Louis Seutin est né à Nivelles en 1793.
Dès l’école primaire, il suivit les enseignements d’un abbé, dont le frère était chirurgien. C’est au contact de ce dernier qu’il apprit l’anatomie et, très tôt, le petit Louis connaissait les noms de tous les os et muscles du corps humain.
A l’âge de 17 ans, en octobre 1810, il quitte Nivelles pour s’installer chez sa sœur aînée, qui habitait rue Haute à Bruxelles. Désireux d’entreprendre des études médicales, il obtient son admission à l’école secondaire de médecine implantée à l’Hôpital Saint-Pierre, avec la ferme intention de décrocher le brevet d’officier de santé. Il faut savoir qu’à l’époque, l’on pouvait obtenir un brevet qui permettait d’exercer l’art de la médecine sans avoir le grade de docteur.
Dès 1812, il décroche une place d’élève interne à l’hôpital et obtient les premiers prix d’anatomie et de médecine opératoire.
A cette époque, notre pays était français et Louis Seutin n’échappe pas à la conscription ; il peut cependant terminer ses études, réussir ses examens à Paris, mais est enrôlé comme chirurgien aide-major dans l’armée napoléonienne.
En 1813, Seutin se trouve sous les ordres du chirurgien chef LARREY et sa tâche consiste à soigner les blessés lors de plusieurs batailles en Allemagne ; il se retrouve cependant prisonnier durant quelques mois.
Licencié du service militaire français, il rentre en 1814 en Belgique, qui était à ce moment hollandaise.
Le 18 juin 1815, au gré des dominations subies par notre pays, il travaille dans le camp adverse, celui des forces hollando-belges, à la bataille de Waterloo. Dans une clinique improvisée près du champ de bataille, il détient le record d’amputation sur une journée, avec pas moins de 32 amputations réalisées dès 11 heures du matin !
De 1816 à 1820, Seutin redevient étudiant et obtient le diplôme de docteur en médecine à Leyde et celui de docteur en chirurgie et accouchements à Liège.
En 1822, il est appelé comme chirurgien chef de l’Hôpital Saint-Pierre et est plus tard nommé professeur de médecine opératoire, d’accouchements et de maladies des femmes et des enfants à l’école de médecine de Bruxelles.
Lors de la Révolution belge de 1830, il soigne le comte de Mérode, victime d’une fracture ouverte du fémur lors d’un combat contre les hollandais à Waelhem. Le comte, qui fut un temps pressenti pour devenir le Roi des Belges, survit à son amputation, ce qui était déjà assez exceptionnel pour l’époque, mais meurt 10 jours plus tard, des suites d’une gangrène.
Dans les mois qui suivirent la révolution, la situation politique était assez tendue et une assez vive altercation eut lieu au Parlement entre le libéral Charles Rogier et le républicain Alexandre Gendebien. La querelle se termine par un duel au pistolet, au cours duquel Gendebien logea une balle de pistolet dans la joue de Rogier ; ce denier est soigné par Louis Seutin et parvient à réchapper à une blessure réputée mortelle.
Après la Révolution belge de 1830, Seutin joue un rôle important dans la création du Service de santé de l’armée belge, dont il devient médecin en chef.
L’année 1834 est une année faste pour Seutin. C’est dans le cours de celle-ci qu’il est nommé médecin du Roi Léopold 1er, puis professeur ordinaire de chirurgie opératoire à la Faculté de médecine de la nouvelle Université Libre de Bruxelles, créée par Théodore Verhaegen.
En 1835, il préside le 1er congrès de médecine belge et y lance l’idée d’instituer une Académie de Médecine, créée en 1841.
A cette époque, également, une voisine lui présente sa chèvre, dont la patte est brisée. Ne disposant d’aucun appareillage de l’époque destiné à maintenir la patte fixe, il a l’idée d’utiliser une corde trempée dans de l’amidon et d’en enrouler la patte de l’animal. Quelques jours plus tard, il constate que le bandage a durci et a rempli la fonction souhaitée. Cet épisode lui donne l’idée d’utiliser de telles bandes chez l’homme et la technique prend le nom de méthode amovo-inamovible. Il faut savoir que le bandage amidonné avait sur celui au blanc d’œuf l’avantage d’être imputrescible et de se laisser bien modeler. Pour l'anecdote, cette méthode fut aussi connue, plus tard, sous l'appellation de méthode de « la chèvre de Monsieur Seutin », en référence au célèbre texte d'Alphonse Daudet.
D’autre part, rompant avec la tradition qui veut que tout blessé doit garder le corps entier au repos, il préconise le lever et la marche sur béquilles.
« La déambulation », écrit-il, « ne peut occasionner ni accident ni déplacement des fragments, tout en permettant au malade de se distraire, de se retremper au grand air au lieu de rester cloué au lit. Elle a la plus heureuse influence sur la formation de la consolidation du cal ».
En 1847, le roi Léopold 1er le nomme Baron.
En 1848, Louis Seutin est le premier à utiliser le chloroforme en anesthésie.
En 1853, Seutin est admis à la pension de retraite de l’armée et se fait élire sénateur du parti libéral. Au Sénat, il prône l’amélioration du sort des classes laborieuses et de l’hygiène publique et, par son action, parvient à faire diminuer drastiquement le nombre de femmes qui décédaient en couches à l’époque.
En 1860, soit 45 ans après ses brillantes prestations sur le champ de bataille de Waterloo, Louis Seutin fait une communication à l’Académie Royale de Médecine de Belgique, intitulée « De l’abus des amputations et de l’utilité de la Chirurgie conservatrice » et indique en préambule du texte de son exposé : « L’art de rendre les amputations inutiles doit faire précéder l’art de les bien faire ».
Louis Seutin décède en janvier 1862, à l’âge de 69 ans, et est inhumé au Cimetière de Laeken.
De nos jours, trois rues et un square lui sont dédiés : à Nivelles, sa ville natale, la rue Seutin et le Square Baron Seutin ; à Schaerbeek, la rue Seutin et à Waterloo, l’avenue Baron Seutin.
Sa statue, qui se trouvait dans la cour d’honneur de l’Hôpital Saint-Pierre, se trouve maintenant à l’entrée du bâtiment d’hospitalisation situé rue aux Laines.