Début 2014, la maternité du CHU Brugmann devenait la plus importante de Belgique avec près de 3.500 accouchements réalisés en l'espace d'un an. Zoom sur les spécificités de cet établissement qui, malgré son envergure, a réussi à conserver une taille humaine.
La maternité du CHU Brugmann est un établissement dit «à haut risque materno-foetal» : «Nous rencontrons un grand nombre de pathologies, tant chez la maman que chez le foetus, et nous disposons de l'infrastructure et du personnel nécessaires à la prise en charge de ces cas spécifiques», explique le Pr Jacques Jani, chef de service de Gynécologie-Obstétrique. «Dans un hôpital public comme le nôtre, les patientes sont davantage susceptibles de ne pas avoir bénéficié d'un suivi optimal pendant la grossesse et de souffrir de complications», poursuit-il. «Un certain nombre de patientes présentant une grossesse à risque nous sont aussi référées en raison de la réputation dont jouit notre maternité.»
Une renommée internationale
Le CHU Brugmann dispose de l'un des centres
de médecine foetale les mieux cotés d'Europe. «Nous
sommes parmi les seuls à poser des gestes thérapeutiques
très complexes sur le foetus in utero
(chirurgie non invasive, transfusions...). Le centre
est aussi reconnu pour son activité de recherche
scientifique en médecine foeto-maternelle», détaille
le Pr Jani.
«Depuis janvier 2013, nous proposons en outre
à nos patientes le diagnostic prénatal non invasif»,
rappelle-t-il. Cette simple prise de sang réalisée chez
la maman permet de dépister chez le foetus certaines anomalies chromosomiques (dont la trisomie 21)
avec un haut degré de certitude et sans aucun risque de fausse couche. Ici encore, le CHU Brugmann fait figure de précurseur en ayant été parmi les tout premiers
à le proposer en Belgique.
Ces connaissances et cette expertise, la maternité
du CHU Brugmann les exporte volontiers: «Nous
formons beaucoup de médecins étrangers dans les
domaines les plus pointus de la médecine foetale. Ils retournent ensuite dans leur pays d'origine forts de
cette expertise que nous avons partagée», indique le
Pr Jani.
La proximité de l'HUDERF
Autre atout majeur de la maternité du CHU
Brugmann: elle est située à quelques mètres à
peine de l'HUDERF, le seul hôpital universitaire
pour enfants de Belgique. Les deux structures
sont reliées par une passerelle, véritable cordon
ombilical qui assure la continuité des soins. «Cette
proximité géographique contribue indéniablement à
l'attractivité de notre maternité», affirme le Pr Jani.
«Un nouveau-né qui souffre d'une pathologie peut
par exemple être transféré à l'unité de Néonatologie
intensive dès l'accouchement pour y être pris en
charge immédiatement de manière optimale. Cet agencement accroît ses chances de survie et limite
le risque de séquelles irréversibles. Et le bâtiment
Vis en construction, qui sera "à cheval" sur les deux
établissements, permettra encore plus de synergies
et de collaborations entre les équipes de la
Maternité et de l'HUDERF.»
L'époque où les sages-femmes tenaient un rôle secondaire est révolue. Aujourd'hui, elles sont les actrices à part entière d'une prise en charge globale de la patiente, de la conception à l'accouchement et au retour à la maison.
«Tout au long du parcours, nous nous efforçons
d'être à l'écoute de nos patientes, de les informer, de
les guider», retrace Katia Paemelaere, sage-femme
chef de service en charge de la maternité. Mais
peut-on vraiment proposer un accueil personnalisé dans une maternité aussi fréquentée que celle du
CHU Brugmann? «Oui!», affirme Katia Paemelaere.
«Malgré la quantité de travail, nous nous efforçons
de proposer à nos patientes la prise en charge la
plus chaleureuse et la plus humaine possible. Tout
en étant particulièrement attentives à la sécurité et à la qualité des soins offerts.»
Avant l'accouchement
Les futures mamans qui le souhaitent peuvent
venir visiter la maternité avec leurs proches.
Les consultations prénatales sont réalisées par
une équipe pluridisciplinaire d'obstétriciens et de
sages-femmes. Ces dernières assurent le suivi des grossesses eutociques (sans pathologie). Elles s'occupent également des consultations individuelles
de préparation à la naissance, dans lesquelles sont
abordés la manière dont l'accouchement va se
dérouler, les techniques de soulagement de la douleur,
l'allaitement maternel...
Certaines sages-femmes ont suivi des formations
complémentaires et sont aptes à réaliser
elles-mêmes des échographies de routine. «Dans la
mesure du possible, nous essayons qu'une patiente
soit "attachée" à une sage-femme qui la suivra pendant
toute sa grossesse», indique Katia Paemelaere.
Le jour J
Les sages-femmes prennent en charge le suivi du travail et l'accouchement. En cas de complication, elles font appel au gynécologue. «Ce jour-là, nous accordons une attention toute particulière à l'accueil des mamans et à la manière dont nous nous adressons à elles», précise Viviane Delendecker, sage-femme en chef de la salle d'accouchements. «C'est un moment tellement intense qu'une relation se tisse très spontanément dès l'admission. À sa naissance, le bébé est directement déposé sur sa maman, pour bénéficier du "peau à peau". C'est une étape de la vie très émouvante, y compris pour nous! Même si nous accompagnons chaque jour une dizaine d'accouchements, chaque grossesse est différente, chaque personne est unique, chaque jour se distingue de la veille.»
Après le retour à la maison
Les sages-femmes continuent à assurer le suivi de la maman. «Nous leur proposons notamment des consultations post-natales axées sur l'allaitement», explique Linda Berrefas, sage-femme consultante en lactation. Des ateliers de massage et de portage sont également organisés. «Notre objectif est de mettre en place un maximum d'outils autour de nos patientes pour éviter qu'elles se sentent démunies quand elles quittent la maternité.»
Pour améliorer la qualité des soins proposés, les équipes de notre maternité travaillent main dans la main à l'élaboration de projets communs. Zoom sur trois d'entre eux.
Un hôpital ami des bébés
Le label IHAB (Initiative Hôpital Ami des Bébés) promeut un accompagnement optimal des parents à la maternité. L'hôpital candidat doit satisfaire à 10 critères, relatifs à la formation du personnel, à l'éducation des patientes, au déroulement de l'accouchement ou encore à l'alimentation du nourrisson. Seule une maternité belge sur 5 peut se prévaloir d'avoir obtenu ce label d'excellence. «Le label IHAB constitue un véritable défi pour une maternité de l'envergure du CHU Brugmann, qui draine un grand nombre de soignants et de patientes», souligne Linda Berrefas, sage-femme coordinatrice IHAB. Défi relevé avec brio pour le CHU Brugmann, qui s'est vu décerner le label à deux reprises, en 2009 puis en 2012. Parmi les critères IHAB, l'allaitement maternel occupe une place de choix. «Dans le cadre de ce label, nous avons mis en place des consultations pré- et post-natales axées sur l'allaitement. Notre objectif: rassurer les mamans et les doter d'un maximum de renseignements sur le sujet», explique Linda Berrefas.
Un "club" de psycho-périnatalogie
La maternité du CHU Brugmann fait partie du Réseau Mère-Enfant de la Francophonie, qui rassemble des professionnels de la périnatologie: sages-femmes, gynécologues, pédopsychiatres, psychologues, infirmiers pédiatriques, travailleurs sociaux… Les membres du réseau se réunissent au sein de séminaires pour «échanger des bonnes pratiques» et apprendre à gérer au mieux les situations les plus critiques, notamment en termes de précarité ou d'addiction.
Détecter la violence intrafamiliale
En 2012, le Fonds Houtman pour l'enfance en difficulté a souhaité soutenir un projet porté conjointement par le CHU Brugmann, l'HUDERF, le CHU Saint-Pierre et le CUMG (Centre universitaire de médecine générale de l'ULB). Dans le cadre de ce projet, des gynécologues, des pédiatres, des sages-femmes, des psychologues et des pédopsychiatres collaborent à l'élaboration d'un questionnaire de détection de la violence intrafamiliale. La recherche s'accompagne d'une évaluation de l'impact de cette problématique sur les états de stress précoce chez l'enfant.
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
35, juin-août 2014)