>>Un nouveau muscle pour la Kinésithérapie

Dynamomètre isocinétique

Le service de kinésithérapie du CHU Brugmann bénéficie d'un nouveau matériel de pointe: le dynamomètre isocinétique. Cet appareil permet d'évaluer de manière très précise la force musculaire du patient et de raccourcir significativement sa période de revalidation.

Depuis quelques mois, le service de kinésithérapie du CHU Brugmann s'est doté d'un dynamomètre isocinétique. Il a fallu un petit temps d'adaptation pour que les membres du service apprennent à manier ce véritable concentré de technologie. Certains d'entre eux sont encore en formation. D'autres, au nombre de quatre, manient déjà l'appareil. Arthrose, fractures, lésions musculaires et ligamentaires… De nombreuses pathologies peuvent être traitées avec le dynamomètre.

Attachez la ceinture !

Au premier coup d'œil, pas facile de s'imaginer faire des exercices sur le dynamomètre isocinétique. Et pour cause: l'élément central du dispositif n'est autre qu'un fauteuil auquel sont attachées des sangles, ce qui lui donne des allures de chaise électrique. "En réalité, ces sangles servent à immobiliser le torse et les membres du patient qui ne seront pas sollicités pendant l'exercice, de manière à empêcher tout mouvement parasite", précise Michaël Louis, kinésithérapeute au CHU Brugmann. Il n'est pas question de torturer le patient. "C'est même plutôt le contraire, puisque le dynamomètre lui permet d'effectuer des exercices sans risquer de se blesser."

Une machine intelligente

Concrètement, comment l'appareil fonctionne-t-il? "Lorsque le patient est installé, il doit soulever de bas en haut un levier avec le membre convalescent, la vitesse de travail étant programmée à l'avance", explique Michaël Louis. Et, nec plus ultra, ce fameux levier est capable de s'adapter à l'évolution de la force musculaire du patient. Celui-ci se fatigue durant le travail? La résistance que le levier oppose au membre diminue automatiquement, et le patient peut continuer l'exercice à la vitesse initiale, sans risquer de se blesser. Question sécurité, on peut difficilement faire mieux! " Des capteurs intégrés au levier ajustent la résistance à la force musculaire du patient tout au long de l'exercice", précise Michaël Louis.

Un graphique pour représenter la force musculaire

Les capteurs transmettent toutes les données récoltées à un ordinateur, qui les traduit sous la forme d'une courbe qui s'affiche en temps réel sur un écran. Elle illustre la force développée aux différents stades du mouvement et permet au kinésithérapeute de visualiser les groupes musculaires et les articulations sollicités au cours de l'exercice. En parallèle, le patient peut aussi voir sur l'écran la progression de la courbe mesurant ses efforts, un facteur de motivation non négligeable.

Une nouvelle ère commence

Quand on sait quels étaient les précédents outils de travail des kinés du CHU Brugmann (et qui sont toujours d'actualité dans d'autres hôpitaux), on comprend leur enthousiasme pour le dynamomètre isocinétique. L'évaluation de la force musculaire et la revalidation du patient se faisaient à l'aide d'instruments tels que des poids et des extenseurs. L'évaluation était moins précise et le risque de blessure plus important. Tout ceci n'est plus que de l'histoire ancienne depuis l'arrivée du dynamomètre dans le service. Comme le patient ne craint plus de se blesser, il peut s'entraîner au maximum de ses capacités, ce qui optimalise et accélère sa guérison. "Prenons l'exemple du syndrome fémoropatellaire qui affecte la rotule. Auparavant, il fallait au moins deux mois pour que le patient soit rétabli", raconte Michaël Louis. "Grâce au dynamomètre isocinétique, il ne lui faut plus qu'un mois pour être à nouveau sur pied."
Évaluation ultra précise, sécurité totale, temps de revalidation réduit… L'acquisition du dynamomètre isocinétique constitue une véritable révolution pour les kinésithérapeutes du CHU Brugmann !

:: La NASA à l'origine du dynamomètre :: Le premier dynamomètre a été conçu aux États-Unis à la fin des années 60, à l'époque des premiers vols dans l'espace. Les scientifiques constatèrent alors que les astronautes souffraient d'atrophie musculaire après avoir séjourné en apesanteur. La NASA souhaitait mesurer avec précision les conséquences de cette atrophie. C'est donc sous l'impulsion de l'agence spatiale américaine que James Perrine mit au point le premier dynamomètre isocinétique, lequel ne tarda pas à être ensuite commercialisé.
:: Les sportifs, grands fans du dynamomètre :: Le dynamomètre isocinétique présente un intérêt certain pour les sportifs. Il permet en effet de repérer un éventuel déséquilibre entre un muscle agoniste (celui qui se contracte) et un muscle antagoniste (celui qui s'étire à la suite de la contraction), lequel augmente le risque de blessure. Ce déséquilibre peut ensuite être corrigé en pratiquant des exercices adaptés sur le dynamomètre. À la fin de sa période de rééducation, non seulement le sportif ne risquera plus de se blesser, mais ses performances seront accrues!

Auteur : Candice Vanhecke
Source : Osiris News (n° 24, septembre-novembre 2011)