>>Unité de recherche clinique : Tatiana Besse-Hammer en quête de défis !

En février dernier, Tatiana Besse-Hammer a rejoint les rangs du CHU Brugmann. Sa mission? Développer et structurer l'Unité de Recherche Clinique.

Dr Tatiana Besse-HammerDr Besse-Hammer portant des tubes à essai

Si vous aviez demandé au cours de ses études à Tatiana Besse-Hammer ce qu'elle rêvait de pratiquer comme spécialité, elle aurait répondu sans hésiter "La neurochirurgie". Pourtant, aujourd'hui, c'est à la recherche clinique qu'elle consacre tout son temps avec un enthousiasme non dissimulé… "Quand j'étais étudiante en médecine, je me suis retrouvée dans une salle d'autopsie face à un corps avec un cœur, un cerveau, un foie et tous ses autres organes. Il y avait aussi des petites boules blanches, des tumeurs, qui ont fini par empêcher cette incroyable machine de fonctionner. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi, subitement, tout s'ar rêtait… En y réfléchissant, je me suis dit que l'organe central était le cerveau et, pour essayer de comprendre, j'ai décidé de me spécialiser en neurochirurgie."

Des plans bouleversés…

Sauf que le Dr Besse n'a pas eu le classement suffisant pour étudier la neurochirurgie et elle a opté pour la chirurgie générale. "La chirurgie générale ne m'intéressait pas tellement. Le côté intellectuel de la médecine me manquait dans la pratique quotidienne. À l'UCL, des collègues passionnés de chirurgie, et un peu moins de paperasse, m'ont alors proposé de m'occuper des dossiers nécessaires à la mise en place de tests de médicaments. J'ai accepté."
Son premier pas dans la recherche était accompli !

La recherche: un nouveau challenge

Prendre part aux tests de nouveaux médicaments était un véritable défi pour la chirurgienne. Un domaine dans lequel elle a fait son entrée en s'intéressant au rôle des immunosuppresseurs dans les transplantations rénales et hépatiques. "J'ai ensuite travaillé sur les anti-TNF alpha. Ils commençaient à être utilisés dans le traitement de certaines maladies comme la polyarthrite." Entre les immunosuppresseurs et les immunomodulateurs, Tatiana Besse passe 15 ans à l'UCL, avant d'entrer à l'Institut Bordet.
"En 2004, la législation européenne en matière de recherche a changé. En pratique, cette évolution impliquait beaucoup de dossiers à remplir pour avoir accès à la recherche. Avec pour objectif de protéger au mieux les patients et de professionnaliser la recherche. L'Institut Bordet désirait mettre sur pied une unité de recherche clinique, mais souffrait de la charge administrative liée à cette nouvelle législation. Ils m'ont proposé de les aider. J'avais besoin d'un nouveau défi et j'ai accepté!"

Éviter de tomber dans la routine

Cinq ans plus tard, c'est le CHU Brugmann qui sollicite Tatiana Besse. "Au bout d'un moment dans une même fonction, on se repose sur ses acquis et on tombe dans la routine. Alors que si on amène son bagage sur un nouveau terrain, on peut se renouveler. J'aime recommencer à zéro. Intellectuellement, c'est très enrichissant." Ses objectifs pour le CHU Brugmann? Que les médecins, qu'ils fassent régulièrement de la recherche clinique ou non, aient envie d'en faire, mais aussi que l'hôpital devienne une référence belge dans ce domaine. Le Dr Besse souhaite également ouvrir de nouvelles collaborations avec d'autres institutions. "Participer au développement de la recherche dans un hôpital public permet de rendre les nouvelles thérapies accessibles à tous les patients. Indépendamment de leur situation financière ou sociale. Cet aspect est aussi très important pour moi."

Trois enfants géniaux...

Malgré une motivation sans borne pour son travail, Tatiana Besse se consacre aussi énormément à sa famille. C'est simple, on retrouve dans ses yeux la même lueur quand elle parle de Jennifer, Erwin et Leslie que quand elle retrace avec passion ses défis professionnels.
"Mon ainée Leslie étudie la médecine, forcément ça rapproche. Mais ce qui nous lie surtout, mes enfants et moi, c'est la musique. Je joue de la guitare et ils sont de très bons musiciens. Leslie, la plus jeune, fait de la musique tous azimuts. Elle joue du piano, de la flûte, de la clarinette… C'est un plaisir énorme que de l'accompagner dans cette passion. Je me suis aussi récemment découvert une affection particulière pour l'histoire grâce à mon fils qui étudie le droit. Dernièrement, j'ai beaucoup lu sur la vie de Clovis, sur ce qu'il a fait. Comment il est mort… On y revient toujours finalement (rire)." Quant à son mari, radiologue, elle adore refaire le monde avec lui. "Me mettre face à mes contradictions en sa compagnie m'aide à avancer."

:: Développement des projets de recherche :: Au quotidien, Tatiana Besse aide les médecins à évaluer la faisabilité d'une recherche tant du point de vue médical, qu'économique ou éthique. En outre, elle facilite la mise en place des protocoles au niveau administratif. "Mon travail consiste aussi à vérifier qu'un patient ne paie pas le prix de la recherche en passant un examen qui n'aurait pas été nécessaire s'il n'était pas inclus dans un protocole de recherche, par exemple. J'apporte également mon savoir médical aux médecins qui n'ont plus l'habitude de travailler de manière aussi précise que celle exigée par la recherche clinique."
:: Gérer ses propres angoisses :: Tatiana Besse est très lucide quant à sa motivation en médecine: "Étudiante, ce qui m'intéressait c'était comprendre pourquoi les gens meurent… Je pense aussi qu'inconsciemment c'est une manière de régler mes propres angoisses par rapport à la mort. Parfois j'aime rêver que peut-être, si je comprends tout, je ne vais pas mourir." Faire de la recherche c'est aussi, pour elle, une manière de se confronter à ses propres angoisses, un moyen de dédramatiser la vie.

Auteur : Elise Dubuisson
Source : Osiris News (n° 27, juin-août 2012)