>>Quartier opératoire : vers un nouveau départ

Quartier opératoire

Depuis plusieurs mois, le quartier opératoire du site Horta fait face à une crise. Que fait le CHU Brugmann pour en sortir? Zoom sur les progrès et les défis à venir.

Haute tension: l'expression résume bien l'ambiance qui a régné dernièrement au bloc opératoire du site Horta. Le nœud de la crise? La pénurie d'infirmières spécialisées dans le quartier opératoire. Mais pas uniquement selon Anita Clemens, Directrice du Département Infirmier et Paramédical. Le manque d'effectif ne représente que la partie émergée de l'iceberg. Une situation qui a poussé la direction à reprendre entièrement le service en main.

Un profil difficile à trouver

Que ce soit au CHU Brugmann, en Belgique ou en Europe, le manque d'infirmières touche tous les services hospitaliers, les quartiers opératoires en particulier. "Les futurs infirmiers sont surtout attirés par le contact avec le patient. Un côté social qui permet de compenser le stress et les horaires difficiles", explique Françoise Joudart, cadre infirmière chargée du recrutement. "Or, la dimension relationnelle est moins présente au sein du quartier opératoire." Le profil recherché diffère sensiblement. Les qualités requises? Organisation, rigueur, contrôle de soi, habileté et intérêt pour les techniques chirurgicales. Pour travailler au bloc opératoire, un infirmier doit suivre une formation de six mois à un an ou effectuer une année d'études supplémentaire. Autant de contraintes qui rendent impossible le recours à l'équipe mobile interne ou à des infirmiers issus d'autres services du CHU Brugmann.

Une crise en crescendo

"La situation s'est peu à peu dégradée pour atteindre son apogée au début de l'année 2011", précise Anita Clemens. "Malgré l'aide d'un coach externe proposé par la direction, l'infirmière en chef a décidé de quitter le service." La situation est difficile à gérer: il manque au moins huit infirmières qualifiées pour que les cinq salles d'opération du quartier général puissent fonctionner normalement. "Pour faire face à cette crise, nous avons dû jongler entre trois priorités fondamentales: assurer la continuité de la prise en charge des patients, limiter la charge psycho-sociale pour les membres de l'équipe et veiller à minimiser l'impact financier pour l'hôpital", ajoute Anita Clemens.

Virage à 180 degrés

"Pour sortir de la crise, des demandes d'aide ont été lancées auprès d'institutions proches du CHU Brugmann. L'HUDERF, le CTR, l'Hôpital Militaire et le CHU Saint-Pierre ont été sollicités", poursuit Anita Clemens. Des contacts infructueux, car tous connaissent des problèmes similaires, mais moins aigus, au sein de leur bloc opératoire. Le service maintient finalement le cap grâce à l'entraide au sein du CHU Brugmann.
Le nombre de salles d'opération du site Horta est passé de 5 à 3 durant l'été et certaines interventions ont été transférées sur le site Brien. "Tout le monde s'est mobilisé pour aider le quartier opératoire du site Horta", se réjouit Anita Clemens.
Trois aides-soignantes ont aussi été provisoirement engagées pour soutenir l'équipe. Mais il a aussi fallu déterminer les causes de la crise. Directions médicale et infirmière, responsables des ressources humaines, personnel du quartier opératoire… Tous se concertent pour analyser la situation. Un nouveau projet de gestion du service se met sur pied. "Il faut construire un tout nouveau cadre de travail", explique Anita Clemens. "Finalement, cette crise nous offre une chance d'améliorer ce qu'il aurait été difficile de changer si la situation n'avait pas pris une telle ampleur!"

Recrutement tous horizons

Pour contrer la pénurie, Stéphanie Laurent, responsable du recrutement au sein de la Direction des Ressources Humaines, est venue prêter main forte à Françoise Joudart. "Les stagiaires et les intérimaires restent la première et la meilleure source de recrutement", explique Stéphanie Laurent. "Mais nous avons été court-circuitées par les échos peu encourageants qui circulent au sujet du service." Que faire alors? Toutes deux multiplient les annonces dans les magazines spécialisés et participent de manière active aux salons de l'emploi. Elles font également appel à des sociétés de recrutement en Belgique et à l'étranger.

Plus de huit nouvelles recrues pour l'été

Aujourd'hui, la stratégie mise en place par le CHU Brugmann commence à porter ses fruits. Deux infirmiers tunisiens et six infirmières portugaises ont été recrutés. Pourquoi plus de succès dans ces pays? "Chez eux, la profession est moins valorisée", explique Stéphanie Laurent. "Au Portugal, nombre d'infirmières sont au chômage et exercent d'autres métiers pour vivre. Être engagé dans un service de haute technologie au sein d'un hôpital universitaire représente une belle opportunité." D'autres recrues viendront également grossir les rangs de l'équipe. Deux intérimaires formées pendant la crise, ainsi que deux candidats spontanés; l'un belge et l'autre roumain. Sans oublier la nouvelle infirmière en chef dénichée par un chasseur de tête. "Recruter en interne reste toutefois une priorité", précise Françoise Joudart. "Nous avons toujours besoin de bras et sommes prêts à former les infirmières qui désirent se spécialiser dans ce service!"

Fidéliser les nouveaux

A l'aise au quartier opératoire

"Aujourd'hui, le plus grand défi reste de former, mais aussi de garder les nouvelles recrues", souligne Stéphanie Laurent. "Car tous les hôpitaux cherchent désespérément à engager des infirmières de quartier opératoire. Pour se sentir à l'aise au CHU Brugmann, les nouveaux arrivants doivent bénéficier d'un accueil chaleureux de la part de l'équipe ainsi que d'une formation et d'un encadrement adaptés." Un programme a été établi avec des responsables de la cellule formation, du service de stérilisation ainsi que des infirmiers, anesthésistes et chirurgiens volontaires.
"En parallèle, il faut veiller à soutenir les anciens, qui dépensent beaucoup d'énergie à former les nouveaux arrivants", ajoute Françoise Joudart. L'objectif à long terme? Rétablir le fonctionnement normal des cinq salles d'opération et en ouvrir une nouvelle.
Et Anita Clemens de conclure: "Si nous y arrivons en gardant des chirurgiens et infirmières satisfaits et motivés, nous aurons su tirer profit de la crise pour améliorer l'organisation du service."

:: L'infirmière, la cheville ouvrière du bloc op' :: L'infirmière joue un rôle clé au sein de la salle d'opération :
>Garantir le bon déroulement de l'intervention en assistant efficacement l'anesthésiste et le chirurgien.
>Anticiper le déroulement de l'intevention pour fournir le matériel adéquat au bon moment.
>Coordonner l'activité des autres professionnels pour optimaliser l'organisation de la salle d'opération.
:: Le nouveau projet de gestion de la Direction ::
>Mise en place d'un coaching pour les responsables du service: anesthésiste, chirurgien et infirmière en chef.
>Implication des infirmiers de terrain dans le changement.
>Nouvelle répartition des tâches et description de fonctions.
>Stratégie de recrutement renforcée.
>Plan de formation et de soutien pour le personnel infirmier.

Auteur : Barbara Delbrouck
Source : Osiris News (n° 24, septembre-novembre 2011)