Un hôpital qui ne se contente pas de prendre en charge les malades, mais se fait promoteur de la santé. Le CHU Brugmann adopte ce rôle en adhérant au réseau européen des hôpitaux sans tabac. Une démarche qui se greffe sur de précédentes initiatives.
Depuis fin 2006, le CHU Brugmann et l'HUDERF font partie du réseau européen des hôpitaux sans tabac (HST). Le CTR se propose de les rejoindre sous peu. L'ambition du réseau HST n'est pas mince: créer un hôpital où l'on ne fumerait plus que dans des abris extérieurs situés à distance des bâtiments, et qui prendrait en charge tous les aspects de la lutte contre le tabac. Le CHU Brugmann bénéficie déjà de plusieurs atouts: le centre d'aide aux fumeurs, qui existe depuis une dizaine d'années, mais aussi la semaine anti-tabac "re-Naissance", mise en place en 2003. Martine De Baets (ergothérapeute en chef et tabacologue) et le Dr Vincent Lustygier (médecin résident au service de psychiatrie et tabacologue), deux des animateurs de ce programme original, nous en disent plus sur l'état du combat et les projets d'avenir.
Quel est l'objectif de la politique anti-tabac au CHU Brugmann?
Martine De Baets et Vincent Lustygier: L'idée est de prendre complètement le tabac en charge dans l'hôpital. Que le CHU gère l'absence de tabac dans ses locaux (interdiction, aide aux personnes dépendantes qui ne peuvent pas fumer parce qu'elles sont immobilisées), mais soit aussi acteur de l'arrêt grâce à une démarche proactive. L'hospitalisation doit devenir une occasion à saisir pour donner un coup de pouce aux patients qui veulent arrêter – et aux autres: la démarche se fait évidemment sur une base volontaire, mais nous pouvons travailler sur l'apparition de la motivation de ceux qui ne sont pas dans une démarche d'arrêt.
En quoi consiste la semaine "re-Naissance"?
M.D.B. et V.L.: Il s'agit d'un programme intensif de cinq journées d'hospitalisation de jour. "re-Naissance" est une semaine de motivation, qui propose une réflexion approfondie sur le tabac, soutenue par des professionnels mettant en œuvre des techniques qui ont prouvé leur valeur. Les participants peuvent décider d'arrêter de fumer avant, pendant ou après cette semaine. Notre démarche se fait en trois volets. Le premier est une information médicale sur le tabac et ses effets. Nous offrons aussi un temps d'évaluation individuelle: pourquoi le patient fume, quelle est sa motivation (un effet antidépresseur, anxiolytique? Un coupe-faim? Une aide à la performance?). Le troisième volet est une prévision de ce qui va suivre l'arrêt: par quelle activité physiologiquement saine le patient va-t-il pouvoir remplacer la cigarette?
Quel est le coût de la semaine "re-Naissance" pour ceux qui la suivent?
M.D.B. et V.L.: Le coût est très minime: 50€ pour la semaine entière, soit trente heures de thérapie. Les repas sont offerts au mess de l'hôpital. Le reste est pris en charge par la mutuelle, au même titre que n'importe quelle hospitalisation de jour. Pour les personnes dépendant du CPAS, tout est gratuit; et pour le personnel de l'hôpital aussi. Et la semaine "re-Naissance" n'est pas la seule corde à notre arc: le Centre d'aide aux fumeurs, qui existe depuis une dizaine d'années, reste en place (voir encadré).
Qu'est-ce que l'adhésion au réseau Hôpital Sans Tabac va apporter à cette organisation?
M.D.B. et V.L.: Nous prévoyons de former toujours plus de personnel à la prévention du tabagisme. L'objectif est de disposer à terme d'une ou deux personnes formées dans chaque service, qui pourront alors apporter aide et information à tous ceux qui le désirent. La construction d'abris isolés pour les fumeurs est aussi au programme, à plus long terme. Nous travaillons enfin à adapter la semaine "re-Naissance" à des publics particuliers. Nous montons par exemple, en collaboration avec l'Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, une semaine pour soutenir l'arrêt tabagique des parents d'enfants souffrant de maladies respiratoires chroniques, ou celui des adolescents fumeurs. Et avec le service d'ophtalmologie, une journée spéciale pour les patients souffrant de dégénérescence maculaire liée à l'âge, maladie fortement influencée par le tabagisme.
Auteur : Marion Garteiser
Source : Osiris News
(n°
8, septembre-novembre 2007)