire est coordonnée par le spécialiste en médecine physique et de réadaptation: ergothérapeute, kinésithérapeute, logopède… La collaboration avec les différents services est également primordiale. La pose d'une prothèse de hanche, par exemple, est une opération chirurgicale effectuée par un orthopédiste. Mais pour obtenir un rétablissement complet, un travail de revalidation est nécessaire afin de renforcer les muscles qui vont permettre l'usage de la prothèse, et d'apprendre à marcher avec celle-ci... La collaboration avec les différents thérapeutes et leur service est au cœur du travail de revalidation.

Une arrivée providentielle

L'arrivée du Dr Hatem en janvier 2011 donne le coup d'envoi officiel des activités de la Clinique. Une arrivée qui s'est également révélée providentielle pour le Dr Gierasimowicz-Fontana. "Lors du lancement des premières activités de la Clinique, la pression était énorme", explique-t-elle. "Les listes d'attente des consultations se sont vite allongées avec des délais pouvant atteindre les trois mois. L'arrivée du Dr Hatem a permis de partager la charge de travail mais également et surtout de diminuer les temps d'attente."

Recherche et enseignement

L'arrivée du Dr Hatem signe également le lancement d'une activité de recherche au sein de la Clinique de médecine physique et de réadaptation. Cette Gantoise d'origine s'est essentiellement consacrée à la recherche ces 5 dernières années afin de terminer une thèse de doctorat sur la douleur neuropathique. En dehors de son activité clinique, elle gérera donc les aspects de recherche. Deux projets sont au programme: le premier concerne la douleur neuropathique. Le second étudie l'ostéoporose chez les patients qui ont présenté un accident vasculaire cérébral. "Ces patients sont immobilisés à cause de leur handicap neurologique", explique-t-elle. "Et nous croyons qu'une prise en charge précoce et attentive de leur patrimoine osseux est indispensable pour la prévention de l'ostéoporose." Une activité d'enseignement est également au programme, les deux femmes espèrent ainsi rapidement agrandir l'équipe.

Pas mal de travail en perspective pour les fondatrices de la nouvelle Clinique de médecine physique et de réadaptation.
Clinique qui rejoint le service de revalidation neurologique du site Horta ainsi que les unités de revalidation du site Reine Astrid au sein du Pôle Revalidation du CHU Brugmann.

:: A l'école du dos :: Mal au dos ? L'École du dos propose une prise en charge multidisciplinaire (kinésithérapeute, ergothérapeute, psychologue). Au cours de 36 séances, le patient apprend à vivre et à gérer ses douleurs de dos. Les 10 premières séances informent le patient sur sa pathologie. On y apprend par exemple à gérer différentes positions, à effectuer certaines tâches domestiques... Les 26 séances suivantes permettent une mise en pratique des gestes appris au cours des séances précédentes.
:: Des consultations en 6 langues :: Les Drs Gierasimowicz-Fontana et Hatem sont toutes deux polyglottes. Un avantage indéniable pour les consultations. Elles peuvent recevoir leurs patients en 6 langues différentes: français, néerlandais, italien, polonais, anglais et espagnol. Un atout certain dans une ville aussi cosmopolite que Bruxelles.

Auteur : Thomas Coucq
Source : Osiris News (n° 22, mars-mai 2011)