>>Rhumatologie : révolution au service des patients

Prof. Jacques BentinDepuis quelques années, le service de rhumatologie du CHU Brugmann œuvre à l'intégration de plusieurs disciplines médicales. Le Pr Jacques Bentin, chef de clinique depuis 2005, nous dresse le portrait d'une unité innovante, mais encore méconnue.

Quelles sont les pathologies traitées en rhumatologie?

Contrairement aux idées reçues, la rhumatologie ne se limite pas au traitement du mal de dos ou de l'arthrose. Elle s'intéresse, à travers l'ensemble du système locomoteur, aux articulations et à ce qui les entoure: capsules synoviales, muscles, ligaments, sans oublier les os. Le rhumatologue s'occupe plus spécifiquement du diagnostic des affections inflammatoires, qu'elles soient confinées aux articulations ou qu'elles résultent d'une atteinte plus générale. Les pathologies de surcharge articulaire, comme l'arthrose, sont également du ressort de la médecine physique.

Le service de rhumatologie intègre donc plusieurs disciplines.

En effet. Un service intégré permet une meilleure prise en charge du patient. En tant que chef de clinique, je supervise une équipe de spécialistes en rhumatologie et en médecine physique, assistés de kinésithérapeutes et d'ergothérapeutes. Nous disposons d'une unité d'hospitalisation pour les cas complexes de rhumatologie, d'une unité d'hospitalisation de jour pour les traitements administrés par perfusion et d'une école du dos.

Comment se passe la prise en charge des patients?

Ecole du dosSouvent, le patient consulte en rhumatologie suite à des douleurs dans le dos ou au niveau des articulations. S'il s'agit d'un problème inflammatoire, le rhumatologue en assurera la prise en charge. S'il s'agit d'un problème de surcharge articulaire (arthrose par exemple) sans réponse au traitement médical, le patient sera adressé en médecine physique. Ces patients pourront bénéficier de traitements non médicamenteux ou d'une prise en charge à l'école du dos. Nous travaillons également en collaboration avec la clinique de la douleur pour certains patients qui ne trouvent pas de soulagement en rhumatologie ou en médecine physique. Les patients souffrant de pathologies compliquées sont vus à l’occasion d’une consultation multidisciplinaire où des spécialistes de diverses disciplines (immunologie, dermatologie, pneumologie…) se rencontrent pour proposer le traitement le plus approprié.

L'objectif étant de poser très vite le bon diagnostic...

Les recherches ont prouvé que plus la prise en charge thérapeutique a lieuà un stade précoce du développement des maladies inflammatoires, plus le traitement est efficace. D'où l'intérêt d'une unité comme la nôtre, capable de poser rapidement un diagnostic précis. Grâceà cela, la plupart de nos patients ont une qualité de vie qui leur permet souvent de continuer à travailler.

Le service de rhumatologie est également à la pointe en matière de traitement.

La pratique de l’échographie, comme outil diagnostique et pour guider certains actes thérapeutiques, fait partie de nos atouts. À mon arrivée au CHU Brugmann, en 2005, j'ai eu la chance de pouvoir mettre en pratique l'expertise que j'avais déjà acquise dans ce domaine. Grâce à l'engouement pour cette technique et à la motivation des rhumatologues du CHU Brugmann, notre service est devenu un centre d'initiation à l'échographie de l'appareil musculo-tendineux pour les rhumatologues en Belgique. L’échographie peut être considérée comme le stéthoscope du rhumatologue. Elle sert à préciser les diagnostics. Mais aussi à évaluer les pathologies inflammatoires et le suivi lors des traitements, à mettre en évidence des lésions précoces et enfin à effectuer des infiltrations guidées par l’échographie, en agissant à un endroit précis, sans léser les structures avoisinantes.

Mais ce n'est pas la seule technique utilisée au CHU Brugmann?

Loin de là! La mini-arthroscopie, par exemple, en est une autre. Elle nous permet d'introduire une aiguille dans le genou pour examiner l'articulation de l'intérieur et prélever un échantillon de tissu pour l'analyser.

Les avancées sont aussi thérapeutiques…

Depuis sept ou huit ans, nous vivons une révolution: celle des biothérapies, des molécules ciblées dirigées contre des médiateurs de l'inflammation. Elles ont bouleversé le pronostic des affections rhumatismales inflammatoires, dont l'évolution était jusque-là assez péjorative. Les biothérapies permettent de stabiliser l'affection et d'éviter les complications.

:: Biothérapies et recherche clinique :: Le centre de rhumatologie est de plus en plus demandé pour la conduite d'études cliniques, notamment dans le domaine des biothérapies. "Nous sommes notamment sollicités pour des tests de "phase 1", la toute première étape du lancement d'une nouvelle molécule. Tout cela est le résultat du développement d'une unité de recherche clinique par le CHU Brugmann et de la confiance placée dans notre unité par les firmes pharmaceutiques."
:: Traitement de l'ostéoporose :: Le service de rhumatologie s'intéresse également au traitement de l'ostéoporose. Et cela, pour plusieurs raisons.
>Il n'est pas possible de s'intéresser à l'articulation sans s'intéresser à l'os, car l'érosion articulaire possède des mécanismes identiques à ceux observés dans l'ostéoporose.
>Les patients atteints de maladies inflammatoires ont un risque accru d'ostéoporose.
>Certains traitements largement utilisés en rhumatologie, notamment les corticostéroïdes, favorisent l'apparition de l'ostéoporose.
>Le service de rhumatologie possède un programme de prise en charge proactif des patients âgés qui consultent ou sont hospitalisés pour des fractures.
:: Ecole du dos : apprendre à gérer son dos :: Les pathologies de surcharge (l'arthrose notamment) sont la plupart du temps irréversibles. Lorsqu'un ou plusieurs disques sont usés, la meilleure manière de freiner l'aggravation du problème et de réduire la douleur consiste à éviter de solliciter ce disque. "L'école du dos est un véritable apprentissage personnalisé, où chaque patient vient apprendre les gestes et les positions qui soulageront son problème. Il s'agit d'un travail sur le long terme, mais qui s'avère extrêmement bénéfique au bout du compte."

Auteur : Frédéric Wauters
Source : Osiris News (n° 18, mars-mai 2010)