>>Département infirmier et paramédical : le CHU Brugmann aux couleurs du Portugal

Infirmière portugaise (Sara)

Depuis près d'un an, un vent du sud-ouest souffle sur le CHU Brugmann. Des infirmières portugaises sont venues renforcer les rangs des services infirmiers en pénurie. Qui sont ces nouvelles recrues et comment sont-elles formées?

Dans le service de gériatrie, Candida discute avec une patiente pendant qu'elle lui dispense des soins. Son accent chantant fait sourire la vieille dame. "Les patients corrigent souvent mes fautes de français", confie la jeune femme, originaire de Porto. "Ces rectifications les amusent et créent une forme de relation entre nous." Candida a toujours voulu devenir infirmière. Après avoir décroché une licence en chimie, elle effectue les quatre années d'études universitaires qui lui permettront d'exercer le métier de ses rêves. Pourtant, à la sortie, c'est le chômage qui l'attend. Alors qu'en Belgique et dans la plupart des pays du monde, la pénurie sévit dans les services infirmiers, les infirmiers diplômés portugais trouvent difficilement un emploi dans leur pays. Une situation paradoxale qui a poussé le CHU Brugmann à recruter dans ce pays le personnel qualifié dont il manque cruellement.

Éthique de recrutement

"Nous attachons une grande importance au respect des règles de l'OMS en matière de recrutement à l'étranger", souligne Anita Clemens, Directrice du Département Infirmier et Paramédical. "Nous avons opté pour un pays que nous ne risquons pas de mettre en pénurie. Par ailleurs, nous continuons à mener une politique active de recrutement national. Quelle que soit leur origine, nous donnons une grande importance à l'accueil et l'intégration des nouveaux collaborateurs." Pour sélectionner les candidats, les recruteurs des Ressources Humaines et du Département Infirmier et Paramédical réalisent des interviews par Skype. Leurs critères? Le niveau de français des candidats, leur projet de vie et l'évaluation de leurs compétences professionnelles. "Si nous nous sommes tournés vers le Portugal, c'est aussi parce que les infirmières y reçoivent une formation de base très complète et de très haut niveau lors de leurs études", souligne Françoise Joudart, cadre-infirmière chargée du recrutement.

Un nouveau projet de vie

Afin d'optimiser les chances d'intégration, le profil psychologique des futures recrues est passé au peigne fin: "Nous sélectionnons des personnes qui sont enthousiastes à l'idée de commencer une nouvelle vie, qui ont envie d'apprendre et de bonnes facultés d'adaptation", explique Valérie Montfort, adjointe au service recrutement et mobilité des Ressources Humaines. "Car changer de pays est une décision qui ne se prend pas à la légère." Ce changement de cap, Luis et Sara ont décidé de le réaliser ensemble. Jeunes diplômés infirmiers, ils ont quitté leur famille et leurs amis pour construire leur vie professionnelle et leur vie de couple en Belgique. Arrivés il y a deux mois, ils travaillent à présent respectivement en gériatrie et médecine interne. De son côté, Candida est venue en compagnie d'une amie de l'université. Ce qui l'attire particulièrement dans notre plat pays? La possibilité de se spécialiser et de réaliser une véritable carrière d'infirmière.

De gauche à droite : Joana, Candida, Luis et Christa Expeel (IC)

Accueillir et fidéliser les nouvelles recrues

En matière de recrutement à l'étranger, le CHU Brugmann n'en est pas à son coup d'essai. Des infirmiers roumains et libanais avaient déjà été engagés en 2006, 2007 et 2008. Mais peu sont restés. "Nos précédentes expériences nous ont permis de tirer des leçons", souligne Anita Clemens. "Nous avons mené une réflexion sur l'intégration linguistique mais aussi le développement des compétences professionnelles, afin que ces nouveaux arrivants se sentent bien intégrés au CHU Brugmann et aient envie d'y rester." Ces réflexions ont mené à la mise en place d'un module d'accueil et de formation spécifique et adapté pour les nouveaux arrivants venant de l'étranger. Pendant 15 jours avant leur entrée en fonction sur le terrain, les nouvelles recrues sont prises en charge par le département des Ressources Humaines et le département Infirmier et Paramédical. Si elles n'arrivent pas avant la date d'entrée en fonction, elles bénéficient d'un programme d'intégration et d'un plan de formation intensifs. Au menu, présentation du site et de l'organisation du CHU Brugmann, cours intensifs de français, découverte des logiciels utilisés dans l'hôpital et formations propres à chaque spécialité.

Des formations spécialisées

Les formations constituent la clé de l'intégration des nouvelles recrues. Les membres de leur futur service viennent leur donner des cours pratiques. Dans le programme de gériatrie par exemple, les experts en la matière leur expliquent comment la personne âgée est prise en charge au CHU Brugmann: la gestion des médicaments, les soins de plaie sur une peau âgée ou encore des exercices pratiques de manutention. Les paramédicaux sont également présents pour présenter leur rôle interdisciplinaire dans l'unité. "Ces deux semaines de formation ont vraiment été bénéfiques", confirme Candida. "Au lieu d'être parachutée dans un service, j'ai d'abord pu me familiariser avec les habitudes de travail, rencontrer mes nouveaux collègues, les découvrir calmement et voir comment les soins se pratiquent au CHU Brugmann. J'ai pu commencer à travailler plus sereinement, je me sentais prête et encouragée."

Soutien à long terme

Une fois en poste, les nouvelles recrues sont soutenues par un "parrain" ou une "marraine" au sein de leur unité, qui les encadre au jour le jour. C'est important de savoir qu'une personne désignée est là plus spécifiquement pour vous.
De son côté, l'infirmière en chef réalise régulièrement des entretiens d'évolution professionnelle. Si l'on se fie aux mines réjouies des infirmières et à l'ambiance chaleureuse qui règne dans les salles de repos des différents services, l'intégration est une réussite. Les échos positifs de cette collaboration semblent d'ailleurs dépasser les frontières puisque le CHU Brugmann a reçu six nouvelles candidatures spontanées émanant du Portugal. Résultat, l'équipe infirmière du CHU Brugmann s'est largement renforcée. "Fin 2011, nous sommes passés de 95 à 60 équivalents temps plein manquants par rapport aux normes officielles", se réjouit Anita Clemens. "Nous ne relâchons pas nos efforts, mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. Notre objectif est de consolider la collaboration avec des infirmiers venant de l'étranger et d'attirer les infirmiers formés en Belgique grâce à l'attention que nous portons à leur intégration dans le milieu professionnel."

:: Les arrivées du Portugal ::
>Août 2011: 7 infirmières recrutées pour le quartier opératoire.
>Novembre 2011: 11 infirmières recrutées pour la gériatrie, la médecine et la chirurgie.
>Janvier 2012: 6 infirmières recrutées pour la gériatrie, la médecine et la chirurgie.
>Nouvelle vague de recrutement en cours depuis avril 2012: 6 infirmières.
>Nouvelle vague de recrutement prévue pour novembre 2012.
:: Pourquoi recruter à l'étranger ?... :: Comme de nombreux hôpitaux bruxellois, le CHU Brugmann fait face à une grave pénurie d'infirmières. Bien qu'il continue la recherche de candidats en Belgique, l'hôpital a dû se tourner vers des agences de recrutement à l'étranger. Quelles sont les causes de cette pénurie ?
>L'attrait de l'emploi "hors hôpital" où les horaires sont plus faciles à vivre (soins à domicile, enseignement…).
>Roulement important dans une profession encore largement féminine (écartement en cas de grossesse, congés de maternité…).
>Nombre insuffisant d'étudiants infirmiers par rapport aux besoins, en particulier à Bruxelles où la concentration d'hôpitaux est particulièrement forte.

Auteur : Barbara Delbrouck
Source : Osiris News (n° 27, juin-août 2012)

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