>>L'Anapath´, de l'analyse au diagnostic !

Le Prof. De Prez au microscope

Analyser dans les moindres détails les biopsies, frottis, prélèvements en tous genres... Une mission remplie par le Laboratoire d’Anatomie Pathologique du CHU Brugmann. Zoom sur un service au coeur du choix thérapeutique.

Jeanne, 67 ans, est inquiète. Il y a quelque temps, à l’occasion d’un mammotest, le radiologue a dépisté une masse kystique suspecte dans le sein droit. Une masse à l’aspect irrégulier, potentiellement cancéreuse. Des examens complémentaires sont nécessaires pour préciser le diagnostic. Aujourd’hui, Jeanne bénéficie d’une biopsie. Le médecin, au moyen d’une "aiguille creuse", prélève un peu de tissu de la masse suspecte. Ce prélèvement, envoyé au Service d’Anatomie Pathologique, sera scruté et analysé sous toutes les coutures. Le but: identifier si la lésion est maligne et déterminer si, oui ou non, Jeanne souffre d’un cancer du sein...

Au coeur du diagnostic

Ce type de scénario est courant. Le Service d’Anatomie Pathologique intervient pour poser, confirmer ou infirmer un diagnostic... "Notre service joue aussi un rôle dans le choix du traitement", explique le Pr Carine De Prez, Chef de Service, responsable du Service d’Anatomie Pathologique. "La décision thérapeutique dépend de la nature de la lésion, de son étendue ou encore de certaines de ses caractéristiques, comme la présence de récepteurs sensibles aux oestrogènes pour un cancer du sein." En fournissant ces précisions aux autres spécialistes, le service joue un rôle de premier ordre!"

Un service dans l’ombre

Le laboratoire reste toutefois méconnu du grand public. Et pour cause! Les patients ne rencontrent que très rarement ces spécialistes qui, dans la discrétion de leur laboratoire, analysent tissus, cellules et prélèvements en tous genres... Et ils ne chôment pas! Le laboratoire vit au rythme de l’activité de l’hôpital. Chaque année, ce sont 12.000 biopsies et pièces opératoires qui y sont analysées, plus de 7.250 dépistages gynécologiques (notamment pour le cancer du col de l’utérus) et 145 analyses au microscope électronique qui y sont effectués.

Analyses de laboratoire

Un travail d’orfèvre

Des chiffres impressionnants... Loin d’un travail à la chaîne. Les analyses effectuées au sein du Laboratoire d’Anatomie Pathologique tiennent plutôt du travail d’orfèvre. "Notre métier ressemble à celui des radiologues: nous analysons des images", explique le Pr De Prez. "Les prélèvements sont traités et préparés par des techniciens afin de rendre l’image disponible. Reste alors au médecin à lire et interpréter ces images." Penché sur son microscope, le spécialiste analyse chaque détail, repère une anomalie cellulaire, la présence de marqueurs spécifiques... et pose son diagnostic. L’anatomopathologiste a appris à lire dans les tissus et à déchiffrer le microscpiquement petit!

Hyperspécialisé mais en lien avec le clinique

Dans les sous-sols du CHU Brugmann, loin des regards indiscrets, le calme apparent du service contraste avec l’activité intense et diffuse qui y règne au quotidien. En témoignent les instruments intrigants que l’on y trouve. Des machines qui enrobent les prélèvements de paraffine. D’autres qui permettent de les découper en tranches de 5 microns (0,005 millimètres!). Sur des étagères, des flacons aux couleurs chatoyantes contiennent les produits qui servent à colorer les échantillons, et ainsi à mettre en évidence certaines caractéristiques du tissu analysé. Sur une table, des centaines de lames alignées et classées dans une boîte attendent sagement d’être rangées après avoir été examinées. En bref, le labo bourdonne d’activité! Et ce d’autant plus que le service possède également quelques secteurs hyperspécialisés (la neuropathologie non tumorale, la pathologie neuromusculaire, la foetopathologie, la pathologie pédiatrique, la microscopie électronique…). Il assure également les autopsies du CHU Brugmann (sites Horta, Brien et Astrid) et de l’HUDERF.
Une organisation sans faille est nécessaire pour gérer l’afflux de nouvelles demandes d’analyses. Les anatomopathologistes sont en contact permanent avec les cliniciens car les informations nécessaires doivent circuler dans les deux sens. Dans certains cas, pour aider au diagnostic, les anatomopathologistes ont besoin d’informations cliniques, dans l’autre sens, les caractéristiques anatomopathologiques viennent souvent orienter la stratégie thérapeutique. Particulièrement dans les pathologies oncologiques où les anatomopathologistes sont partie prenante dans les séances de concertation multidisciplinaire oncologiques.

ISO 9001: un label de qualité

Cette organisation pointilleuse a permis au service de recevoir la certification ISO 9001, un label qui atteste de la qualité du management et de l’organisation. "Nous avons dû mettre en place toute une série de procédures pour obtenir cette certification", explique le Pr De Prez. "Cette réorganisation nous permet de mieux garantir la traçabilité de notre travail et d’en assurer la qualité. Nous suivons des indicateurs de qualité et organisons des audits internes qui contrôlent mensuellement à tour de rôle les différents secteurs du service." Une manière d’améliorer son fonctionnement en permanence et de viser l’excellence. Au final, tous les services qui collaborent avec le Laboratoire d’Anatomie Pathologique y gagnent.

Tumorothèque:: Tumorothèque : la banque des tumeurs :: L’aide au diagnostic est loin d’être la seule activité du Service d’Anatomie Pathologique. La recherche est également au centre des préoccupations des équipes du Pr De Prez. D’où la création d’une tumorothèque au sein du laboratoire. En cas de résection de tumeur, un fragment en est prélevé et congelé à -80°C, sauf si le patient a marqué son opposition à cette procédure lors de son admission. Les tissus recueillis sont consignés dans la tumorothèque où ils pourront être utilisés pour améliorer le traitement du patient ou pour les besoins de la recherche. Dans ce dernier cas, les échantillons sont - bien entendu - stockés et conservés de manière anonyme.
:: Des collaborations au sein du réseau ULB :: Le Laboratoire d’Anatomie Pathologique du CHU Brugmann collabore aussi avec d’autres institutions. La microscopie électronique des hôpitaux bruxellois dépendant du réseau ULB y est par exemple centralisée. Il concentre également l’analyse des biopsies de nerfs ou de muscles en collaboration avec l’Hôpital Érasme, mais également en provenance de l’HUDERF et d’autres hôpitaux du réseau IRIS ou même de Wallonie. Il regroupe encore les examens de foetopathologie pour les hôpitaux du réseau IRIS. Des collaborations existent aussi dans ce domaine avec l’Hôpital Érasme. Les tests de cytogénétique et de biologie moléculaire sont, à l’inverse, sous-traités à l’Hôpital Érasme (cytogénétique constitutionnelle et biologie moléculaire) et à l’Institut Jules Bordet (cytogénétique oncologique).

Auteur : Thomas Coucq
Source : Osiris News (n° 28, septembre-novembre 2012)