À l'instar des autres hôpitaux du réseau IRIS, le CHU Brugmann dispose d'un accès au PET-CT scan basé à l'Institut Bordet. Cette machine hybride révolutionnaire constitue un précieux atout pour les patients et les médecins.
Pour en savoir davantage sur le sujet, Osiris News est allé à la rencontre du Dr Luisa Divano, chef de service de Radiologie (CHU Brugmann), du Pr Patrick Flamen, chef de service de Médecine nucléaire à l'Institut Bordet, et du Pr Anne-Sophie Hambye, chef de service de Médecine nucléaire (CHU Brugmann).
Osiris News : Qu'est-ce qu'un PET-CT scan ?
Prof. Flamen: Il s'agit d'un appareil qui combine des technologies de médecine nucléaire (PET) et de radiologie (CT). Le PET-CT scan associe donc deux types d'informations. Le CT fournit des images «en tranches» de l'organisme; il permet de déceler et delocaliser les lésions anormales. Le PET consiste à injecter dans le corps un produit légèrement radioactif (isotope) qui va se fixer sur les lésions hyperactives. Grâce à cet examen qui couple les deux acquisitions d'images, nous pouvons analyser et quantifier l'activité métabolique de ces lésions. C'est un signal très sensible et très fiable pour évaluer l'activité cellulaire, comme dans le cas de cancers, par exemple.
Osiris News : A quoi le PET-CT scan sert-il ?
Dr Divano : Cet examen est particulièrement utile pour les cancers mais aussi pour les pathologies dont le diagnostic est difficile à établir.
Prof. Flamen : Le PET-CT scan peut en outre servir à caractériser lésion pour déterminer si elle est bénigne ou non. Il occupe aussi une place de choix dans l'évaluation du stade d'extension de la maladie (le "staging") et dans le choix du traitement à instaurer. Cet appareil permet en outre de détecter précocément les éventuelles récidives d'une maladie. Enfin, il est de plus en plus utilisé pour l'évaluation précoce de l'efficacité d'un traitement. Si l'activité métabolique reste identique après un cycle de cure, il y a une forte probabilité que le patient ne réponde pas au traitement. Cette indication répond à un enjeu sociétal important: avec le vieillissement et l'augmentation de l'espérance de vie, nous sommes confrontés à un nombre croissant de cancers pour lesquels les traitements sont très onéreux (notamment parce qu'ils sont de plus en plus spécifiques). Les soignants ont besoin d'outils qui les aident dans leur décision d'instaurer, de maintenir ou d'arrêter un traitement.
Osiris News : Quels sont les touts de cette technologie ?
Dr Hambye : Un seul examen fournit simultanément des informations sur les caractéristiques structurelles et métaboliques des lésions détectées, affinant directement le diagnostic. L'association de ces deux procédés constitue donc un outil extrêmement précieux pour le médecin. La technique permet par exemple d'éviter une biopsie chez un patient présentant des lésions suspectes.
Dr Divano : En outre, l'analyse des résultats est le fruit d'une collaboration entre spécialistes de médecine nucléaire et de radiologie. Chaque cas est discuté par un binôme formé d'un isotopiste et d'un radiologue, ce qui réduit le risque d'erreur diagnostique. Cette collaboration entre les deux spécialités, de plus en plus indispensable, est bénéfique pour tous.
Osiris News : Le PET-CT scan dont vous disposez est particulièrement performant...
Dr Hambye : C'est exact. Au départ, nous disposions d'un simple PET scan, avec lequel il était difficile de localiser précisément les lésions détectées. En 2005, nous avons fait l'acquisition d'un premier PET-CT scan, capable de repérer avec plus de précision les lésions observables à l'examen de médecine nucléaire. Nous disposons aujourd'hui d'un scanner ultraperformant dans une machine PET plus récente. Cet appareil quatre fois plus rapide nous permet de réaliser beaucoup plus d'examens: de 20 à 24 patients par jour peuvent en bénéficier (contre 6 par jour avec l'ancienne machine).
Dr Divano : Outre cette rapidité, l'analyse morphologique des lésions s'est aussi netteement affinée!
Osiris News : Les enfants peuvent-ils bénéficier de cet examen ?
Dr Hambye : Oui, cette possibilité existe depuis 2011. Nous avons développé une technique de prise en charge spécifique pour les enfants en collaboration avec l'Institut Bordet et les médecins de l'HUDERF. Objectifs: leur offrir une prise en charge optimale et diminuer leur anxiété. Nos petits patients sont légèrement sédatés avec du MEOPA, un mélange gazeux aux propriétés anesthésiantes et calmantes. En général, tout se passe très bien.
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
35, juin-août 2014)