Le Pr Wauthy multiplie les casquettes: Chef de Service de Chirurgie Cardiaque, Maître de stage, médecin responsable d'une unité d'hospitalisation (MRUH) et dorénavant Chef du Département de Chirurgie Générale… Comment combine-t-il toutes ces fonctions? "En me levant très tôt et en finissant très tard", sourit-il. Démonstration.
C'est à l'âge de 18 ans que Pierre
Wauthy quitte ses Ardennes
natales pour Bruxelles. Objectif:
décrocher un diplôme de médecin. "J'ai
arrêté le choix de mes études très tard.
J'avais dressé un tableau qui reprenait
les critères importants à mes yeux:
rendre service, être très impliqué dans
mon travail et ne pas avoir d'horaires
fixes…"
Ces trois caractéristiques, Pierre Wauthy
les retrouve pleinement dans sa fonction
actuelle. "Aider est bien entendu la clé de notre travail. Et côté implication et
horaires, je ne suis pas déçu: je connais l'heure à laquelle je quitte la maison,
mais je ne sais jamais quand je rentrerai
chez moi", relate-t-il. Et c'est vrai qu'avec
les multiples casquettes qu'il endosse
tour à tour, les journées du Pr Wauthy
sont plutôt chargées.
7h du matin : l'enseignant
Le Pr Wauthy débute généralement sa
journée à l'aube. "Je suis du matin", sourit-il. Première étape: assurer le suivi de
la formation des post-gradués en chirurgie
et des internes en médecine. Tous les matins, les post-gradués sont invités à une remise de garde devant l'ensemble du
Département de Chirurgie. Ils y exposent
les cas cliniques des patients qu'ils ont
suivis au cours des dernières heures.
Les étudiants en médecine bénéficient
eux d'un "spot de chirurgie", organisé à tour de rôle par les différentes disciplines
du Département de Chirurgie. "Les
tâches d'enseignement figurent parmi
mes activités préférées", précise le
Pr Wauthy. "Le contact avec les étudiants
est très enrichissant."
9h : en étroite collaboration
Ensuite, cap sur les Soins intensifs et les unités d'hospitalisation pour suivre l'évolution des patients qui ont été opérés. Ici comme ailleurs, une collaboration étroite avec les différents départements est essentielle. "Un grand service de chirurgie cardiaque n'est rien seul", explique le Pr Wauthy. "Ce qui fait sa force, c'est une collaboration optimale avec de bons services de cardiologie et de radiologie, avec des anesthésistes et des perfusionnistes performants, et avec des soins intensifs et des unités d'hospitalisation au top."
9h30 : en salle d'op'
Le Pr Wauthy reste attaché à la clinique et à sa pratique. "Je n'ai pas fait 7 ans de médecine, 6 ans de spécialisation en chirurgie et 4 années de résidanat pour laisser tomber tout ça à 44 ans", s'exclame-t-il. C'est notamment le côté technique de la chirurgie qui avait initialement attiré le Pr Wauthy. "J'ai en outre toujours été intéressé par la cardiologie et j'ai développé un goût particulier pour les cardiopathies congénitales. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai choisi le CHU Brugmann et son Service de Chirurgie Cardiaque un peu particulier, à cheval entre l'HUDERF et le CHU", retrace le Pr Wauthy. "La chirurgie des malformations du coeur est complexe et exigeante mais aussi passionnante et très variée."
14h : les consultations
La partie "contacts humains" est un autre versant des activités du Pr Wauthy. "L'une des seules choses que je regrette dans ces journées au pas de course, c'est de ne pas toujours prendre le temps de m'asseoir auprès des patients et de papoter avec eux", déplore le Pr Wauthy.
L'après-midi et plus encore
La "to do list" du Pr Wauthy est encore
longue. "Je m'occupe des séminaires des étudiants en médecine, je gère les problèmes
des médecins post-gradués en
spécialisation… ", énumère-t-il. "Je suis en outre le MRUH (médecin responsable de
l'unité d'hospitalisation) de l'unité 11, qui
regroupe la cardiologie, la chirurgie cardiaque
et la chirurgie vasculaire. Je dois être particulièrement à l'écoute du personnel
infirmier dans cette unité pour aider à résoudre les problèmes qui s'y posent."
La journée se termine, tard. L'un des
atouts du Pr Wauthy, c'est qu'il n'a pas
besoin de beaucoup de sommeil. Il peut
dès lors prendre le temps de se déconnecter
quelque peu du boulot... avant
d'entamer une nouvelle journée sur les
chapeaux de roues.
Osiris News: Pourquoi un Département de Chirurgie?
Pr Pierre Wauthy: Les chirurgiens partagent
un même "outil" de travail: le
quartier opératoire. Et nous sommes
liés aux autres protagonistes qui y
travaillent: les anesthésistes, les infirmières,
les perfusionnistes… Nous
avons aussi en commun certaines unités
d'hospitalisation, des responsables de
secteurs infirmiers, une partie de la polyclinique… Il est donc logique d'avoir un
interlocuteur qui représente l'ensemble
des chirurgiens.
L'organisation en départements simplifie la coordination entre les différentes
entités dans le cadre de la formation
des étudiants en médecine et des médecins
candidats spécialistes. Elle permet
aussi d'instaurer un système de garde
sur place commun aux différentes spécialités
chirurgicales, ce qui assure une
cohérence dans les prises en charge.
Comment la communication entre les unités du département s'organise-t-elle?
Chaque semaine, les chefs de service et de clinique sont réunis en collège. C'est au sein de ce groupe que nous débattons des sujets importants. Une réunion de staff est organisée tous les vendredis matins, vers 7h - 7h30. Nous y discutons notamment de l'organisation du travail des candidats spécialistes et de la prise en charge des patients. Y sont aussi évoqués des sujets comme la répartition des plages horaires du Quartier opératoire ou le développement de l'activité chirurgicale et scientifique, service par service. Aujourd'hui, le département compte beaucoup de nouveaux responsables (comme le Pr Illés en Orthopédie ou le Pr de Meyer en Urologie), ce qui crée une nouvelle dynamique.
En quoi consiste votre fonction au sein de ce département?
Je suis responsable de tout ce qui est commun aux différentes spécialités chirurgicales. Je coordonne également les relations entre les membres du département. Il s'agit surtout d'un travail d'écoute. Il n'est pas question d'imposer un point de vue. Je consulte les chirurgiens, le personnel soignant, les candidats spécialistes et les étudiants en médecine… Je suis là pour intervenir et aider à trouver une solution en cas de problème. Ce qui me guide, c'est bien sûr l'intérêt collectif de la communauté chirurgicale et le bien-être des patients.Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
31, juin-août 2013)