Au gré de ses rencontres et de ses voyages, le Pr Tamas Illés a pris goût à la chirurgie rachidienne et s'est spécialisé dans cette discipline. Retour sur le parcours atypique du nouveau chef du service d'Orthopédie-Traumatologie du CHU Brugmann.
Tout commence en Hongrie pour le Pr Illés. Un chirurgien orthopédiste… qui ne voulait pas être orthopédiste. "J'ai toujours voulu être chirurgien, mais je ne connaissais pas bien l'orthopédie", se souvient-il. " Mes débuts, je les ai faits dans le service d'Anatomo-Pathologie afin d'acquérir une formation globale en médecine. J'ai ensuite occupé l'unique place vacante disponible pour continuer ma formation: celle de chirurgien orthopédiste."
Première escale en France
De fil en aiguille, c'est à Paris que se poursuit le parcours de Tamas Illés. Pourquoi la France? "Parce que je voulais apprendre la langue de Molière", confie-t-il dans un sourire. "Ma femme est Française et mes enfants parlent le français. J'ai donc décidé d'intégrer un service orthopédique à Paris. Je pouvais à la fois y apprendre cette nouvelle langue et me spécialiser en orthopédie tout en utilisant mon savoir d'anatomo-pathologie."
Le choix de la chirurgie rachidienne
À Paris, Tamas Illés intègre l'Hôpital Saint-Vincent de Paul. Il y fait la connaissance du Pr Dubousset, spécialiste notoire de la chirurgie rachidienne pédiatrique. Corriger les déformations de la colonne vertébrale n'était pas la vocation première de Tamas Illés quand il est arrivé à Paris. Mais cette rencontre s'avère décisive. "Une fois sur place, j'ai pris conscience de l'expertise du Pr Dubousset dans cette discipline. Après en avoir longuement discuté avec lui, j'ai choisi de m'orienter dans cette voie." Le hasard fait apparemment bien les choses: à entendre parler le Pr Illés, on perçoit immédiatement l'intérêt qu'il porte à sa profession. "Ce que je préfère dans cette spécialité, c'est la diversité des options disponibles: il existe souvent plusieurs alternatives thérapeutiques ou approches pour une pathologie."
Retour en Hongrie et autres expéditions
Après cet intermède parisien, la famille
Illés au grand complet retourne en
Hongrie. Le Pr Illés y crée un petit centre
de chirurgie rachidienne, à l'Université de Pécs. Il en devient le chef de service.
Dans son pays d'origine, Tamas Illés a la
chance d'occuper une place centrale en
Europe. "J'y étais proche de la Lettonie,
de la Roumanie ou encore de l'Ukraine.
Autant de pays où j'ai eu l'opportunité de voyager dans le cadre de ma profession." Le chirurgien se fait globe-trotter:
il opère aussi des patients au Danemark
ou en Thaïlande; il donne cours en
Syrie, en Espagne et en France. "J'ai
toujours accepté ces expéditions parce
que ce genre d'expérience m'intéresse
et me donne l'occasion de découvrir la
manière dont les services sont organisés
ailleurs."
Bruxelles...
Fort de cette expérience multiculturelle,
Tamas Illés pose ses bagages à Bruxelles.
C'est le "U" du CHU Brugmann qui a particulièrement
suscité son intérêt. "J'ai
toujours travaillé dans les milieux universitaires
et poursuivre dans cette voie
me tient à coeur", précise-t-il. "Le CHU Brugmann recèle en outre une multitude
de possibilités: les différents services
sont très bien organisés. Poursuivre la
collaboration de l'orthopédie-traumatologie
avec d'autres départements très pointus sera sans nul doute très bénéfique à notre service. De mon côté, j'apporte
un regard nouveau et j'espère qu'il
pourra contribuer à améliorer le fonctionnement
du service au quotidien."
L'un des premiers souhaits du Pr Illés:
créer un plus grand "esprit chirurgical". "Je voudrais que le chirurgien ait davantage
de marge de manoeuvre par rapport à ce qu'il fait et aux conditions dans lesquelles
il trouve opportun de le faire, que
ce soit lui qui puisse décider quand et comment il veut opérer, par exemple. La
chirurgie comporte toujours des risques;
il est important pour nous de travailler
dans des conditions optimales pour
limiter ces risques."
... et son lot de projets !
Quand on lui demande d'imaginer l'hôpital
idéal dans quelques années, le Pr Illés
répond sans hésiter: "Les outils informatiques
de diagnostic y seront plus développés
et les ordinateurs permettront de
pratiquer les opérations avec beaucoup
plus de précision".
C'est donc empli du désir de faire "toujours
mieux" que Tamas Illés endosse sa
nouvelle fonction. Comment envisaget-il de mettre concrètement ce projet en
place? "Je n'ai pas encore d'idées tout à fait précises. Pour l'instant, j'observe. La
mise en oeuvre concrète se construit au
jour le jour."
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
30, mars-mai 2013)