>>FXT : un essai clinique d'envergure

Prof. Michel

Le travail du Pr Olivier Michel et de son équipe a fait l'objet d'une récente publication dans le British Journal of Clinical Pharmacology, une revue de niveau international. Zoom sur une étude exemplaire!

Tendre vers l'excellence, obtenir des publications dans des revues scientifiques de référence… Dans le précédent numéro du Osiris news, le Pr Anne Peretz, Présidente du Comité de Revue de la Recherche Clinique affirmait son ambition de voir le CHU Brugmann "s'imposer en matière de recherche clinique". Son vœu est-il en passe d'être exaucé? L'étude FXT-01 réalisée au CHU Brugmann par le Pr Olivier Michel y contribue sans aucun doute ! Elle fait notamment l'objet d'une publication dans le British Journal of Clinical Pharmacology*.

* Dinh P.H., Corazza F., Mestdagh K., Kassengera Z., Doyen V., Michel O. Validation of the cantharidin induced skin blister as an in vivo model of inflammation. British Journal of Clinical Pharmacology. 2011 May 19.

Des modèles inflammatoires

Le but de cette étude? Développer des modèles inflammatoires utilisables chez l'être humain. Autrement dit, mettre au point des techniques qui permettent de mimer des réactions d'inflammation et de les évaluer. Deux modèles ont été développés, testés et validés au cours de l'étude. "Le premier consiste à faire inhaler à des volontaires sains une toxine bactérienne, ce qui permet d'obtenir une réaction inflammatoire à neutrophiles", explique le Pr Michel. "Le second consiste à mettre la peau des volontaires en contact avec un produit irritant utilisé dans le traitement des verrues. Après 24 heures, une petite bulle se forme dans laquelle s'accumule du liquide qu'il est possible de ponctionner et d'analyser."

Faciliter le développement de nouveaux médicaments

L'intérêt de ces modèles? Ils devraient permettre à l'industrie pharmaceutique de rechercher plus facilement de nouvelles molécules. "Grâce à ces deux modèles, il est possible de prédire l'efficacité d'une molécule potentiellement anti-inflammatoire en effectuant un test sur une quinzaine de personnes seulement." Ils permettent donc de faire un premier tri et d'éviter de procéder à de coûteuses études à large échelle avec des molécules qui se révèleront, le cas échéant, inefficaces.

Les anti-TNF efficaces contre les neutrophiles?

Pour valider leurs modèles et pousser l'étude un peu plus loin, l'équipe de chercheurs a testé deux médicaments anti-inflammatoires bien connus: la cortisone et les anti-TNF. "La cortisone n'a pas d'effet sur les réactions inflammatoires à neutrophiles – nous le savions déjà– mais nous avons surtout pu démontrer que les anti-TNF bloquent les réactions inflammatoires neutrophiliques induites dans l'un de nos deux modèles." Les anti-TNF sont surtout utilisés dans le cadre de psoriasis ou d'arthrite rhumatoïde sévères. Ces anti-inflammatoires pourraient aussi être employés pour soigner certaines maladies respiratoires, comme l'asthme sévère et la bronchopneumopathie obstructive chronique (BPCO). Des résultats prometteurs!

Un protocole bétonné

Les clés du succès de cette étude? Au départ, il y a l'idée bien sûr. Vient ensuite l'élaboration du protocole qui consiste à définir les concepts, à décrire précisément chaque étape du processus.
"L'Unité de recherche clinique a soutenu et encadré au mieux le Pr Michel", explique Hélène François, conseillère scientifique au sein de la direction médicale du CHU Brugmann. Recherche d'un sponsor, réalisation de l'essai, élaboration du budget…Tout a été réalisé au sein du CHU Brugmann. "Le Pr Jean-Pierre Tassignon, chef de l'unité de recherche clinique, a par exemple participé à la rédaction du protocole." Bétonner cette étape est primordial pour la suite de l'étude.

Travailler, sans relâche

Asthmatique ?

Le projet répond aux exigences strictes du comité d'éthique du CHU Brugmann ? Il a reçu l'approbation des Autorités belges ? Le budget est ficelé ? L'étude clinique peut enfin débuter. "Le protocole était très rigoureux", explique le Pr Michel. "Le travail était presque continu durant les 5 mois d'investigation, samedi et dimanche compris." Cinq mois de coordination intense! Volontaires, médecins, infirmières, gestionnaire de données, laborantins, pharmaciens… Tout un monde à gérer et à coordonner.
Après la phase clinique, comptez encore quelques mois pour l'analyse des données et la correction avant publication – une statisticienne de l'Université de Yale (USA) a été sollicitée afin de vérifier certaines statistiques.

Au suivant ?

Au bout de pratiquement deux années de travail, les résultats de cette étude sont publiés dans le British Journal of Clinical Pharmacology, revue de référence. Une reconnaissance, oui, mais le Pr Michel ne compte pas se reposer sur ses lauriers. Il s'attaque déjà à une nouvelle étude d'envergure qui étudiera la réponse des asthmatiques allergiques aux traitements, selon qu'ils soient fumeur ou pas. La phase clinique devrait débuterà la fin de l'été.
On the road again ?

:: Un traitement contre la maladie du fumeur ? :: La réaction au niveau respiratoire induite par l'inhalation de la toxine utilisée par le Pr Michel et son équipe est une réaction à neutrophiles (un type de globules blancs). Toutes les pathologies à neutrophiles pourraient donc être évaluées et exploitées avec ce modèle. Un exemple ? La maladie du fumeur, la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), qui tue près de 7.000 personnes en Belgique chaque année et pour laquelle il n'existe aucun traitement pharmacologique réellement efficace.
:: Major abstract 2010 :: Une partie des résultats de l'étude FXT a été présentée au congrès de la prestigieuse American Academy of Allergy Asthma and Clinical Immunology. Cette assemblée d'experts en matière d'immuno-allergologie a retenu les travaux du Pr Michel comme Major Abstract 2010, titre qui récompense les meilleures recherches de l'année. Une autre consécration! Une source de fierté pour le Pr Michel? "Oui, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Par rapport à tout ce qui est publié, il ne s'agit que d'une goutte dans l'océan." Ces travaux ont été choisis parce que personne auparavant n'avait démontré qu'un médicament anti-inflammatoire pouvait inhiber une réaction respiratoire caractérisée par des neutrophiles.

Auteur : Thomas Coucq
Source : Osiris News (n° 24, septembre-novembre 2011)

>>Clinique d'Immuno-allergologie.