Jusqu’il y a peu, Julie Bonte était infirmière hygiéniste et… fromagère! Osiris News est allé à sa rencontre pour découvrir comment elle parvenait à concilier ses deux métiers.
«En début de semaine, je combattais les bactéries en hygiène hospitalière et en fin de
semaine, je les cultivais pour éveiller les papilles
gustatives de mes clients à la fromagerie», s’amuse Julie Bonte.
Du lundi au mercredi,
cette infirmière hygiéniste travaillait à la mise
en place de barrières destinées à éviter l’apparition d’infections liées aux soins. Dès le jeudi matin, elle troquait sa blouse d’infirmière contre un tablier
pour partager sa passion du fromage avec les clients
de son magasin de Comines-Warneton, près de Lille.
Un parcours atypique
Flashback quelques années plus tôt: Julie
Bonte termine alors ses études d’infirmière. «J’ai toujours été attirée par les soins et la
relation à l’autre», précise-t-elle.
Elle décide de partir travailler en Suisse. Un choix tout sauf anodin pour cette passionnée de la montagne. Elle restera chez les
Helvètes quatre ans et demi. C’est là qu’elle
commence à s’intéresser au fromage. «Avant
mon départ pour la Suisse, mes connaissances
en fromage se limitaient au gouda», sourit-elle. «Or, le fromage c’est tellement plus que ça!
Quand on gratte un peu, on découvre tout ce qui
se cache derrière chaque fromage: de la variété,
un formidable investissement et une réelle
passion dans le chef des producteurs, du travail, une histoire… On y trouve aussi une culture,
des traditions, un folklore, un côté festif même!» La
passion des fromagers suisses est contagieuse: Julie
Bonte part à la rencontre des producteurs pour en
apprendre davantage sur le sujet. «À leur contact, j’ai
beaucoup appris en termes de qualité des produits, de
goûts, de techniques, d’appellations…»
Une passion qui ne la quitte pas
À son retour en Belgique, Julie Bonte
débute un Master en Santé publique. En parallèle,
elle intègre le CHU Brugmann, d’abord à la Maternité, puis en gériatrie, en tant qu’infirmière en chef. Mais le désir de bouger à nouveau ne tarde pas à se faire sentir. «Après
trois ans, j’ai eu envie de passer à quelque
de complètement différent. J'avis besoin de nouveaux défis», confie-t-elle.
Fille de commerçants indépendant, Julie
Bonte a aussi la fibre entrepreneuriale. Aussi, quand un commerce est mis en vente à Comines-Warneton, sa ville d’origine, l’infirmière saute sur
l’occasion. «En faire une fromagerie s’est rapidement
imposé comme une évidence», indique-t-elle. «Ce type de commerce répondait à une demande
dans la région et, bien sûr, ce nouveau projet me rappelait ma vie en Suisse.»
«J’ai fait une pause-carrière d’un an pour lancer le
magasin. Durant cette année, j’ai suivi une formation en
fromagerie à Ostende afin de compléter ce que j’avais
appris dans les montagnes suisses. J’ai ensuite repris un
mi-temps à l’hôpital, en hygiène hospitalière. J’ai jonglé entre ces deux professions pendant plus de trois ans.»
Infirmière et fromagère, professions complémentaires ?
Jusqu’il y a peu, les semaines de travail de Julie
Bonte avoisinaient donc souvent les 80 heures! «Mais
exercer ces deux métiers m’épanouissait», raconte-telle. «Je suis allergique à la routine. Or là, le mercredi
soir marquait la fin de mon métier d’infirmière et le
jeudi matin le début de celui de fromagère. Je n’avais
jamais le temps de me lasser de l’un ou de l’autre.»
«De plus, aussi surprenant que cela puisse
paraître, ces deux professions en apparence antinomiques
se nourrissaient en fait l’une l’autre», ajoute
Julie Bonte. «Ouvrir ma fromagerie m’avait amenée à approfondir mes connaissances des germes et
levures. Et le fait d’être infirmière hygiéniste me
conférait une longueur d’avance par rapport à mes
collègues fromagers. Toutes les règles en vigueur
pour garantir la sécurité de la chaîne alimentaire me
semblaient logiques et incontournables, par exemple.»
«Enfin, en tant que soignante, j’ai peut-être aussi
un sens de l’écoute particulièrement aiguisé, ce qui était très utile dans mon métier de fromagère. Ainsi, je
parvenais généralement à deviner précisément ce que
le client allait aimer.»
Mais la fatigue a fini par pointer le bout de son nez
chez notre infirmière-fromagère. «Même si ces deux
métiers étaient des passions, je m’épuisais gentiment»,
avoue-t-elle. «J’ai donc récemment pris la décision
d’arrêter le magasin pour me consacrer entièrement à un seul emploi et pouvoir de la sorte
réapprendre à associer les termes "vie" et "privée"».
Auteur : Aude Dion
Source : Osiris News
(n°
44, septembre-novembre 2016)