Découvrons le métier de pharmacienne clinicienne en rencontrant Marie Eucher, qui exerce sur le site Horta du CHU Brugmann.
Marie, quand êtes-vous arrivée au CHU Brugmann ?
A la fin de mes études, en 2014. J’ai obtenu mon Master en pharmacie et j’ai suivi les deux années supplémentaires (maintenant, c’est trois !) pour ma spécialisation en pharmacie hospitalière et clinique. J’ai directement postulé au CHU Brugmann parce que j’avais envie de travailler dans un grand hôpital, où je pourrais développer mes connaissances scientifiques. Au début, je ne faisais que de la pharmacie hospitalière : je validais les prescriptions électroniques et je m’occupais de la délivrance ambulatoire, c’est-à-dire des patients qui viennent directement chercher leurs médicaments à la pharmacie de l’hôpital. Depuis mai 2016, je suis aussi pharmacienne clinicienne dans une unité de gériatrie.
En quoi consiste la pharmacie clinique, en deux mots ?
C’est une spécialité de la pharmacie assez récente et en pleine évolution. En gros, il s’agit pour nous de donner notre avis et de collaborer avec les médecins et l’équipe soignante multidisciplinaire pour faire les meilleurs choix de traitements pour les patients, à éviter les mauvaises combinaisons, les mauvais dosages et, autant que possible, les effets secondaires des médicaments. Je suis tous les matins dans une unité de gériatrie, j’assiste aux réunions, quand c’est possible, je vais voir les patients qui viennent d’être admis pour voir en détail avec eux les médicaments qu’ils prennent, s’ils les supportent… Quand ils rentrent chez eux, je discute avec eux des changements éventuels de traitement, je mets par écrit tous les médicaments qu’ils doivent prendre et quand. Ils sont souvent très curieux de savoir à quoi sert tel ou tel médicament, comment il fonctionne. J’ai une vraie interaction avec le patient et l’équipe, et ça m’intéresse beaucoup.
Quelles sont, selon vous, les qualités qu’il faut avoir pour exercer votre métier ?
Il faut avoir un sens critique très développé, avoir envie de se remettre constamment en question et d’évoluer. Il faut également aimer le travail d’équipe et savoir communiquer avec des personnes qui ne font pas le même métier. Enfin, et c’est le point commun de toutes les personnes qui travaillent à l’hôpital, j’imagine, il faut avoir une vraie empathie pour le patient. C’est peut-être un peu plus évident en pharmacie clinique puisque nous interagissons tous les jours avec le patient.
C’est le moment de la fameuse anecdote…
Beaucoup de patients me touchent mais je me souviens particulièrement de cette patiente souffrant d’un Alzheimer avancé, ou plutôt de son mari. Il avait plus de 90 ans et la soignait avec dévouement. Je l’ai vu arriver un jour avec une liste informatique de tous les médicaments que prenait sa femme, accompagnés des conseils du médecin, du nombre de comprimés qui restaient dans chaque boîte jour après jour, et même du ressenti de sa femme (elle ne pouvait plus parler) par rapport à chaque prise de médicaments. C’était en même temps étonnant de voir un si vieux monsieur maîtriser à ce point l’informatique et aussi émouvant de le voir aux petits soins pour sa femme…
Source : iris&you (n° 13, mars 2017)