>>Kinésithérapie vestibulaire

Le déficit vestibulaire unilatéral aigu :
Aussi appelé névrite vestibulaire est responsable d'un vertige rotatoire continu de plusieurs heures avec d'importants vomissements, impossibilité de tenir debout. Son origine est probablement virale.
Un examen clinique spécialisé est indispensable car les vertiges positionnels peuvent aussi être en relation avec une lésion neurologique.
Le vertige :
Le vertige est une illusion de mouvement de l'espace environnant par rapport à soi ou du corps subissant une sensation de mouvement différent du déplacement réel. Un bel exemple de vertiges rotatoire est la sensation que nous avons tous connu enfant lorsque qu'après quelques tours sur nous-mêmes nous nous arrêtions avec l'illusion de continuer à tourner ou de voir le décor tourner autour de nous.
Le mot "Vertige" provient du latin « vertere », tourner, ou « vertigo », mouvement tournant mais le vertige peut aussi être linéaire, comme l'illusion de tomber vers l'avant lorsqu'on se penche vers l'avant, de s'enfoncer dans le lit une fois couché ou l'impression que la voiture continue à avancer après s'être arrêtée.
Le VPPB ou Vertige Positionnel Paroxystique Bénin :
Ce sont des vertiges rotatoires intenses, brefs (le plus souvent de moins de 30 secondes), qui sont déclenchés par des mouvements particuliers tels que le passage à la position couchée, le redressement ou la rotation dans le lit, l'extension ou la flexion de la tête. Ces vertiges sont efficacement traités par des manœuvres de bascule ou rotation du corps, réalisées précisément en fonction de l'examen clinique qui permet d'identifier quelle partie de quelle oreille est en cause. Ces manœuvres sont souvent réalisées au cours d'une séance de kinésithérapie vestibulaire.
Un examen clinique spécialisé est indispensable car les vertiges positionnels peuvent aussi être en relation avec une lésion neurologique.
La maladie de Menière :
C'est un diagnostic souvent mentionné mais qui ne se vérifie que dans moins de 10% des vertiges. Le patient souffrant d'une maladie de Menière est victime de crises de grands vertiges de plusieurs heures avec des bruits spontanés dans l'oreille (acouphène), une sensation de tension dans l'oreille, une distorsion sonore, et une audition fluctuante évoluant vers une surdité prédominante sur les sons graves. Le diagnostic repose sur les symptômes, les examens complémentaires et l'évolution.
Le mal des transports ou cinétose :
La cinétose est l'intolérance à supporter les déplacements dans un moyen de transport, voiture, avion, bateau, train, tram, bus….
Elle résulte d'un conflit sensoriel entre les informations visuelles d'une part et les autres informations proprioceptives provenant du contact au sol ou de la perception des mouvements par les capteurs de l'oreille interne, les organes vestibulaires. Chez certains sujets les centres d'analyse cérébraux se révèlent incapables de gérer des informations discordantes. Il s'ensuit une incapacité à fournir une analyse de la situation de conflit, conforme à la réalité. Cela débouche alors sur un malaise plus ou moins intense accompagné le plus souvent de vomissements. Le mal de mer ou de l'air sont des exemples très répandus de cette incompétence. Les cinétoses peuvent être réduite par un entraînement spécifique en rééducation vestibulaire.
La dépendance exagérée de l'équilibration à l'entrée visuelle :
La dépendance visuelle excessive est l'utilisation inadéquate de la vision en tant qu'entrée sensorielle de l'équilibration dans les environnements où elle ne peut-être contributive, comme dans les environnements visuels mobiles, dans les environnements avec pauvreté de repères visuels, ou absence comme dans le noir.
De bons exemples sont : les grands magasins, la conduite sur autoroute, les transports en commun, devant la Tv, au cinéma, sur un trottoir parmi les piétons, le trafic.
Ce trouble désigne donc une atteinte fonctionnelle neurosensorielle car il s'agit d'un transfert inapproprié du poids de l'information vestibulaire, éventuellement défaillante suite à une névrite vestibulaire, des vertiges positionnels paroxystiques bénins récidivants, une maladie de Menière ..., vers l'information visuelle. Celle-ci étant non contributive, le sujet atteint se trouve « en panne d'information sensorielle » pour construire son équilibre et se mouvoir dans l'espace, d'où les malaises décrits. La dépendance visuelle excessive peut être réduite par un entraînement spécifique en rééducation vestibulaire
L'agoraphobie :
L'agoraphobie est souvent associée aux troubles paniques. Agora vient du grec et veut dire : la place publique, le lieu de rassemblement, du marché de la Cité. Elle n'est pas la peur de la foule au sens propre mais comme la définit Goodwin : « une anxiété à être dans un endroit ou une situation dont on aura difficile à s'échapper ou dont l'aide nécessaire en cas de besoin craint de ne pas être trouvée ». Ce qui effectivement se retrouve souvent dans les environnements très fréquentés d'où la confusion. Mais de nombreuses autres situations, conduisent également à l'agoraphobie. Elle est une conséquence fréquente de la dépendance visuelle excessive puisque les patients mettent en place des stratégies d'évitement des situations ou lieux dans lesquelles ils craignent que leur trouble se manifeste. Ce n'est pas tant la foule, les supermarchés ou les voitures que craignent les dépendants visuels mais plutôt leur mouvement, le défilement de la scène visuelle ou la pauvreté voire l'absence de repère visuel empêchant l'utilisation efficace de l'entrée visuelle. Le traitement de l'agoraphobie associe une prise en charge pluridisciplinaire et peut être réduite par un entraînement spécifique en rééducation vestibulaire.
Le vertige en hauteur ou face au vide :
La sensation de malaise qui peut survenir en hauteur ou face au vide s'appelle acrophobie et résulte d'une mauvaise balance entre les informations visuelles non contributives et les informations proprioceptives comme la perception de la pression et du contact des pieds au sol. C'est une autre manifestation de la dépendance visuelle.
Les chutes :
Les facteurs responsables de chutes sont multiples. La démarche diagnostique doit explorer la liste des médicaments pris, des problèmes musculaires, neurologiques, articulaires, des modifications de tension, de paramètres sanguins, de la sensibilité aux membres inférieurs et aussi le fonctionnement des organes de l'équilibre.
Certaines chutes accidentelles sont liées à l'habitat et à l'environnement (petit tapis, fauteuil trop bas, baignoire ou douche glissante, mauvais éclairage, chaussures inadaptées, ...)
La recherche des causes de chutes et leur prévention est donc basée sur un dialogue approfondi avec une équipe multidisciplinaire.
Les troubles d’équilibre et de la marche de la personne âgée ou du patient neurologique :
L'instabilité posturale est une sensation d'oscillations du corps visible ou non par un observateur extérieur lors de la marche ou de la seule station debout. Elle est fréquemment associée à des vertiges mais peut exister en leur absence. L'instabilité posturale peut avoir de multiples origines : un déficit sensitif des membres inférieur, une perte d'efficacité des organes de l'équilibre des oreilles internes ou de la vision. Ce peut aussi être un manque de précision des mouvements des membres inférieurs et du corps. L'exploration et le traitement relève donc de la synthèse des données recueillies par des spécialistes différents. Cette instabilité peut conduire à des pertes d'équilibre avec des chutes, parfois responsable de fractures invalidantes pour plusieurs mois. Une amélioration de l'équilibre par une rééducation vestibulaire ou de l'équilibration est donc une mesure préventive utile.

La kinésithérapie vestibulaire est une spécialité de la kinésithérapie qui a pour objet de prendre en charge, au moyen de techniques spécifiques de rééducation, les patients souffrant de pathologies du système vestibulaire (oreille interne et système nerveux central) et/ou de troubles de l’équilibre ou de la marche ou encore de cinétose (mal des transports).

Ces pathologies se manifestent par des sensations de vertiges vrais, rotatoires ou linéaires, d’instabilité posturale (déséquilibre) ou du champ visuel (oscillopsie), d’intolérance aux mouvements de l’environnement (dépendance visuelle exagérée), comme dans la foule, les grands espaces, les transports…
Des symptômes secondaires comme nausées, vomissements, angoisse, instabilité voire chute (etc.) y sont fréquemment associés.
Ces pathologies induisent souvent un retentissement socioprofessionnel justifiant parfois une interruption des activités.

Les pathologies prises en charge vont du VPPB, à la névrite ou neuronite vestibulaire en passant par la maladie de Menière, le syndrome otolithique, la cinétose aussi appelée mal des transports, les troubles fonctionnels comme la dépendance visuelle exagérée, l’agoraphobie et l’acrophobie, les chutes, les troubles d’équilibre et de la marche de la personne âgée,…

Les stratégies rééducatives spécifiques dépendent de la pathologie ou de la dysfonction identifiée. Elles visent à libérer le patient de ses vertiges mais aussi à accélérer, améliorer et orienter la compensation par le système nerveux central  de la fonction ou de l’organe déficitaire.
Elles consistent notamment en la stimulation du capteur vestibulaire déficient, de sa substitution par les information proprioceptives à travers la perception des positions et déplacements du corps, du réapprentissage des automatismes posturaux, de la symétrisation des réflexes oculomoteurs, de la stimulation de la proprioception oculaire, de la confrontation répétée à des situations de déséquilibre, d’entraînement à la marche selon diverses modalités.

Les savoirs hautement spécialisés nécessaires à la réussite de la kinésithérapie vestibulaire sont peu ou pas enseignés dans le cursus habituel des études de kinésithérapie et demandent donc de suivre une formation complémentaire. Ces savoirs concernent l’anatomie, la physiologie, les pathologies des systèmes vestibulaire et neurologique, des techniques rééducatives (etc.) en terme de compréhension des structures, des mécanismes causaux, des interactions entre les systèmes sensoriels…

De part sa spécialisation, à condition que la formation soit de qualité, le kinésithérapeute vestibulaire devient un acteur de choix, détenteur d’une expertise qui le rend incontournable dans la prise en charge des patients instables ou vertigineux.

La bonne réussite de la prise en charge, depuis le bilan pré-thérapeutique en passant par les stratégies rééducatives jusqu’au bilan de fin, nécessite l’usage d’un matériel spécifique, actuel et coûteux. Ce matériel est évidemment présent au sein de notre consultation de rééducation vestibulaire.
Sans ce matériel, la qualité de la prise en charge peut se trouver diminuée et les résultats incomplets voire absents.
Au nombre de ce matériel on relèvera les lunettes de vidéonystagmoscopie, le générateur de stimulations optocinétiques, la plateforme de posturographie dynamique, le générateur de réalité virtuelle, le fauteuil rotatoire, et du petit matériel comme tapis de mousse, trampoline, planche d’équilibre…

Les buts visés par la prise en charge en kinésithérapie vestibulaire et de l’équilibre sont :

  • la disparition des vertiges et symptômes associés ;
  • la restauration de l’équilibre ;
  • la prévention des chutes ;
  • le retour à une vie normale.

Un autre aspect important de ces pathologies et de leur rééducation réside dans le fait que l’efficacité de la prise en charge ne dépend pas de l’ancienneté des plaintes. Mêmes une pathologie tardivement diagnostiquée ou prise en charge trouvera une aide par la rééducation bien conduite.

>>Kinésithérapie.