>>Vers un hôpital "ami des aînés"

Ami des aînés

En Europe, le nombre de personnes âgées de 80 ans et plus sera multiplié par trois d’ici 2060. Le nombre de patients âgés à l’hôpital ne fera donc que croître. Le CHU Brugmann n’échappera pas à cette prévision. L’âge moyen des patients hospitalisés augmente: dans nos unités gériatriques, il est passé depuis 2009 de 79 à 84 ans.
Tout n’est pas une question d’âge… Les patients de plus de 75 ans admis à l’hôpital n’ont pas tous un profil "fragile".

Le CHU Brugmann est pionnier en matière de dépistage de la fragilité, grâce au recueil, dès le passage aux Urgences, d’une échelle de détection du risque de perte d’autonomie (le SHERPA). Cet outil oriente, depuis 2004, les patients les plus vulnérables vers les unités de gériatrie. Vu l’engorgement des unités gériatriques, en 2013, plus de 500 patients de plus de 75 ans ont toutefois été hospitalisés hors gériatrie. Une grande partie de ces patients avait un profil « vulnérable », mais n’ont pas pu accéder à un lit gériatrique, faute de place.

Prise en charge des patients âgés vulnérables : l'affaire de tous !

Le Programme de Soins pour le patient Gériatrique (2007) instaure une prise en charge multidisciplinaire, adaptée aux spécificités des patients âgés. La loi prévoit aussi la présence de référents gériatriques dans les unités non gériatriques. Notre CHU dispose aujourd’hui, dans toutes les unités, de référents spécialement formés: ils constituent des interlocuteurs de choix pour l’équipe de liaison gériatrique qui les appuie. Malgré la motivation et la formation des soignants de terrain, la prise en charge des personnes âgées n’est pas toujours « un long fleuve tranquille »…

Connaissez-vous l'âgisme ?

L’hopitalisation entraîne des complications chez les patients vulnérables (délire acquis à l'hôpital et déconditionnement moteur, par exemple). Ce risque est accru par « l’âgisme », un phénomène largement répandu dans la société actuelle, y compris dans le milieu des soins. Il s’agit de préjugés, de stéréotypes et de discriminations larvées vis-à-vis des personnes vieillissantes. Ces comportements ont malheureusement un impact direct sur la santé physique et mentale des personnes âgées.

Un premier pas vers l' « Hôpital ami des aînés »

Le CHU Brugmann figure parmi les sept lauréats du Prix « Hospitalité pour les aînés » de la Fondation Roi Baudouin, destiné à stimuler la qualité de soins auprès des personnes âgées vulnérables. Dans ce cadre, nous sommes épaulés de l’extérieur par un psychologue et un philosophe éthicien. Nous réalisons auprès de personnes âgées hospitalisées des enquêtes de satisfaction, destinées à identifier les besoins prioritaires exprimés par les patients et leurs proches. À partir de ces données, les référents gériatriques et les experts établiront une « charte qualité » précisant les objectifs communs de travail pour les professionnels en charge de personnes âgées vulnérables. L’objectif est notamment de nous questionner sur notre image de la personne vieillissante et nos attitudes. Nous voulons promouvoir, tous métiers confondus, une culture du savoir-être, où l’accueil du patient, son accompagnement et son bien-être sont des préoccupations permanentes. En Belgique, le label « Hôpital ami des aînés » n’existe pas encore. Nous sommes en retard par rapport à d’autres pays comme le Canada, où 30% des hôpitaux sont qualifiés de « Senior-Friendly ».

Auteur : Dr Murielle Surquin
Source : Osiris News (n° 36, septembre-novembre 2014)