>>Un ministre sur le terrain

Le ministre fédéral des Affaires sociales et de la Santé, Rudy Demotte, a décidé d’aller à la rencontre des acteurs de la santé, notamment du secteur hospitalier. Pour sa première visite officielle de terrain, il a répondu à l’invitation du CHU Brugmann, à un moment particulièrement opportun : au lendemain de l’initiative prise en commun par les hôpitaux publics de cinq villes du pays, soulignant les difficultés spécifiques de leur mission.

En visitant le site central de l’hôpital général pour adultes de Laeken (dit site Horta), qui abrite également l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola et le Centre de Traumatologie et de Réadaptation rattaché à l’ULB, Rudy Demotte a pu se faire une bonne perception des problèmes du monde médical et des hôpitaux, en particulier ceux des hôpitaux publics. Il s’est en effet attardé dans plusieurs services du CHU, dont les unités d’urgences et de soins intensifs flambant neuves, et s’est entretenu avec le personnel médical. "C’est vrai que les rôles des hôpitaux publics et privés, parfois, se touchent, et parfois divergent, notamment dans la composition des personnes qui viennent s’y présenter, mais aussi par leurs modes de financement qui sont eux-mêmes différenciés. J’entends voir cela sur le terrain, car j’aime me rendre compte par moi-même de la situation". Quant à promettre d’intégrer un certain nombre de revendications des hôpitaux dans son cahier des charges, c’est une promesse, nous a-t-il déclaré, qu’il peut peux faire sans difficulté. "Promettre des moyens nouveaux et dire quelle sera leur nature serait exagéré, tempère toutefois le nouveau ministre. Pour le moment, j’en suis encore au stade où je vois comment l’ensemble des politiques de santé peut s’articuler. Cependant, je ne mentirai pas en disant que je ferai effectivement quelque chose".

Dans la bonne entente

Egalement présent pour l’occasion, comme d’autres personnalités, le bourgmestre de la Ville, Freddy Thielemans (PS), ne cachait pas sa satisfaction. "J’attends d’abord de cette visite que l’on puisse aller plus avant encore dans la bonne entente entre le monde médical, le monde hospitalier, les obligations du ministre, bien qu’il soit tenu par des décisions budgétaires qui lui échappent partiellement. Se rendre compte, sur place, du vrai travail d’un hôpital comme Brugmann lui donne évidemment des arguments qu’il pourra utiliser vis-à-vis de ses collègues, pour leur rappeler le boulot extraordinaire qui se fait à Bruxelles et combien il est nécessaire qu’on le pousse plus loin encore. Je pense que c’est aussi prendre conscience de ce que le phénomène Iris (l’Interhospitalière qui regroupe les hôpitaux publics bruxellois) a signifié, comme du besoin et de la distribution du système hospitalier autour du pentagone de la Région bruxelloise. Je suis convaincu qu’il aura pris conscience des avantages et possibilités qu’offre une telle structure, et par conséquent, comme qualité sanitaire pour l’ensemble des citoyens". Le CHU Brugmann résulte de la fusion des hôpitaux de Laeken, du site Paul Brien à Schaerbeek, ainsi que de l’acquisition d’un centre de revalidation à Jette. Ensemble, les différents établissements des trois sites du Groupe hospitalo-universitaire Brugmann (dit aussi Iris Nord) assurent une capacité totale d’hospitalisation de 1 100 lits, la plus grande institution hospitalière bi-communautaire de la Région de Bruxelles-Capitale. Toutes les spécialités médicales et chirurgicales y sont représentées, à l’exception de la neurochirurgie et des greffes d’organes.

Ce travail en réseau est important, alors que le nombre de spécialistes tend à diminuer. "Les défis sont nombreux, considère le professeur Daniel Désir, Directeur général. Nous sommes conscients de nos devoirs en matière de résultats - nous avons beaucoup plus de responsabilités pour rendre compte de l’efficience de ce que nous faisons - et aussi des contraintes financières et de toute nature pesant sur les hôpitaux publics. Il nous faut veiller à un turn-over, faire en sorte que la durée de séjour se réduise à moins de huit jours par patient, renvoyer vers les centres ambulatoires…" "Nous attendons que, de visu, le ministre comprenne bien ce qu’est la vie réelle d’un hôpital comme le nôtre, qui travaille dans un réseau public, avec toute une série de réalités et de contraintes d’ordre public, ajoute le Professeur Isy Pelc. Car nous devons être réceptifs aux demandes de soins de toute la population ; par ailleurs, notre qualité universitaire fait que nous procédons des évaluations permanentes de ce que nous faisons. Nous ne marchons donc ni sur les plates bandes d’un hôpital académique, qui développe de façon pointue, avec des moyens souvent lourds et coûteux, des programmes sophistiqués dans un certain nombre de domaines, ni sur les plates bandes de certaines cliniques privées. C’est donc cette particularité que nous voulons transmettre et faire prendre conscience au ministre de la Santé".

Auteur : Thierry Goorden
Source : Le Journal du Médecin (n° 1537 du 30/09/2003) - ©Lejournaldumedecin.com