Le CHU Brugmann collabore avec d'autres hôpitaux dans divers domaines. Échanges d'avis et de bonnes pratiques, mutualisation des ressources, garantie des meilleurs soins pour le patient... Le travail en réseau possède de nombreux avantages. Démonstration par l'exemple.
Inauguré fin janvier 2014, le CCHB est essentiellement axé sur la prise en charge chirurgicale des tumeurs du foie et des voies biliaires et sur les transplantations hépatiques. ce réseau regroupe le CHU Brugmann, l'Institut Bordet, le CHU Saint-Pierre et l'Hôpital Érasme. «Il ne s'agit pas d'un centre basé à un seul endroit, qui recruterait et concentrerait l'ensemble des patients, mais plutôt d'une structure destinée à favoriser la collaboration entre des chirurgiens issus de ces différents hôpitaux», précise le Pr Vincent Donckier, directeur du CCHB et chirurgien à l'Hôpital Érasme et à l'Institut Bordet.
Fédérer les savoir-faire
C'est le Dr Freddy Mboti, chef de clinique adjoint du département de chirurgie viscérale, qui représente le CHU Brugmann au sein du CCHB. «Chaque mois, je participe à la réunion regroupant les chirurgiens du centre», explique-t-il. ce tour de table est organisé dans chaque hôpital à tour de rôle, preuve supplémentaire de la volonté d'impliquer l'ensemble des participants dans le processus, de manière équilibrée.
«Chaque chirurgien expose les cas cliniques complexes rencontrés au cours de ses dernières consultations», relate le Dr Mboti. Objectif: susciter la discussion: «Le bilan doit-il être complété? Quelle approche thérapeutique privilégier en priorité? La mise en commun de nos savoir-faire permet de jouir d'un niveau élevé d'expertise dans la pathologie hépatique: une aubaine pour nous aider à prendre des décisions de manière plus éclairée», affirme le Dr Mboti.
Des chirurgiens "mobiles"
La collaboration au sein du CCHB va au-delà de l'échange d'avis: «Je peux me déplacer dans l'un des hôpitaux partenaires si les conditions pour réaliser l'intervention indiquée (expertise, matériel, infrastructure...) le permettent. il arrive aussi que l'équipe médicale d'un autre site vienne opérer avec nous ici, au CHU Brugmann», explique le Dr Mboti. «Pour nos patients, la formule est un must: ils reçoivent les meilleurs soins, ce qui se fait de plus "up-to-date" dans le domaine. et d'un point de vue personnel, c'est un enrichissement permanent», se réjouit le Dr Mboti.
L'hôpital en réseau semble avoir de beaux jours devant lui: la formule est en effet bénéfique, tant pour les patients que pour les médecins et les établissements dans lesquels ils travaillent.
Dans le cadre du centre de chirurgie hépatobiliaire, la mise en place d'un réseau permet de répondre à une série de défis. «Cette branche de la chirurgie devient une spécialité propre, qui requiert une formation et une expertise spécifiques», explique le Pr Donckier. «Ce type de discipline doit aussi être soutenu par un volume d'activités suffisant et peut, dans certains cas, nécessiter un matériel particulier, d'où l'intérêt de mutualiser les ressources. chaque hôpital participant en ressort gagnant.»
Objectif n°1 : améliorer les soins de tous les patients
«S'allier à d'autres hôpitaux permet de fédérer des dynamiques positives, de faire émerger de nouvelles approches, voire de nouvelles possibilités thérapeutiques et, in fine, d'augmenter le niveau d'expertise. c'est une manière innovante et intelligente de concevoir la médecine», s'enthousiasme le Dr Luc Bruyninx, chef du service de Chirurgie digestive et thoracique.
«Pour le patient, c'est un gain de sécurité et de qualité, la garantie de bénéficier des meilleurs soins disponibles. en outre, continuer à être soigné par "son" médecin, même si c'est dans un autre établissement, peut certainement le rassurer et permet de garantir la continuité des soins.»
Une plus-value pour l'enseignement et la recherche
«Fonctionner en réseau permet aussi d'augmenter le volume d'activités de l'ensemble des participants et d'atteindre un nombre suffi sant d'interventions réalisées dans un domaine spécifique», poursuit le Dr Bruyninx. un sérieux atout quand on sait que la recherche nécessite une masse critique de patients candidats à des études cliniques.
«Concentrer les cas constitue par ailleurs une ressource importante pour la formation de nos futurs médecins», ajoute le Pr Donckier.
Accroître la rentabilité
En favorisant un moindre coût pour une efficacité optimale, la collaboration au sein d'un réseau permet en outre d'assurer la meilleure rentabilité possible, tout en faisant primer la collaboration plutôt que la concurrence entre médecins.
«Cette manière de fonctionner répond aux défis de maîtrise des coûts qui se posent dans le secteur des soins de santé», affirme le Dr Bruyninx. «À l'heure actuelle, la médecine demande des spécificités de plus en plus pointues, ce qui induit des coûts de plus en plus conséquents. Or qui dit coûts, dit obligation de rationalisation. et la solution pour rationaliser se trouve, en partie du moins, dans le fonctionnement en réseau.»
Un avant-goût du CHU de Bruxelles ?
«En allant un pas plus loin, on peut concevoir ce type de collaborations comme un "embryon" - dans un domaine très précis - de ce que sera le CHU de Bruxelles, qui regroupera le CHU Brugmann, l'HUDERF, le CHU Saint-Pierre et l'Institut Bordet», avance le Dr Bruyninx.
«La dynamique de fonctionnement qui animera ce grand centre universitaire bruxellois sera similaire à celle qui fédère nos hôpitaux en réseau. À l'instar de ce qui se fait maintenant, il faudra garantir la complémentarité des approches et veiller à ce que chaque hôpital conserve ses spécificités. en tout état de cause, les bénéfices engrangés par les collaborations actuelles et la volonté affi chée des différents partenaires de travailler ensemble sont des signes encourageants pour la suite.»
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
36, septembre-novembre 2014)