Depuis le 1er novembre, le Dr Luc Bruyninx a pris la tête du service de chirurgie digestive, thoracique et cœlioscopique du CHU Brugmann. Avec un objectif: mettre l'humain au centre de la démarche thérapeutique.
D'où vous vient votre vocation ?
Mon père était médecin généraliste. Il a travaillé au Congo, où je suis né. Il était passionné par son métier. Au début, j'ai marché sur ses pas: candidatures aux Facultés Notre-Dame-de-la-Paix à Namur et doctorats à l'Université de Liège. C'est alors, en 3e année de doctorat, que j'ai fait un stage de chirurgie abdominale. J'ai tout de suite aimé ce travail. Dès le premier quart d'heure dans la salle d'opération, j'ai su comme une évidence que c'était ça que je voulais faire.
Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre profession ?
La rencontre humaine est, et a toujours été, la vraie raison de ma vocation de médecin. Bien sûr, j'aime le geste chirurgical, mais ce n'est qu'un court moment dans la vie du patient. Le plus important, c'est lui, en tant que personne. Sans faux-semblant et indépendamment de son milieu social, de ses origines ou de ses opinions, car face à la souffrance et à la mort, nous sommes tous égaux. Personnellement, je ne pourrais pas opérer quelqu'un que je ne connais pas, dont je n'ai pas gagné la confiance. Parce que c'est un être humain que j'opère, pas un ensemble d'organes reliés par des nerfs et des muscles!
Quels sont les domaines de la chirurgie qui vous intéressent particulièrement ?
Il y en a deux: la chirurgie du périnée, c'est-à-dire la zone du petit bassin (système urinaire, sexuel et digestif), et la chirurgie de l'obésité. Car il s'agit de domaines qui représentent autant de défis techniques, mais ce sont aussi des chirurgies fonctionnelles, de reconstruction, qui peuvent véritablement changer la vie des gens, dans le bon sens. Surtout, ce sont des traitements où il est essentiel d'envisager la personne dans son ensemble: son passé et son histoire. Le suivi post-opératoire m'intéresse aussi beaucoup.
Comment avez-vous été amené à prendre la succession du Pr Mendes da Costa à la tête du service de chirurgie digestive, thoracique et cœlioscopique ?
J'ai été contacté par une agence de recrutement. J'ai envoyé mon CV sans grande illusion, car bien que j'aie participé à quelques travaux scientifiques, je me suis toujours davantage occupé de ma patientèle. Je pensais n'avoir aucune chance face à d'autres médecins au profil plus "prestigieux" que le mien. À ma grande surprise, début juillet, c'est moi que le conseil médical du CHU Brugmann a retenu. Mais ma décision n'a pas été facile à prendre.
Qu'est-ce qui vous a décidé à accepter ?
La partie enseignement. J'en étais privé depuis 2004 et elle me manquait car je prends plaisir à participer à la formation des jeunes médecins. J'en ai aussi beaucoup parlé avec mon épouse. Accepter de venir au CHU Brugmann signifiait quitter la région de Liège et venir nous installer à Bruxelles. Si elle avait dit non, j'aurais décliné la proposition. Mais après y avoir réfléchi, comme nos enfants sont grands et autonomes, nous avons accepté de relever le défi ! En quelques semaines, nous avons dû vendre la maison, trouver un appartement à Bruxelles, déménager... Tout ça n'était pas prévu, mais nous y sommes arrivés!
Quels sont pour vous les principaux défis de votre nouvelle fonction ?
La dimension scientifique du poste: la recherche clinique et fondamentale, la représentation du service à l'extérieur, dans des colloques et des conférences. Tous ces aspects de la fonction sont très motivants! Je vais aussi devoir finaliser une thèse, probablement sur la chirurgie de l'obésité ou sur l'incontinence fécale.
Selon vous, de quelles qualités doit pouvoir faire preuve un bon chef de service ?
Avant toute chose, des qualités humaines et relationnelles: il faut être à l'écoute des besoins des collègues, entretenir de bonnes relations avec la direction et les différents niveaux de pouvoir, développer des projets communs avec ses collaborateurs et avec les spécialistes des autres services... Bref, créer et entretenir un esprit d'équipe car la chirurgie ne s'exerce pas seul.
Vous avez l'air calme, serein, très "travail en équipe". Vous avez bien un défaut!
Bien sûr, comme tout le monde! Je suis un peu… disons, maniaque. En salle d'opération, j'aime que tout soit à une certaine place, que les choses soient disposées d'une certaine façon, et pas d'une autre. D'après ma femme, je suis obsessionnel à ce niveau-là! Si vous la lancez sur ce sujet, elle vous en parlera pendant des heures! (rires)
Auteur : Candice Leblanc
Source : Osiris News
(n°
21, décembre 2010-février 2011)