Entamés en 1996, les travaux de restructuration du CHU Brugmann vont entrer dans leur seconde phase. Tout devrait être opérationnel à l’horizon 2009.
Lorsqu’au début du siècle dernier (1906), le célèbre architecte bruxellois Victor Horta réalisa les esquisses de ce qui allait devenir l’un des plus grands complexes hospitaliers du pays, il n’imaginait probablement pas que bien des années plus tard, des dizaines de spécialistes, ingénieurs, architectes, responsables de chantier, directeurs (…) se pencheraient sur son oeuvre pour la moderniser et de l’adapter aux besoins de leur époque. C’est pourtant à une grande opération de restructuration du site Horta de l’hôpital Brugmann que l’on assiste depuis plus de dix ans. "Un hôpital est une institution en perpétuelle évolution et en restructuration permanente, confirme Eddy Van den Plas, le directeur technique du centre hospitalier universitaire. Des travaux étaient donc nécessaires. Nous avançons dans une vision préventive liée notamment à la raréfaction des ressources humaines et à l’évolution des équipements médicaux qui sont de plus en plus lourds." Une adaptation à la pratique de la médecine moderne.
Une restructuration à coeur ouvert
"D’autant que depuis la création de l’hôpital,
il n’y a pas eu de reconstruction lourde et que les normes organisationnelles
et architecturales
ont évolué avec le temps, enchaîne Anita
Clemens, attachée au service des travaux."
Depuis 1994, la transformation de l’hôpital
est en cours. Bien avant que les premiers coups de pelle ne soient donnés,
il a fallu réfléchirà la vision que l’on voulait
donner au "Brugmann du 21e
siècle". De centaines de plans en milliers de dessins en passant
par d’innombrables esquisses, c’est finalement le bureau d’architecte
Samyn and Partners en collaboration avec BEAI qui, en 1994, remporta
un important concours de sélection et se vit attribuer la lourde tâche
d’entamer l’opération à coeur ouvert de l’institution
bientôt centenaire.
Objectif : rationaliser
"En fait, la conception
pavillonnaire d’Horta, qui a notamment imaginé cette
disposition en de nombreuses entités séparées pour limiter
la propagation
des infections, n’est pas évolutive, explique
Denis Melotte, le coordinateur du projet auprès du bureau Samyn and
Partners. Le volume total est trop atomisé pour faire preuve
de flexibilité. De plus, il y a un véritable problème
de rentabilité parce qu’à surface égale, on doit
actuellement recourir à quatre infirmières (dans les unités
de 15 lits) alors que deux seraient en principe suffisantes (dans des unités
de 30 lits).
La base du projet répond donc à une volonté de redessiner
les unités de soins aux normes contemporaines. Le projet que nous avons
présenté s’imposait
par lui-même puisqu’il consiste en un rapprochement de différents
services qui étaient encore il y a peu trop éloignés l’un
de l’autre. En fait, idéalement, tous les services devraient se
trouver entre le quartier opératoire pour adultes et l’Hôpital
des Enfants. Ce que nous avons donc prévu, c’est de re-centraliser
l’hôpital en déplaçant son centre de gravité du
côté des grosses infrastructures comme la néonatalogie
et le quartier opératoire."
La Phase II (Osiris) va débuter
Entamés il y a plus de trois ans, les travaux de restructuration du
site Horta du CHU Brugmann sont désormais
en passe d’entrer dans une seconde phase, qui verra le site se réorganiser
de manière
encore plus fonctionnelle et logique.
Cette nouvelle étape dans la grande opération de chirurgie esthétique
de l’institution, baptisée Osiris et qui devrait débuter
dans le courant du premier semestre 2005, permettra à terme
une meilleure rationalisation des différents services et donc un meilleur
fonctionnement de l’hôpital.
Si deux des cinq nouveaux bâtiments prévus (Vokaer et Primo) sont
déjà opérationnels,
les trois autres (Corvilain, De Page et Potvliege) devraient sortir de terre
dans les mois à venir. A terme, trois blocs, identiques aux deux déjà construits,
viendront donc compléter le nouveau centre névralgique du campus.
Cinq grandes unités reliées par une galerie
couverte qui agira comme un grand cordon ombilical permettant d’un côté la
circulation des visiteurs et de l’autre, le transfert des patients et
le passage de la logistique.
De nombreuses facettes
Le plan Osiris comporte bien d’autres facettes. Il y a tout d’abord
le projet de construction d’un large bâtiment baptisé "Henri
Vis" et
qui regroupera la médecine lourde de Brugmann et de l’HUDERF (imagerie médicale, urgences, quartier opératoire, …)
pour favoriser les synergies entre les deux entités. Une complémentarité qui
se matérialisera par la construction d’un atrium reliant les deux
bâtiments.
Vient ensuite le projet
de construction d’une grande polyclinique multifonctionnelle qui s’implantera à l’emplacement
actuel du garage du CPAS (avenue Rommelaere). Un bâtiment d’une
centaine de mètres de long, idéalement
situé à proximité des transports en commun
(station de métro Houba-Brugmann),
et qui regroupera l’ensemble des services de consultations en polyclinique.
La chapelle du campus, située à l’arrière de l’Hôpital
des Enfants, sera transformée en un centre de colloque et de formation
et comprendra deux auditoires
d’une capacité respective de 150 et 75 places. L’idéal
pour accueillir des séminaires
ou pour organiser des colloques et des séances de formation en interne.
Une autre pièce du grand puzzle
concerne le rehaussement de l’Hôpital des Enfants qui comptera à terme
cinq étages au lieu des quatre actuels. Un
héliport pourrait également être installé sur le
toit de celui-ci.
Le dernier aménagement prévu sur le campus concerne la construction
d’un large parking souterrain pour permettre au site de retrouver sa
tranquillité, en
dehors de toute circulation motorisée.
Un siècle après le début des travaux (les projets d’hôpital
sur le "plateau de Jette Saint-Pierre" ont commencé en 1906),
on s’apprête donc à régénérer l’esprit
originel imprimé par Horta, le
génie de l’art nouveau.
Auteur : David Bertrand
Source : Osiris News
(n°
1, mai-août 2005)