>>Le cercle vicieux de l’imagerie médicale

Prof. Mieke Cannie

2014 marque un jalon en radiologie avec l’entrée en vigueur de la loi de substitution qui autorise le radiologue à sélectionner le type d’imagerie le plus efficace après évaluation de la demande clinique. Le point après 2 ans de pratique.

La campagne «Les images médicales ne sont pas des photos de vacances» a constitué un deuxième pas en faveur de la qualité dans les soins de santé. On agit parfois un peu à la légère avec les rayons X, et c’est au radiologue qu’il incombe d’exercer un contrôle en la matière. Pour synthétiser, plus de patients subissent des examens non irradiants, principalement des IRM.

Un troisième pas dans la bonne direction a été l’instauration d’un cadastre. Il devrait permettre après évaluation de différents paramètres – répartition géographique, type d’hôpital (SMUR)… – d’installer des appareils RM de façon réfléchie. Car, en effet, pour diminuer le nombre d’examens CT, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut augmenter le nombre d’appareils RM: 33 appareils RM seraient encore nécessaires, depuis 12 ont été autorisés

Et c'est alors...

… qu’est tombée la décision de supprimer les appareils RM dépourvus d’agrément… Une onde de choc s’est propagée dans le monde de la radiologie... Mais il y a eu peu de clameurs dans les médias, qui confondent généralement CT (avec rayons X) et RM (résonnance magnétique, sans rayons X) qu’ils résument à des «scanners». Et vu qu’il faut faire des économies, moins de «scanners» semble être la logique même, quand on ignore qu’il s’agit en fait de comparer des pommes et des poires!

Il n’y a pas eu de période de transition mais un arrêt brusque (3 mois) des appareils RM sans agrément. Conséquence? La RM est moins accessible et il a fallu chercher des alternatives, dont le CT. Aucune évaluation n’a été effectuée concernant les appareils CT anciens ou plus récents. Les nouveaux appareils CT low dose procurent, avec quasi la même dose d’irradiation qu’un examen RX, une manne d’informations. Le nombre d’examens CT a en effet augmenté en Belgique avec le CT low dose, mais pas la dose d’irradiation du patient!

Les autorités compétentes sont prêtes à l’avenir à délivrer des numéros RM si le nombre de CT diminue. Mais la combinaison CT low dose et moindre disponibilité des appareils IRM ne peut pas mener à une diminution du nombre d’examens CT.

Pas de baisse des indications pour la RM

Au contraire! Pour certaines indications, la RM est devenue un examen de base, par exemple pour le diagnostic de douleurs abdominale chez les patientes enceintes. Certains examens ne peuvent tout simplement pas être effectués par CT-scan, comme l'évaluation prénatale d'un fœtus avec suspicion de malformations congénitales.

Dire que les radiologues veulent maintenir ce nombre d’examens par pur appât du gain est un non-sens. Tout le monde sait que la RM est moins rentable que le CT. Des normes de qualité s’imposent non seulement pour le CT, mais aussi pour la RM.

Nous tournons donc en rond… Un cercle d’injustice pour le patient et un manque de vision. Un cercle qui freine l’évolution vers une imagerie optimale et tend dès lors involontairement vers une régression.

Auteur : Prof. Mieke Cannie, Chef du Service de Radiologie (CHU Brugmann, Bruxelles)
Source : Hospitals.be (n° 4, vol. 14, octobre-décembre 2016)