>>Dans les coulisses des blocs opératoires du CHU Brugmann

Une partie de l'équipe pluridisciplinaire du Bloc opératoire de Horta

Confrontés à un environnement imprévisible et changeant, les Quartiers opératoires du CHU Brugmann s’organisent. Découvrez dans ces pages les stratégies mises en place par les équipes de l'hôpital pour s’adapter à l’évolution d’une activité en perpétuelle mutation.

«L’union fait la force»: telle pourrait être la devise des Quartiers opératoires du CHU Brugmann. Ici, la gestion se fait en trio, avec l’infirmier en chef et les responsables de la chirurgie et de l’anesthésie.

Leurs missions ?

Assurer ensemble la gestion quotidienne et hebdomadaire du Bloc. «À Horta, nous nous réunissons chaque mardi pour passer en revue le programme de la semaine, la répartition des salles, les dossiers patients…», explique le Dr Thill, chef de la clinique de chirurgie.
En outre, le trio de responsables adapte le planning du bloc plusieurs fois par an après avoir procédé à une analyse approfondie du remplissage des différentes salles d’opération.
Objectif: coller à l’évolution de l’activité au fil du temps, en tenant compte du taux d’occupation et des ressources humaines disponibles.

À l'écoute

«Notre porte reste toujours ouverte aux chirurgiens, anesthésistes et au personnel infirmier», souligne encore le Dr Thill. «Nous tâchons d’être le plus possible à leur écoute s’ils ont des problèmes, des demandes particulières ou des projets pour développer le Quartier
Un modus operandi et une philosophie que l’on retrouve à Brien. Sur le site schaerbeekois du CHU Brugmann, le DrYves Dernier (chirurgie), le Dr Mohammed Lahrache (anesthésie) et Rida Hassouan (infirmier en chef) sont les chefs d’orchestre d’un Bloc entièrement repensé depuis sa rénovation en 2013.
«La collaboration entre les trois métiers est idéale», observe Rida Hassouan. «Nous sommes tous au service du patient, qui est à la fois le point de départ et le bénéficiaire de nos réflexions

À Horta : pérenniser la sortie de crise et déployer l’activité

Quartier opératoire 
Horta

Fin 2009, le Bloc opératoire de Horta était secoué par une crise d’envergure. Depuis lors, l’activité a été relancée et une série de projets ont été mis sur pied, mais le Quartier de Horta doit encore faire face à de nombreux défis.

«Il y a environ sept ans, notre Quartier était en péril suite au départ massif d’infirmières spécialisées », relate le Dr Thill, chef de clinique de Chirurgie. «On tournait alors avec deux à trois salles par jour, ce qui est extrêmement peu. Nous sommes parvenus à redresser la barre, notamment grâce à l’arrivée de nouvelles recrues venues étoffer le pôle infirmier, dont Danielle Veckmans, notre infirmière en chef. Cette dernière est parvenue à établir un lien entre les "anciens" et les "nouveaux", relançant de la sorte de nouvelles perspectives d’avenir. C’est également en réaction à cette crise qu’est né notre comité de gestion. La création de cette structure nous a permis de rétablir un climat serein et de mieux travailler ensemble. Aujourd’hui, l’activité est relancée: nous travaillons avec cinq salles par jour, plus une sixième le mercredi

Quartier opératoire 
Horta

Un équilibre précaire

«Nous souhaitons encore augmenter notre productivité », indique le Dr Bidgoli, chef de clinique d’Anesthésiologie. «Nous y travaillons chaque jour sans relâche, mais pour cela nous avons besoin de développer nos ressources humaines. L’équilibre que nous avons atteint avec beaucoup de difficultés est en effet de nouveau très précaire en raison du départ de plusieurs anesthésistes et infirmiers
«On ne peut pas les remplacer au pied levé parce que la fonction nécessite une formation spécifique», précise Danielle Veckmans. «À titre d’exemple, former entièrement un infirmier opératoire sur le terrain prend plusieurs mois! Il est très difficile de trouver une personne immédiatement "fonctionnelle". Parmi les pistes de solutions que nous avons identifiées, nous nous attelons donc à constituer une "réserve" de personnel pour étoffer les équipes

Des projets

Mais l’équilibre d’un Quartier opératoire est aussi étroitement lié à une bonne collaboration avec la multitude d’autres métiers que l’on rencontre au Bloc: personnel des soins intensifs, de la stérili, de la pharmacie, des services d’entretien, des achats, brancardiers…
«Nous mettons également en place des projets qui vont dans ce sens», indique le Dr Thill. Un exemple? L’organisation, tout dernièrement, d’un audit externe de l’ensemble des instruments nécessaires aux opérations chirurgicales. «Cette initiative a aidé à développer une meilleure synergie entre la stérili et le Quartier opératoire», commente le Dr Thill.
Et ce n’est pas tout! Pour s’adapter à un environnement en constante évolution, le Bloc de Horta n’est pas à cours de projets. «Dans le cadre de la gestion de la douleur, notamment, nous disposons d’une équipe spécifique qui prend en charge le patient avant, pendant et après son opération», détaille le Dr Bidgoli.
«Nous avons relevé de nouveaux défis comme la chirurgie du périnée par robot. Ce type de projet implique, outre la technique chirurgicale, un savoir-faire infirmier et anesthésique spécifique. Nous consacrons aussi du temps à l’accompagnement de PGs en anesthésie et en chirurgie, et d’étudiants stagiaires infirmiers; l’aspect "formation" est en effet particulièrement développé dans notre Quartier. Pour coller au plus près à l’évolution de la demande, il nous paraît indispensable d’améliorer l’informatisation du Quartier. Le projet d’ouvrir une sixième salle est aussi à développer. On le voit, des adaptations sont encore nécessaires, mais nous restons très optimistes quant au développement futur des activités du Quartier opératoire de Horta», conclut le Dr Bidgoli.

Les 3 atouts du Quartier de Brien

Quartier opératoire 
Brien

Les installations du Quartier opératoire de Brien ont été entièrement rénovées en 2013. Cette cure de jouvence s’est accompagnée d’une réorganisation en profondeur du Bloc. Zoom sur les points forts d’une structure à la pointe de la modernité.

Quartier opératoire 
Brien

Des installations flambant neuves

L’hospitalisation et la «one day» sont désormais regroupées au sein d’une même structure, avec deux circuits patients distincts (adultes et pédiatrie) et cinq salles d’opération ultra-modernes. «La configuration de notre Quartier opératoire s’inspire des derniers standards en la matière», commente Rida Hassouan, infirmier et chef opérationnel du Quartier opératoire de Brien.
Certaines salles ont été digitalisées. «On y a installé des écrans sur lesquels nous pourrons projeter des images de l’opération en cours, les dernières radios du patient ou encore ses paramètres vitaux. Le système permettra des vidéoconférences, des échanges entre collègues, la possibilité de recevoir rapidement l’avis d’un chirurgien sur un autre site…»
Hors salle, les procédures de rangement ont aussi été entièrement revues, avec notamment la mise en place d’un système qui facilite la recherche de matériel. À la clé: un gain de temps et une meilleure utilisation des ressources.
«L’organisation du Bloc est en évolution constante», souligne Rida Hassouan. «Elle varie au gré du développement de certaines disciplines et des besoins en matériel.»

Dynamisme, flexibilité et réactivité

À Brien, on est allergique à la vieille rengaine «On a toujours fait comme ça, continuons de la sorte!». «Dynamisme, flexibilité et réactivité sont des qualités indispensables dans une époque et un environnement où tout évolue très rapidement», confirme Rida Hassouan. «C’est particulièrement vrai au Quartier opératoire, où le risque de se perdre dans la routine et de conserver des habitudes qui ne sont plus adaptées à la situation actuelle est réel. C’est la raison pour laquelle nous sommes constamment en réflexion sur la manière d’améliorer encore davantage l’organisation du Bloc. Dans cette optique, nous restons attentifs aux innovations et nous tâchons de nous réapproprier les bonnes pratiques testées et approuvées ailleurs. Nous essayons aussi au maximum d’impliquer le personnel dans la réflexion et les projets, notamment à travers des séances de "brainstorming"

Une configuration particulière

«Parmi la quarantaine de praticiens qui utilisent le Bloc de Brien (chirurgiens, dentistes…), près de deux tiers sont "vacataires": ce ne sont pas des salariés de l’hôpital, ils utilisent le Bloc sans être sur place toute la semaine», relève le Dr Yves Dernier, chef de clinique adjoint en chirurgie vasculaire.
«Cette particularité a bien évidemment une incidence sur notre organisation. C’est une configuration qui requiert une certaine souplesse, notamment pour répartir les plages opératoires entre chaque praticien de manière équilibrée. Mais nous avons fait de cette souplesse un atout parce que, dans notre cas, cette flexibilité est aussi gage d’efficacité. La dynamique que nous avons instaurée à Brien et qui fait notre réussite nous a permis de proposer aux patients une offre moderne tout en gardant cette souplesse et cette convivialité qui faisaient déjà notre force avant les travaux
«Et c’est précisément cette convivialité qui nous permet d’être attractifs pour le personnel soignant et de durer dans le temps», souligne Rida Hassouan «Cela fait un peu slogan mais ce n’en est pas un», sourit le Dr Dernier. «Pour nous, c’est un reflet fidèle de la réalité

Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News (n° 46, mars-mai 2017)