Après une carrière riche en expériences diverses, le Pr Pierre Mendes da Costa, chef du département de chirurgie et du service de chirurgie digestive, thoracique et cœlioscopique du CHU Brugmann, dépose le scalpel et raccroche la blouse. L'occasion de revenir sur son parcours… et ses projets.
Un jour, Pierre, sept ans, tend une
feuille de papier à sa maman.
Dessus, un dessin. Jusque là, rien
d'extraordinaire. Sauf que le dessin en
question représente… un corps opéré! Et
dessous, écrit de sa petite main: "Quand
je serai grand, je serai chirurgien". Éberluée, la maman va montrer le dessin
à son voisin (qui se trouve être recteur
de l'ULB). "Vocation précoce ou hasard,
l'avenir nous le dira!", commente le professeur, amusé.
Vingt-cinq ans plus tard,
en 1977, Pierre Mendes da Costa devient
officiellement chirurgien…
Un touche-à-tout nomade
Après sa spécialisation à l'Institut Bordet, le jeune chirurgien exerce quelque temps à Tournai d'où sa femme est originaire. "Ce fut une belle expérience, mais nous avions du mal à nous adapter à la province", dit-il. En 1980, le couple revient à Bruxelles. Là, pendant plus de quinze ans, le Dr Mendes da Costa va écumer les services de chirurgie de différents hôpitaux, parfois simultanément, au gré des opportunités. Il publie aussi, donne et assiste à de multiples conférences dans des domaines différents: gynécologie, urologie, chirurgie digestive... "À l'époque, la formation de chirurgien était très générale. Nous faisions un peu de tout: césariennes, ablations de prostate, opérations du côlon... Aujourd'hui, avec les spécialisations, ce serait impensable!"
La même qualité de soins pour tous
Un jour, un confrère de son épouse
informe celle-ci que le CHU Brugmann
cherche un nouveau chirurgien digestif.
Mme Mendes da Costa en parle à son
époux. C'est comme ça qu'en 1994, ce
dernier entre au Service de chirurgie. Il
n'en bougera plus. Car, à force de consulter et d'exercer dans plusieurs hôpitaux, le
chirurgien a vu à peu près tous les systèmes. Et c'est ici qu'il trouve (enfin) celui qui
correspond le mieux à sa vision du métier.
"Je n'ai jamais eu de consultation privée
car je différencie l'argent de ma pratique.
Pour moi, tout le monde, du plus pauvre
au plus nanti, a droit à la même qualité de
soins. Et ça, ce n'est possible que dans un
hôpital public…" Pendant une quinzaine
d'années, le Pr Mendes da Costa a donc
exercé son sacerdoce médical, soucieux
des patients, mais aussi des étudiants
auxquels il prend plaisir à enseigner. Une
gageure, un défi presque. "Il faut se tenir
au courant des progrès, acquérir de nouvelles techniques tout en transmettant ses
connaissances aux plus jeunes."
Aucun regret
Mais le temps file et le voilà, à 65 ans, prêt à raccrocher. Éprouve-t-il des regretsà prendre sa retraite? "Non. J'ai adoré mon métier. Vraiment. Mais quand on a consacré 40 ans de sa vie à une profession aussi exigeante et prenante que la chirurgie, qui demande d'être disponible à tout moment pour les malades, il faut pouvoir s'arrêter. Et complètement car, selon moi, la chirurgie ne se pratique pas à temps partiel."
Le sport, j'adore!
D'autant que, consciencieux, le Pr Mendes da Costa a bien préparé sa retraite, sa "quatrième vie" comme il l'appelle (après la jeunesse, les études et la carrière). Il compte bien la mettre à profit pour (re)faire tout ce qu'il n'avait pas ou plus le temps de pratiquer. Le sport, d'abord. "J'ai toujours aimé me dépenser: j'ai fait du basket, du tennis, du football... Là, je compte me remettre au vélo, à la marche et continuer le ski alpin et le ski nautique que j'adore. Vous savez, quand vous adoptez la bonne position, que vos mouvements sont tout en douceur et souplesse et que vous glissez sur l'eau ou la neige sans accroc, avec le vent sifflant dans vos oreilles, cela procure des sensations vraiment incroyables!" La photo, ensuite, qu'il pratique en amateur depuis des années et qui va connaître une petite révolution. "Je profite de ma pension pour passer au numérique!" Et parce qu'il ne saurait se passer de nourriture intellectuelle, le chirurgien va enfin prendre le temps d'écrire et de lire, notamment des ouvrages de philosophie, afin de mieux appréhender un monde dont l'évolution l'intrigue et, parfois, lui pose question.
Succession assurée
Contrairement à d'aucuns qui paniquent à l'idée de prendre leur retraite, le Pr Mendes ne s'en émeut guère et, même, s'en réjouit. "Le Dr Luc Bruyninx prend la tête du service de chirurgie digestive, cœlioscopique et thoracique du CHU Brugmann dès le 1er novembre 2010. Je suis ravi que ce soit lui", dit-il en toute sincérité. "C'est un bon chirurgien et il a le bon âge pour faire de belles choses dans le service et avec l'équipe en place. En plus, il vient de Liège, ce qui le rend encore plus sympathique!"
Auteur : Candice Leblanc
Source : Osiris News
(n°
21, décembre 2010-février 2011)