Depuis début 2017, le nouveau Centre de réadaptation cardiaque ambulatoire du CHU Brugmann propose une prise en charge multidisciplinaire aux personnes présentant une maladie cardiovasculaire. Georges, 68 ans, est le tout premier patient à avoir bénéficié de ce programme. Il revient sur son parcours.
En octobre dernier, Georges a été victime d’une "mort subite". «Mon coeur a cessé de battre pendant 18 minutes!», raconte-t-il. «J’étais en train de purger des radiateurs quand j’ai perdu connaissance. Je me suis réveillé à l’hôpital sans le moindre souvenir des minutes qui ont suivi ma syncope. J’ai appris par après qu’une étudiante sage-femme qui habitait l’immeuble m’avait prodigué un massage cardiaque en attendant les secours. Les secouristes ont eu recours au défibrillateur pour relancer mon coeur. Six électrochocs ont été nécessaires! J’ai directement été emmené au CHU Brugmann, où l’on m’a opéré.»
La réadaptation cardiaque : pour qui ? Pourquoi ?
«Les patients concernés par le programme peuvent avoir subi un infarctus du myocarde et/ou une opération de chirurgie cardiaque, comme Georges, mais le programme s’adresse aussi aux personnes atteintes d’autres maladies cardiovasculaires telles qu’une insuffisance cardiaque ou une coronaropathie avec pose d’un stent, notamment», commente le Dr Behrouz Sina, cardiologue réadaptateur au CHU Brugmann.
Ces patients bénéficient de la réadaptation cardiaque soit en étant hospitalisés, soit en ambulatoire. Ils sont encadrés par une équipe spécialisée composée d’un cardiologue réadaptateur, d’un kinésithérapeute, d’un diététicien, d’un psychologue tabacologue et d’un assistant social.
Objectifs: aider ces patients à récupérer leurs capacités physiques antérieures, voire à les améliorer, mais aussi prendre en charge et diminuer les facteurs de risque de maladie cardiovasculaire. Outre un réentraînement à l’effort personnalisé, les patients bénéficient d’un suivi diététique et d’un soutien psychologique.
Un programme "sur mesure"
Avant de débuter le programme, le patient est
vu en consultation par un cardiologue réadaptateur.
«Cette consultation est couplée à un bilan qui permet
de définir avec précision les caractéristiques de sa
pathologie», précise le Dr Sina. «Nous lui faisons aussi
passer un test cardiorespiratoire d’effort (ergospirométrie)
pour évaluer ses capacités physiques.»
En fonction des résultats obtenus, un programme de réentraînement à l’effort «sur mesure» est proposé au patient à raison de trois séances par semaine pendant trois mois. Au cours de ces séances, son rythme cardiaque et sa tension artérielle sont étroitement surveillés par l’équipe médicale. «Mais le patient est aussi invité à s’autocontrôler », souligne le Dr Sina. «Il apprend comment s’entraîner et à quelle fréquence, et peut l’appliquer à vie. Il devient ainsi l’acteur principal de sa prise en charge.»
"Je ressens les améliorations au quotidien"
«Mon programme d’entraînement était clairement établi dès le départ», se souvient Georges. «J’ai fait beaucoup de "cardio" (du vélo, en alternant les charges de pédalage, du tapis roulant…). On m’a également proposé des exercices de renforcement musculaire. Je faisais déjà du sport (marche nordique et natation), mais bénéficier d’un accompagnement tel que celui-ci m’a rassuré sur le fait que ce qu’on me demandait de faire était en adéquation avec mon état et les objectifs de la revalidation. Au fil des séances, j’ai vu mes performances physiques s’améliorer; je le sens d’ailleurs dans ma vie de tous les jours. J'ai aussi été témoin des progrès des autres patients. J’ai vu des personnes revivre! Cela transparaît sur leur visage, dans leur attitude.»
«Avant, on préconisait de ne pas trop bouger après un événement cardiovasculaire. Aujourd’hui, on tient un discours tout à fait différent», observe le Dr Sina. «Plusieurs études ont montré que ce type de programme permet de faire baisser la mortalité d’environ 30%!»
Et après ?
À l’issue du programme, un deuxième bilan permet d’évaluer l’évolution de l’état du patient. «Les bénéfices sont assurés même si le degré de progression varie d’une personne à l’autre», observe le Dr Sina. «Les patients sont ensuite invités à mettre en pratique au quotidien tout ce qu’ils ont appris durant la réadaptation. Ils bénéficient par ailleurs d’un suivi médical régulier à vie.»
«J’ai déjà adapté mon régime alimentaire», indique Georges. «La diététicienne m’a donné de très bons conseils! Elle a tenu compte de mes goûts. Je vais très certainement continuer à bouger, en étant davantage conscient des bons gestes à poser et des limites à ne pas dépasser. Et, qui sait, peut-être pourrai-je de nouveau prendre le départ des 20 km de Bruxelles en mai prochain?», glisse-t-il en souriant.
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
46, mars-mai 2017)