Petits ou gros bobos, accidents, malaises... les urgentistes œuvrent sans relâche, de jour comme de nuit. Reportage dans les coulisses de ce service pas comme les autres.
17h45. Le service des Urgences du site Brien ne désemplit pas. Au contraire! Médecins et infirmiers sont sur le pied de guerre. Une dame âgée, couverte d'hématomes, vient d'arriver en ambulance. Elle a fait une mauvaise chute, suite à un malaise, à son domicile. Des examens sont en cours. Admis dans le service en début de journée, un jeune homme souffre de myo-péricardite. Il sera transféré au service de cardiologie du site Horta, où il sera hospitalisé et pris en charge. Des cas sévères qui s'ajoutent à de plus "petites" urgences, qui remplissaient déjà largement le service.
Une organisation bien rodée
Après un débriefing avec l'équipe qui
a assuré les soins de jour, les infirmiers et médecins de garde prennent
la relève. Une longue nuit commence.
"Les Urgences sont organisées en trois
secteurs: la zone de tri et les "petites" urgences, la zone d'hospitalisation provisoire et la zone de "déchoquage",
pour les cas plus sévères", explique
Yves Maule, infirmier-chef du service
des Urgences et du service mobile d'Urgence (SMUR). "Les patients qui arrivent
aux Urgences sans passer par le 100 sont
pris en charge par un infirmier dans la
zone de tri. Nous évaluons la gravité de
leur état, et pouvons déjà, le cas échéant,
lancer certains examens et commencer à soulager la douleur. Les personnes
qui nécessitent des soins immédiats
sont dirigées vers la zone médicale, où d'autres membres de l'équipe prennent
le relais. Les autres sont invitéesà patienter dans une salle d'attente, avant
d'être elles aussi prises en charge par un
infirmier et par un médecin."
Infarctus : une prise en charge chronométrée
Les bips tantôt rassurants, tantôt inquiétants des appareils de monitoring se mêlent au bruit des sirènes d'une ambulance. L'équipe SMUR, appelée au domicile d'un homme âgé souffrant d'importantes douleurs thoraciques, est de retour. Un patient bien connu des cardiologues. "Il a déjà été admis plusieurs fois chez nous pour des symptômes similaires", précise Yves Maule. Les médecins suspectent un infarctus. Le patient est placé dans une salle de déchoquage, où il bénéficie de soins rapprochés et d'une surveillance particulière. "Les infarctus du myocarde sont diagnostiqués de plus en plus souvent au stade précoce, lorsqu'il est encore possible d'agir", commente le Dr Patrick Guérisse, chef du service des Urgences. "Le CHU Brugmann est à la pointe pour gérer ce type d'intervention. Les smuristes de Brien sont équipés pour réaliser un électrocardiogramme et l'envoyer vers le smartphone du cardiologue de garde via un réseau 3G sécurisé. Ce dernier peut ainsi confirmer le diagnostic à distance. Il dispose également déjà des informations nécessaires à la prise en charge du patient dans une salle de coronarographie, toujours prête et disponible 24 heures sur 24." C'est que le temps est compté! Une coronarographie dans les deux premières heures permet souvent de retirer le caillot qui bouche l'artère coronaire, et d'y placer un "stent", une sorte de petit ressort, réduisant ainsi très fortement la lésion myocardique.
C'est là qu'est l'os...
21h00. Une jeune femme, enceinte de 5 mois, se présente aux Urgences. Elle souffre de palpitations. Vient ensuite le tour d'une dame d'une cinquantaine d'années. Elle passait un agréable moment au restaurant avec des amis, lorsqu'elle a avalé un minuscule os de caille. Rien de grave, heureusement ! L'intrus est coincé dans l'œsophage, et n'entraîne qu'une légère gêne sans conséquence. La patiente sera vue un peu plus tard par un médecin, et pourra rentrer chez elle, rassurée.
Adaptation et professionnalisme
"De nombreuses personnes se présentent pour des urgences qui n'en sont
pas vraiment! Mais elles sont inquiètes:
nous répondons donc à un besoin légitime", explique le Dr Guérisse. "D'autres
ne sont pas suivies par un médecin de
famille, et ne connaissent pas d'alternative à l'hôpital. Et puis il y a celles qui
ont besoin de soins ou de technologies
non disponibles en médecine générale,
comme les sutures ou la radiologie.
L'hôpital leur assure un suivi adéquat
dans un délai raisonnable."
Depuis quelques années, le service des
Urgences du CHU Brugmann fait face à un afflux de patients de plus en plus
important. Car si les généralistes mettent
leur répondeur en marche à 18h00,
les Urgences, elles, restent ouvertes
24 heures sur 24. Une augmentation du
nombre de patients qui s'explique aussi
par le vieillissement de la population,
ainsi que par la fermeture de plusieurs
hôpitaux bruxellois. "Les Urgences
vont devoir adapter leur structure aux
cas plus légers, tout en se professionnalisant davantage pour améliorer la
prise en charge urgente des pathologies lourdes." Une mission à laquelle
s'attellent déjà les urgentistes du CHU
Brugmann, qui ont fait de la qualité des
soins leur priorité.
Auteur : Aurélie Bastin
Source : Osiris News
(n°
26, mars-mai 2012)