La toute récente rénovation des unités 71 et 73 n’est que la partie la plus visible de la vague d’innovations qui parcourt les services de Psychiatrie et de Pédopsychiatrie du campus. En coulisses aussi, une série d’initiatives inédites sont mises sur pied.
Parmi les derniers projets en date, on peut notamment épingler le redéploiement d’une étroite collaboration entre le CHU Brugmann et l’HUDERF. Trois initiatives sont actuellement à l’étude.
La mise en place d'une unité "mère-enfant", en collaboration avec la maternité
«Aujourd’hui, la durée du séjour à la maternité est de deux à trois jours maximum», rappelle le Pr Véronique Delvenne, chef du Service de Pédopsychiatrie de l’HUDERF. «Or, pour certaines mamans fragilisées, un séjour plus long est nécessaire afin que le personnel soignant ait le temps de s’assurer que l’état de santé mentale de la maman ne met pas en danger le développement du nouveau-né. Il s’agit par exemple de mamans qui souffrent de dépression ou de trouble bipolaire et/ou dont l’état risque d’entraîner des troubles de l’interaction parent-bébé. Il peut aussi s’agir de toutes jeunes adolescentes ou de femmes en situation de grande précarité. Trois lits de maternité seront réservés à ces patientes.»
La création d'une unité "transitionnelle"
«L’hospitalisation des adolescents en Région
de Bruxelles-Capitale est devenue très problématique », observe le Pr Paul Verbanck, chef du Service
de Psychiatrie du CHU Brugmann. «Les adultes
sont soignés en psychiatrie, les enfants sont pris
en charge en pédopsychiatrie et les adolescents et
jeunes adultes de 16 à 25 ans sont en quelque sorte
les "oubliés" de la psychiatrie. Pourtant, c’est à ces âges-là que se manifestent les premiers symptômes
de nombreux troubles mentaux et la manière dont ces épisodes sont pris en charge conditionne l’évolution de la maladie. C’est la raison pour laquelle nous
avons décidé de créer une unité destinée à faire la
transition entre la Pédopsychiatrie et la Psychiatrie.»
Concrètement, dix lits seront mis à disposition de ces
adolescents en psychiatrie adulte, dans une unité spécifique. Les psychiatres du CHU Brugmann et
les pédospychiatres de l’HUDERF y mèneront une
action conjointe afin d’offr ir à ces patients une prise
en charge adéquate. «Ce faisant, nous augmentons
la probabilité de pouvoir éviter que ces troubles ne
deviennent chroniques», poursuit le Pr Verbanck.
Et si l’initiative vient combler un véritable manque, elle
répond également à une demande des autorités dans
le cadre de nouvelles mesures politiques en santé mentale infanto-juvénile. Ces dernières préconisent
en effet d’accorder une attention particulière à la
période de transition.
Des lits de crise réservés au réseau bruxellois de santé mentale
Dans le cadre de la réforme en santé mentale
infanto-juvénile, 10% des lits de pédopsychiatrie
doivent être mis à disposition du réseau bruxellois de
santé mentale pour l’hospitalisation de crise d’adolescents dont l’état requiert une prise en charge rapide et
spécifique. Le CHU Brugmann et l’HUDERF sont partie
prenante de cette réforme. En pratique, deux lits de
l’HUDERF seront réservés à l’hospitalisation de crise
des adolescents de moins de 15 ans et deux lits de
crise du CHU Brugmann seront mis à disposition des
adolescents de plus de 16 ans.
«Travailler ensemble de la sorte constitue une
véritable innovation. Nous sommes les seuls hôpitaux
belges à proposer une collaboration aussi étroite»,
soulignent les Prs Delvenne et Verbanck. «À cet égard,
la proximité géographique entre le CHU Brugmann et
l’HUDERF est une aubaine!»
3 initiatives à la loupe au CHU Brugmann
La prise en charge des addictions
Le service de Psychiatrie dispose:
La Cannabis Clinic prend en charge en ambulatoire les usagers dont la consommation est devenue problématique. Des informations, des bilans complets et différentes approches à visée thérapeutique leur sont proposés. La clinique dispose d’une consultation pour les adultes et d’une unité plus spécifiquement destinée aux adolescents et jeunes adultes.
Le laboratoire du sommeil
Le Service de Psychiatrie du CHU Brugmann a développé une expertise dans les troubles du sommeil. «Nous proposons l’évaluation, la prise en charge et le suivi des personnes qui souffrent d’un sommeil peu réparateur », précise le Pr Verbanck. «Nous avons la particularité de nous intéresser à ces troubles de manière beaucoup plus exhaustive que ce qui se fait dans la plupart des unités de sommeil en Belgique et en Europe. Ainsi, nous ne nous limitons pas à la recherche d’apnées du sommeil, affection certes importante mais restreinte par rapport aux 80 pathologies du sommeil connues à l’heure actuelle! Pour mener à bien ses missions, le laboratoire du sommeil travaille en collaboration avec d’autres spécialités médicales, comme la pneumologie, l’oto-rhino-laryngologie (ORL) ou encore la neurologie.»
L'hôpital de jour
Trois structures sont en interaction constante dans le service de Psychiatrie du CHU Brugmann: les consultations, l’hospitalisation et l’hôpital de jour. «Ce dernier présente un intérêt particulier dans le cadre de programmes thérapeutiques », commente le Pr Verbanck. «Contrairement aux centres de jour, qui proposent des activités occupationnelles aux patients souffrant de troubles chroniques, la mission de notre hôpital de jour est la réadaptation des patients, c’est-à-dire leur retour à une vie la plus normale possible. Notre objectif est précisément d’éviter que leurs troubles ne deviennent chroniques. Nous les accompagnons jusqu’à six mois maximum. Si nous ne sommes pas parvenus à les aider à recouvrer leur autonomie dans ce laps de temps, nous les référonsà l’un de nos partenaires en santé mentale (institution pour hospitalisations prolongées, centre de jour…).»
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
43, juin-août 2016)